Une étude sur la prévention des déchets
Les quantités de déchets produites lors d'une inondation représentent parfois l'équivalent de plusieurs années de collecte et de traitement pour les collectivités en charge de gérer les déchets.
De plus, si ces déchets post-catastrophe naturelle sont entreposés ou traités dans de mauvaises conditions, ils peuvent entraîner des risques sanitaires et environnementaux majeurs.
La maîtrise de ces enjeux amène les collectivités en charge de la gestion des déchets à se préparer très en amont à la gestion post-crise.
Dans cette perspective, la Direction départementale des Territoires du Puy-de-Dôme (DDT63) a mandaté le Cerema pour la réalisation d'une étude sur la prévention et la gestion des déchets post-inondation sur le Territoire à Risque Important (TRI) d'inondation de Clermont-Ferrand et Riom (Clermont Auvergne Métropole et la communauté d'agglomération de Riom Limagne et Volcans).
Cette initiative s'inscrit dans le cadre de leurs Stratégies Locales de Gestion du Risques Inondation (SLGRI) et Programmes d'Actions de Prévention des Inondations (PAPI) respectifs, qui concernent 28 communes au total.
Etat des lieux et identification des acteurs
Cette étude reprend la démarche méthodologique en deux étapes décrite dans le guide "Prévention et gestion des déchets issus de catastrophes naturelles. Démarche opérationnelle et fiches d'application".
L'état des lieux a porté sur trois volets principaux :
1. Identification des situations de crise
L'étude ne s'intéresse qu'aux inondations par débordement de cours d'eau, et exclut en particulier les phénomènes de ruissellement. Elle porte sur les huit cours d'eau et leurs affluents identifiés dans la cartographie du risque inondation du TRI de Clermont-Ferrand - Riom de 2014, à savoir l'Artière, les Tiretaines (nors et sud), le Bédat, le Rif, le Mirabel, l'Ambène et le Sardon.
Les crues associées à ces cours d'eau sont à cinétique rapide, elles sont donc particulièrement imprévisibles et soudaines.
Lors de l'élaboration de la cartographie en 2014, trois scénarios de crue ont été étudiés:
- La crue fréquente (crue de période de retour de 30 ans modélisée)
- La crue d'occurrence moyenne (crue de période de retour de 100 ans modélisée)
- La crue exceptionnelle (crue de période de retour de 1000 ans modélisée).
2. Qualification et quantification des déchets post-inondation
La qualification et la quantification des déchets sont établies par croisement des données cartographiques relatives à l'aléa inondation (cartographie des hauteurs d'eau) avec des données associées aux enjeux (type d'occupation du sol, données socio-économiques, fichiers fonciers).
La typologie des déchets générés dépend principalement du type d'occupation des sols (zones d'habitat, zones industrielles, zones commerciales, infrastructures de transport, zones agricoles, parcs et jardins, forêts). Pour les zones commerciales, elle dépend également des types d'activités impactées par l'inondation.
L'étude s'est limitée à la quantification de 9 types de déchets:
- Déchets d'ameublement,
- Déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE),
- Déchets dangereux,
- Déchets des activités de soin,
- Déchets en mélange,
- Déchets du BTP,
- Déchets verts,
- Véhicules hors d'usage (VHU),
- Cadavres d'animaux.
Cette quantification des déchets s'est appuyée sur plusieurs méthodes selon le type d'occupation des sols:
- Pour les zones d'habitat: méthode MéCaDePI (CEPRI, 2013),
- Pour les autres types d'occupation des sols : application de ratios à des surfaces inondées.
3. Identification des sites potentiels d'entreposage intermédiaires
Cette phase de l'étude consiste à identifier des zones du territoire susceptibles d'accueillir les sites d'entreposage intermédiaire des déchets post-catastrophe. Ces sites sont essentiels dans la gestion post-crise: ils permettent d'éviter la dispersion des déchets dans l'environnement, d'optimiser la gestion des déchets en grande quantité en facilitant le retour à la normale dans les meilleurs délais.
Enfin, ils permettent de limiter l'apparition ou la propagation de risques sanitaires et environnementaux liés à une gestion et un stockage non maîtrisés.
La méthodologie d'identification des sites potentiels d'entreposage comprend 5 étapes (Figure 1).
A l'issue du traitement cartographique réalisé sous SIG (Système d'Information Géographique), une carte des zones préférentielles est établie à partir d'une analyse multi-critères, tenant compte des contraintes techniques (topographie des terrains à, des contraintes d'urbanisation, des enjeux sanitaires (périmètre de protection AEP) et environnementaux, etc.
A noter que deux niveaux de sites sont mis en place:
Niveau 1: Sites d'entreposage au plus proche de la zone de production des déchets post-inondation, pour évacuer au plus vite les déchets générés et les regrouper par catégories (déchets dangereux, bois et déchets verst, meubles, DEEE et autres déchets non dangereux en mélange).
Niveau 2 : Sites non accessibles aux particuliers, mis en place pour regrouper les déchets en provenance de sites de niveau 1 ou d'autres aires de dépose, pour massifier, trier et conditionner les déchets avant leur expédition vers les filières de valorisation ou d'élimination finales.
Identification des acteurs et préparation des interventions post-crise
Cette étape de l'étude qui a débuté mi 2019, a consisté à associer les différents acteurs jouant un rôle essentiel lors de la gestion post-crise (notamment les collectivités locales, les acteurs économiques, les entreprises mandatées pour la gestion des déchets, les associations de riverains, les gestionnaires de réseaux d'infrastructures).
Ce travail a été mené en concertation avec tous ces acteurs, pour définir les actions de prévention, l'organisation et le fonctionnement des sites d'entreposage intermédiaires, les moyens humains et matériaux à mettre en oeuvre, ainsi que le rôle des différents acteurs et le préparation de leurs interventions en situation post-crise.