Le Sustainable Mobility Forum a eu lieu le 25 mars. Organisé par le HUB Institute, il a permis d'aborder les enjeux et les solutions pour développer des solutions de mobilité durable dans les territoires.
Le Cerema propose un retour sur les principaux constats et leviers d'action présentés lors du forum en matière d'évolution de la mobilité et de place de la mobilité durable.
développement des transports en commun et du vélo, transformation des modes plus polluants: un soutien de l'Etat
En introduction, Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des transports, a exposé sa vision des enjeux de la mobilité de demain : "Les mutations vont se poursuivre et nous devons les anticiper plutôt que les subir, les anticiper pour mieux les accompagner (…). La mobilité est un moyen de s’intégrer dans la société, de s’émanciper (...). Nous réussirons la transition par plus de complémentarité entre les modes de transport, plus d’intermodalité. C’est une voie qui consiste à croire au progrès, croire en l’innovation, croire en notre capacité de transformer les modes qui polluent le plus et à développer ceux qui polluent le moins".
Il est revenu sur les différentes actions du gouvernement en faveur de la transition écologique dans le domaine de la mobilité :
-
Développer les transports en commun et les modes actifs, avec 1 milliard d’euros du plan de relance dédiés aux transports en commun (réfection de RER en Ile-de-France, lancement d’études sur des RER métropolitains, appel à projets en faveur des projets de transports collectifs en site propre ouvert jusqu’au 30 avril…), des investissements conséquents dans les infrastructures cyclables et services associés (ex : stationnement vélo sécurisé en gare) pour tripler la part modale d’ici 2024 et renforcer la sécurité de cette pratique,
-
Transformer les transports routiers, avec l’électrification (mesures incitatives comme les aides à l’achat, la prime à la conversion, ou le déploiement de bornes de recharges…) et le recours à l’hydrogène dont il estime qu’il faut développer la production et massifier les usages.
Tendances et enjeux de mobilité dans le contexte de la crise sanitaire
L’OCDE souligne que la crise sanitaire s’est accompagnée d’un recours massif au télétravail, avec cependant des différences assez marquées selon le type et la structure de productivité des territoires.
Dans les grandes métropoles des différents pays de l’OCDE, plus de la moitié des emplois sont éligibles au télétravail, ce qui n’est pas le cas dans les territoires moins denses. Il est donc nécessaire de tenir compte de cette hétérogénéité des villes et des territoires.
La pandémie a permis de redécouvrir la proximité et a mis en avant l’accessibilité plus que la mobilité. Si les villes moyennes présentent des opportunités telles que la qualité du cadre de vie, elles ont de nombreux défis à relever pour maintenir des services et de l’emploi, améliorer leur attractivité pour les entreprises, développer des infrastructures et des réseaux performants…
L’Union internationale des transports publics (UITP) est revenue sur la diminution forte du taux de fréquentation des transports en commun. Alors que certaines villes des Etats-Unis ont subi un impact très fort (30 % de la fréquentation d'avant crise), certaines villes européennes enregistrent une fréquentation équivalant à la moitié de la fréquentation habituelle, voire parviennent à retrouver la fréquentation initiale (Dijon). Le secteur des transports publics doit à la fois consolider son financement et regagner la confiance des usagers.
Des collectivités investies avec les opérateurs vers des mobilités durables
Les collectivités sont investies aux côtés des opérateurs et des développeurs de solutions, pour concevoir et aménager de nouvelles infrastructures pour les modes actifs et les transports collectifs, et se tourner vers des énergies plus "vertes".
Pour accélérer cette transition écologique, elles mettent en place différents dispositifs pour encourager le recours aux modes actifs ou aux transports en commun. La métropole Nice-Cote-d’Azur investit dans le développement de nouvelles lignes de tramway et des pistes cyclables, souhaite généraliser le 30 km/h en ville et propose des aides pour favoriser l’achat de véhicules électriques.
La métropole de Rennes mise en priorité sur le vélo, avec le développement de services (location longue durée de VAE, d'une maison du vélo), la mise en place d’un réseau express vélo et la sécurisation des aménagements.
Le maire de la ville de Reims a évoqué le déploiement de quatre lignes BHNS, ou encore la pérennisation des pistes cyclables déployées lors du premier confinement, tout en limitant l’étalement urbain.
