La recherche a montré que le bruit, constitué par les sons d’origine anthropique potentiellement néfastes, modifie le comportement des animaux parfois de manière importante même s'ils peuvent montrer des signes apparents d'adaptation. Comme pour les humains, le bruit entraîne du stress, une baisse du sommeil, des maladies, mais pour la faune sauvage, il perturbe également la communication, la reproduction, la détection des proies ou des prédateurs …
Une trame blanche pour favoriser le cycle biologique des animaux
La trame blanche permet de favoriser les continuités écologiques des espèces dépendantes de la communication sonore pour leur cycle de vie (reproduction, navigation de certaines espèces, territorialité, relations sociales…), notamment des oiseaux. Le bruit oblige les espèces à modifier leur comportement naturel, et a un impact sur leur santé.
Le Cerema établit une méthodologie pour construire une trame blanche dans différents contextes urbains, en s’appuyant sur la trame verte et bleue et la trame noire. Cette méthode a été expérimentée dans le contexte de parcs naturels régionaux, et doit être maintenant mise en œuvre dans un contexte urbain avec la ville de Lille.
Cette expérimentation inclut l'organisation d'une "noise party" fondée sur les sciences participatives, pour recueillir avec le public les données de bruit à l'aide de l'application NoiseCapture développée par le Cerema.
Une méthodologie en 3 étapes :
Etape 1 : Le diagnostic
La première action consiste à recueillir toute information liée à l'urbanisme, à l'environnement, à la biodiversité, au bruit et toute information utile à la prise en compte des paysages sonores.
Les seuils d’audition et de perception des sons varient d’une espèce à l’autre : il faut intégrer le spectre perçu par les différentes espèces présentes sur le territoire pour croiser ces données avec la carte du bruit et la carte de la trame verte et bleue, afin d’identifier les zones d’intérêt pour construire la trame blanche. Toutefois cette approche est insuffisante pour la trame blanche car les cartes de bruit existantes ont été exclusivement conçues pour l'humain alors que la perception du bruit et ses effets, tant du point de vue quantitatif que qualitatif varie considérablement d'un groupe d'espèce à un autre (oiseaux, insectes, chauves-souris, batraciens..).
Le diagnostic de l'état initial peut être complété en première approche par une analyse croisée des données de bruit, avec les données sur la trame verte et bleue et sur la biodiversité présente localement.
Etape 2 : Caractériser les paysages sonores
La méthode propose des indicateurs et des indices acoustiques pour caractériser les paysages sonores, en s’appuyant sur des enregistrements en continu pendant 24 heures minimum afin d’identifier et caractériser les événements sonores potentiellement dérangeants pour la faune. Différents types de paysages sonores peuvent ainsi être identifiés.
Cela permet notamment de prendre en compte le paysage sonore en tant que composante sociale, culturelle, historique pour les habitants : la trame blanche "urbaine" nécessite en effet d'intégrer la perception des paysages sonores par les habitants dans une perspective d'aménagement urbain. Dans cet objectif, l'équipe projet du Cerema comprend un responsable scientifique pour le volet science humaine et sociale des paysages sonores.
Etape 3 : Passer à l'action
La dernière étape consiste à déployer le plan d’action :
- Réalisation de la carte qui définit la trame blanche et les points de conflit.
- Définition d’un plan d’action incluant la sensibilisation des publics
- Définition d’indicateurs de suivi à long terme
- Intégrer des préconisations dans les documents de planification
- Formulation de recommandations générales à destination des gestionnaires d’espaces verts, des CAUE, des services instructeurs et des particuliers.
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