Cet article fait partie du dossier : Le Centre de Ressources pour la Réhabilitation du Bâti Ancien (CREBA)
Voir les 10 actualités liées à ce dossierLe Centre de Ressources sur la Réhabilitation responsable du Bâti Ancien s'adresse aux différents acteurs du bâtiment (maîtres d’œuvres, architectes, bureaux d’études, artisans, prescripteurs, techniciens, experts, chercheurs…), et a pour objectif de partager des ressources pour contribuer au déploiement des bonnes pratiques en matière de réhabilitation des bâtiments construits avant 1948, construits avec des techniques et des matériaux spécifiques.
Comment intervenir sur le bâti ancien à l’heure de la transition énergétique des territoires ?
C’était le thème de cette nouvelle édition annuelle du colloque du Centre de ressources pour la réhabilitation responsable du bâti ancien (CREBA), qui s’est tenue à Rouen le 17 octobre 2023, soutenue par la Région Normandie et la Métropole Rouen Normandie.
Alors que la rénovation énergétique du parc immobilier est une priorité, les échanges ont porté sur la mise en œuvre dans le bâti ancien et sur l'importance du partage de bonnes pratiques sur ces opérations.
L’architecte Philippe Prost, grand prix national de l’architecture 2022, était le grand témoin de la journée, qui a réuni plus de 180 personnes aux profils variés : architectes, bureaux d’études, maîtres d’œuvre, entreprises, collectivités, services de l’État, étudiants... "Le patrimoine est une ressource pour la conception de l'architecture contemporaine", considère Philippe Prost. Lors de ses chantiers de restauration du patrimoine, il a expliqué avoir constaté le choix efficace des matériaux, des modes de construction, et a insisté sur l'importance de la "respiration" des bâtiments anciens.
Il a rappelé la nécessité de prendre en compte le temps long dans l'architecture, ainsi que le besoin de coordonner différents acteurs et d'un "chef d'orchestre" dans les démarches de réhabilitation du bâti ancien qui sont des démarches collectives. Et si la qualité coûte plus cher en termes de travaux, elle rapporte bien davantage au territoire et "cela reste".
La réhabilitation du bâti ancien, un enjeu majeur de la transition énergétique, mais pas seulement
La rénovation énergétique du bâti ancien est à la croisée de plusieurs enjeux majeurs :
Echanges et enseignements du colloque
L’ouverture du colloque a été assurée par différents élus du territoire normand et des représentants des ministères qui soutiennent le centre de ressources CREBA :
- Catherine Morin-Dessailly, Conseillère régionale de Normandie, Sénatrice de Seine-Maritime, qui a souligné toute l’attention qu’elle portait pour le respect et la préservation du patrimoine, notamment dans le cadre de la rénovation énergétique.
- Thibaut Beauté, Conseiller Régional en charge de la rénovation énergétique du bâti durable, a rappelé à l’assemblée que le bâti ancien était "un formidable lien entre le passé et l’avenir", et toute l’importance de préserver les savoirs anciens en ayant une nouvelle approche de la réhabilitation. Le petit patrimoine bâti des communes rurales doit être préservé pour répondre aux enjeux tels que la sobriété foncière.
- Djoudé Mérabet, 1er Vice-Président de la Métropole Rouen Normandie, en charge de l’urbanisme, a souligné l’importance de rénover et améliorer le parc résidentiel existant, et rappelé que des outils existent pour accompagner les propriétaires bailleurs dans la rénovation du bâti.
- Roland Peltekian, Chef du bureau des sites patrimoniaux et du patrimoine mondial du Ministère de la Culture, a abordé l’importance des critères de diagnostics énergétiques posés dans le bâti ancien, pour que ne soient pas sous estimées leurs performances.
- Yannick Pache, Chef du bureau de la réhabilitation du parc, des évaluations économiques et de l’Outre-Mer, DGALN, Ministère de la Transition écologique, est revenu sur les réglementations européenne et nationale qui imposent une réduction massive des gaz à effet de serre (GES) et des consommations d’énergie dans le bâtiment. Un enjeu est de développer et diffuser les connaissances en matière de réhabilitation responsable du bâti ancien, à la spécificité des matériaux.
- Martin Malvy, Ancien Ministre, Président de Cites et Cités Remarquable, qui a replacé les enjeux du CREBA dans une époque plus que jamais marquée par le réchauffement climatique ; il a aussi insisté sur la nécessité à revoir le périmètre réglementaire du diagnostic de performance énergétique (DPE) pour l’adapter au bâti ancien.
