Cet article fait partie du dossier : Un groupe collaboratif pour réfléchir aux quartiers de demain
Voir les 13 actualités liées à ce dossierAfin d'échanger sur un temps court autour de projets d'aménagement innovants, les Cafés Croissants Quartiers (CCQ) ont été mis en place par le Cerema sous la forme de webinaires matinaux. Les trois premiers se sont déroulés en mai et juin.
Pourquoi les "CCQ"?
Fin 2020, le Cerema a mis en place un groupe collaboratif "Quartiers de Demain" (à découvrir sur IdealCo). Ce groupe s'est donné pour mission de développer une communauté avec les acteurs du monde de l'aménagement pour permettre l'émergence de nouvelles pratiques sur l'aménagement urbain pour des quartiers plus sobres, résilients et inclusifs.
Les “CCQ”, abréviation de “Cafés Croissants Quartiers” sont des événements réguliers consistant en des retours d'expériences sur des projets d'aménagement afin de voir comment ils répondent aux enjeux de demain.
Ce sont des temps de présentation par les porteurs de projets puis d’échanges très courts avec les participants de l'événement. Ils se déroulent les vendredis matins à 8h45 durant ¾ d’heure afin de libérer la suite de la journée.
Retours sur les trois premiers CCQ
Les trois premiers projets présentés en mai et juin s’inscrivent dans de nouvelles manières de faire la ville de demain, en phase avec un objectif de renouvellement de la ville sur elle-même, plus résiliente mais aussi plus sobre. La crise sanitaire a parfois permis d’accélérer certaines réflexions de collectivités et de professionnels de l’aménagement. Ces réflexions se matérialisent par des intentions de projets ou des réalisations concrètes dans les opérations d’aménagement.
L’amélioration du cadre de vie est au centre de ces projets avec toujours plus de proximité et de nature. Si chacun d’entre eux met l’accent sur le bien vivre-ensemble et la qualité de l'environnement, ils demeurent très différents par leur taille, leur environnement et leurs objectifs.
Ainsi, le Quartier du Bac à Clichy La Garenne et celui de la Maillerie à Villeneuve d’Ascq, sont tournés vers le renouvellement urbain au sein de métropoles avec une place importante accordée à la nature, aux modes doux en allant vers plus de proximité pour les habitants et les usagers. Le Quartier du Bac met particulièrement en avant des solutions proposées par rapport à la surchauffe urbaine, quand la Maillerie valorise notamment une démarche zéro déchets, vers plus d’économie circulaire.
Le projet de Saint André les Eaux dans les Côtes d’Armor s’apparente à de nouvelles manières d’investir dans le territoire avec des projets réversibles qui n’impactent pas l’environnement tout en créant du lien et du dynamisme territorial.
Quartier du Bac - Clichy la Garenne: un objectif de désenclavement et de transition écologique
Le projet du quartier du Bac à Clichy La Garenne a été présenté par Thomas Moulin de Citallios.
Il se développe sur un site de 21 ha, anciennement dédié à un gazomètre. Il propose une programmation mixte de 1000 logements, 6000 m² de bureaux, et des équipements publics (dont le groupe scolaire Gustave Eiffel). Deux programmes de bureaux sont en cours de livraison avec une forte ambition sur la qualité de l’air intérieur.
Un des objectifs du projet est de créer un quartier avec différents lieux de vie sur la rue du Bac, favorisés par la mise en place d’une zone de rencontre avec des terrasses, un marché une fois par semaine, des animations en rez-de-chaussée, etc. Les mobilités actives, l’approche santé et la place de la nature en ville sont privilégiées avec des espaces publics apaisés, un parcours sportif et une extension du réseau cyclable, protégé de la circulation par des espaces plantés.
Un des enjeux est de trouver des réponses à la problématique de la surchauffe urbaine, qui est au cœur des réflexions avec une forte présence et valorisation de la nature (îlots de fraîcheur, infiltration, désimperméabilisation, plates bandes herbacées, etc) et de l’eau (fontainerie, sculpture d’eau, etc) dans le projet.
Il est intéressant de constater que la programmation du projet, suite à la crise sanitaire, est à la fois confortée sur ces aspects d’espaces publics et de nature en ville, et en même temps re-questionnée sur le volet commercial et sur la programmation des bureaux (difficiles à commercialiser).
La place des commerces de proximité et la prise en compte des comportements alimentaires ont en effet pris de l’ampleur avec les évolutions de comportement liées à la crise sanitaire. Elles pourraient engendrer une évolution du projet. La réversibilité des espaces et du bâti aurait aussi pu être prise en compte mais aujourd’hui elle se heurte au coût trop élevé de la charge foncière.
Hameau léger à Saint André les Eaux: vers un habitat réversible
Le projet de Saint André les Eaux, qui a été présenté par Xavier Gisserot et François Allain de l’association Hameaux Légers, est né d’une rencontre entre:
- un collectif engagé avec un projet d’habitat partagé et réversible,
- des élus d’une petite commune rurale disposant d’un foncier disponible, d’un café concert à reprendre et d’une volonté écologique marquée.
Dans le cadre de la loi ALUR, ce type d’habitat peut être réalisé dans un cadre adapté. L’habitat réversible existe en effet depuis longtemps, mais il dispose désormais d’un cadre légal. L’habitat, même s’il est réversible, devient permanent (avec un bail emphytéotique). Les habitants projettent de rester mais si la vie les emmène ailleurs, ils veulent être plus libres.
Ici pour ce projet de St André-les-Eaux, le collectif souhaite proposer un habitat réversible et autonome pour l’eau et l’électricité. L’idée est d’aller vers des constructions mobilisant le plus possible les circuits courts et des matériaux biosourcés et locaux : terre, bois et paille notamment.
Le foncier est loué via un bail emphytéotique aux collectifs (5 000 euros/an). L’emprise au sol est très réduite (50m² maximum). Chaque foyer sera propriétaire de sa maison avec une accessibilité financière restreinte (10 à 30k€ en auto construction, 50 à 100k€ si la construction est confiée à un professionnel).
Hormis les aspects techniques et administratifs, le facteur humain est primordial afin d’accompagner ce collectif. Les habitants s’impliquent fortement dans le projet, ainsi que la collectivité.
Le collectif “Hameaux légers” accompagne ce type de projets dans toute la France.
Avec la crise sanitaire, de plus en plus de demandes émergent : une vingtaine de collectivités se montrent intéressées actuellement ainsi que plus de 80 collectifs. Cet engouement est lié à l'accroissement du phénomène de “Néo Ruralité” et d’une prise de conscience croissante des enjeux écologiques et sociaux liés à l’habitat. Certains écueils restent encore à lever (méconnaissance de la loi ALUR par rapport aux résidences démontables donc difficulté d’instruction des autorisations, forme d’appréhension, difficulté d’accès aux prêts bancaires et aux assurances) ou à démystifier (représentations négatives de ce type d’habitat assimilé à fragile, précaire, voire “militant”).
Les prochains CCQ dès le 10 septembre
Les premières rencontres ont montré que le format retenu ainsi que le contenu des échanges permettent aux porteurs de projets et aux membres du groupeCo d’identifier des personnes ressources et d’échanger sur des solutions concrètes autour de la ville de demain.
Le Cerema et le groupeCo Quartiers de Demain commencent à identifier des projets qui semblent intéressants à partager pour les prochaines sessions.
Rendez-vous à la rentrée et n’hésitez pas à nous rejoindre sur le groupe collaboratif et/ou à nous contacter si vous souhaitez témoigner.
Contacts cerema
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