La ville de Marseille quant à elle souhaite redonner sa place au piéton, avec des aménagements plus adaptés et connectés aux offres de TC, et aussi en libérant les trottoirs, en organisant des dimanches sans voiture... Face à l’obligation d’instaurer une zone à faibles émissions (ZFE), il est nécessaire de proposer d’autres alternatives au véhicule particulier : doubler l’offre de TC, développer et sécuriser les aménagements cyclables.
Raisonner à l’échelle du bassin de vie et mieux connecter les différentes offres de mobilité font aussi partie des pistes évoquées. Le président du conseil départemental de l’Essonne a mis en avant les enjeux d’un meilleur maillage du réseau de transports collectifs, connecté aux infrastructures cyclables et facilement accessibles pour les piétons, et la possibilité de développer des arrêts de bus express sur autoroutes.
Agir sur les infrastructures et sur les services sont des leviers majeurs pour transformer les pratiques de mobilité, mais la journée a aussi mis en évidence l’importance de mieux connaître les pratiques de mobilité et d’informer l’usager avec informations accessibles et fiables, ce qui rejoint les enjeux du MaaS (Mobility as a Service).
Keolis et Kisio ont présenté les perspectives offertes par l’exploitation des données GPS, qui permettent par exemple d’évaluer l’attractivité d’une station de métro, ou d’obtenir des données sur des périodes courtes pour mieux cerner des changements "rapides" dans les pratiques de mobilité des usagers (avec la crise sanitaire, les habitudes ont changé en quelques jours à peine).
Pour la directrice générale Voyageurs SNCF, l’usager a besoin d’avoir accès facilement aux informations sur les différentes offres, et de pouvoir les comparer et combiner.
Des éclairages venant d’experts internationaux, des témoignages de collectivités telles que Rome, Bruxelles ou Montréal, ou encore d’entreprises ou de starts-up développant des solutions de mobilité "propres" et connectées sont venus enrichir le panel des initiatives engagées.
Développer les innovations pour l'accessibilité, L’aménagement pour les modes actifs et L’intermodalité
Marion Ailloud, Responsable du secteur Espace public et voirie urbaine au Cerema a ensuite partagé la vision de l'établissement public des enjeux et met en avant des initiatives qui renforcent l’attractivité de ces modes de déplacements.
En matière d’accessibilité de la voirie et des espaces publics, le Cerema a pointé l’importance de la prise en considération des usages, qui dépasse la simple application de la réglementation. Des méthodes de diagnostic innovantes réalisées au plus près des usagers pour obtenir des informations qualitatives ont été développées. L’objectif est de tenir compte de leur diversité, à travers des parcours commentés avec certains profils d’usager.
Des initiatives en matière d’aménagement ont été présentées : traversées piétonnes tactiles, balises sonores sur les chantiers en ville, arrêts de bus avec plateformes modulaires permettant l’accessibilité.
Enfin, les perspectives offertes par le développement du numérique ont été soulignées : ces technologies vont permettre de collecter les données d’accessibilité et de les mettre à disposition des usagers.
Le développement des modes actifs, en particulier le vélo mais aussi la marche, a fortement marqué cette année 2020 et favorisé une nouvelle vision de l’aménagement des espaces publics, plus centrée sur ces modes actifs.
Pour poursuivre cette dynamique, le Cerema considère qu’il est nécessaire de déployer des infrastructures cyclables capacitaires et inclusives, y compris sur des axes plutôt "routiers", et de déployer des services vélos performants et sécurisés.
Concernant la marche, la dynamique se traduit par l’extension des zones à priorité piétonne, ou encore des actions ponctuelles visant à rendre certaines voies plus "marchables" : élargissement de trottoirs, etc.
Différentes pistes concernant l’attractivité des transports en commun ont été proposées:
-
Mieux gérer les interfaces entre les différents modes (notamment TC et modes actifs),
-
Optimiser les réseaux de bus par de "légers" aménagements (arrêts, signalisation, gestion des priorités aux feux)
-
Aménager en faveur de l’intermodalité : arrêts TC sur autoroutes, hubs ruraux proposant différents services connectés…
DES OFFRES DE SERVICE POUR ACCOMPAGNER LES STRATÉGIES DE MOBILITÉ DES COLLECTIVITÉS
Le Cerema, expert en matière de mobilité et de mise en oeuvre des politiques publiques, a conçu plusieurs offres de services pour accompagner les collectivités, ainsi qu'une formation pour construire sa politique cyclable.
Des guides à télécharger pour aménager en faveur de la mobilité durable
Une série de guides et des fiches ont été publiés par le Cerema pour fournir des ressources méthodologiques, présenter de bonnes pratiques, des analyses, des éléments techniques...