- Pascal Berteaud, Directeur Général du Cerema, a quant à lui notamment souligné l’importance du CREBA, "outil clé pour relever le défi de la rénovation de nos bâtiments anciens", et félicité la dynamique d’ouverture du CREBA vers d’autres partenaires.
Andrés Litvak, coordinateur du CREBA et responsable Bâtiment au Cerema Sud-Ouest, a présenté les différentes actualités et l’aspect partenarial du CREBA, avec un nouveau partenariat tout récemment établi avec La Fondation du Patrimoine.
Le CREBA est de plus en plus sollicité par les territoires pour apporter des connaissances sur la réhabilitation du bâti ancien, signe que la compréhension des enjeux de ce bâti particulier sont davantage pris en compte.
Deux tables rondes ont permis de débattre et d’apporter des réponses sur les questions de transitions vertueuses et de gouvernance au regard des enjeux techniques, patrimoniaux et énergétiques du bâti ancien.
Une première table ronde "Transitions vertueuses et gouvernance : quels enjeux techniques, patrimoniaux et énergétiques" a réuni des politiques ayant œuvré pour la réhabilitation du bâti ancien, où les différents outils, leurs limites ainsi que les perspectives d’amélioration ont été présentées. Sabine Drexler, Sénatrice du Haut-Rhin et auteur d’un rapport parlementaire sur la question, est revenue sur ses différentes propositions telles que l’adaptation du DPE aux différentes typologies de bâti, en particulier le bâti ancien pour mieux prendre en compte ses performances réelles ; mieux prendre en compte les usages et le confort thermique d’été ou encore l’amortissement de son coût carbone. Il a aussi été rappelé que les documents d’urbanisme peuvent permettre d’encadrer les rénovations du bâti ancien.
Une seconde table ronde "Méthode et outils performants pour la réhabilitation responsable du bâti ancien" a permis de revenir sur ces sujets avec le regard technique de différents experts. Les outils pour caractériser les performances énergétiques du bâtiment anciens ont été évoqués avec exhaustivité et le regard critique des retours de terrain (audits énergétiques, système de formation...).
Le DPE a indéniablement été un des grands sujets de cette journée qui a soulevé beaucoup de questions et d’échanges entre les intervenants et l’assemblée. Cela été dit dans le public : "Le diagnostic bâtimentaire est un incontournable de la réhabilitation du bâti ancien"
Des retours d’expérience sur le territoire normand ont permis d’illustrer au travers de cas concrets ces méthodes et outils performants pour la réhabilitation responsable, en présence des acteurs des opérations. Trois opérations de typologies variées (maison individuelle, bâtiment tertiaire de bureaux, immeuble collectif de centre-ville) ont été présentées par les architectes aux commandes de ces réhabilitation, et où les filières locales mais aussi les techniques et matériaux "CREBA compatibles" ont été évoqués et débattus.
Ces retours d’expérience ont fait écho avec la visite guidée de l’Aître Saint-Maclou, site remarquable du patrimoine rouennais, qui s’est déroulée la veille du colloque en présence d’une trentaine de participants très intéressés par cette réhabilitation d’ampleur d’un bâtiment historique.
Pour clôturer cette journée, Andrés Litvak, après avoir remercié les intervenants pour la qualité des échanges et toute l’implication et l’attention de l’assemblée, a rappelé les trois piliers du CREBA qui sont "Durabilité, Soutenabilité et Beauté" et la quatrième dimension, celle du "temps long", qui pourrait être contrebalancé par l’actualité brûlante du sujet et la priorité donnée dans les financements et décisions politiques. "Les territoires apparaissent comme les acteurs centraux de la réussite de notre transition".
Les perspectives de 2024 :
- Un projet de création d’un centre de ressources pour la réhabilitation responsable du bâti contemporain (deuxième partie du XXe siècle) en partenariat avec le Ministère de la Culture, en s’inspirant de CREBA.
- En plus des clubs locaux existants à Bordeaux, Toulouse et Strasbourg, pourquoi ne pas travailler à la création d’un club local à Rouen avec les partenaires du territoire normand ?
- La reconduite du MOOC sur la réhabilitation responsable du bâti ancien, auquel plus de 9000 personnes sont inscrites en 2023. La session de 2024 est organisée du 11 mars au 22 avril 2024.
- La création d'une communauté CREBA sur la plateforme collaborative Expertises.territoires.
Le CREBA, un centre de ressources pour les acteurs du bâtiment :
Dans le dossier Le Centre de Ressources pour la Réhabilitation du Bâti Ancien (CREBA)