28 novembre 2024
Service express régional sur autoroute
Cerema
Le Cerema a réalisé une étude pour analyser les perspectives de déploiement de lignes de cars à haut niveau de service dans les territoires. L’étude porte sur l’analyse de lignes des réseaux de transport collectif de la région Auvergne-Rhône-Alpes, en particulier dans l’aire grenobloise, de la région Occitanie autour de Montpellier et de Toulouse, et de la région Sud, essentiellement la métropole d’Aix-Marseille.

Le développement de lignes de cars à haut niveau de service, ou "express", peut être une solution pertinente, complémentaire aux services ferroviaires et aux services de covoiturage, pour desservir les territoires périurbains, notamment autour des grandes métropoles. Ces lignes de cars participent à améliorer l’accessibilité des territoires et des métropoles, et présentent notamment l’avantage d’une mise en œuvre à court terme et d’une évolution flexible. 

 

hiérarchiser les réseaux pour rendre visible les lignes de cars express

cars de la ligne Hop ! 303
Cars de la ligne Hop ! 303 à Toulouse

Le Cerema a réalisé une étude pour analyser les perspectives de déploiement de lignes de cars à haut niveau de service dans les territoire. L’étude porte sur l’analyse de lignes des réseaux de transport collectif de la région Auvergne-Rhône-Alpes, en particulier dans l’aire grenobloise, de la région Occitanie, principalement autour de Montpellier, de Toulouse et de la région Sud dans la métropole d’Aix-Marseille. 

Une première analyse des réseaux de transport collectif a permis d’appréhender la question de la hiérarchisation des réseaux : pas de hiérarchisation du réseau, hiérarchisation du réseau en cours, hiérarchisation existante mais dont la cohérence est à améliorer, etc. la hiérarchisation d’un réseau permet en effet de mettre en avant les lignes à haut niveau de service.

 

Les leviers pour atteindre le "haut niveau de service"

Sur chacun de ces territoires, des lignes, présentant un niveau de service supérieur à celui des autres lignes du réseau, ont été analysées. Les lignes sélectionnées présentent les caractéristiques suivantes :

  • ligne en rabattement vers le centre d’une métropole 
  • ligne située sur des radiales autoroutières
  • longueur de ligne généralement comprise entre 25 et 50 km environ ; 
  • fréquence généralement inférieure à 20 min durant l’heure de pointe ;
  • au moins 10-15 courses quotidiennes en semaine.

Ces lignes présentent toutefois des caractéristiques distinctes, en termes de fréquence (jusqu’à 5min à l’heure de pointe), de vitesse commerciale, d’amplitude horaire de fonctionnement (certaines lignes ne fonctionnent pas en heures creuses), de temps de parcours comparé à la voiture, mais aussi de fréquentation ou de coûts.

L’étude propose ensuite une définition des critères de qualification du "haut niveau de service" appliquée aux cars, et identifie les leviers à mettre en œuvre pour atteindre ce niveau de service. Ces leviers concernent l’aménagement de la voirie et infrastructure, les modalités d'exploitation de la ligne, et le matériel roulant.

 

tableau des critères et leviers pour atteindre un "haut niveau de service"

 

Les territoires peuvent mobiliser différents leviers pour améliorer le niveau de service de leurs lignes de cars, notamment :

  • le déploiement d'arrêts de cars à haut niveau de service sur autoroute,
  • l'amélioration de la régularité du service,
  • l'information en temps réel et le confort d'usage
  • une tarification "à la distance" en cohérence avec le ferroviaire.

La notion de ligne de cars "à haut niveau de service" est exigeante et concentre beaucoup d’objectifs de performance à respecter. Il existe donc peu de lignes en service ou en projet qui respectent l’ensemble de ces critères, et cette étude n’a pas vocation à recenser ces lignes au niveau national. En revanche, certaines lignes de cars présentent un niveau de service que l’on peut qualifier de "renforcé" par rapport au reste du réseau. Plusieurs de ces lignes, qui répondent à certains objectifs de "haut niveau de service", ont été analysées dans le cadre de cette étude. Elles peuvent répondre à des terminologies diverses selon les territoires ("haut niveau de service", "express", "cadencée", ou autre…). Les appellations commerciales (notamment "express ") sont par ailleurs parfois sans lien direct avec le niveau de service proposé.

 

Quelles perspectives de déploiement Des cars express ? 

Des entretiens menés fin 2023, avec les AOM locales et régionales des territoires sus-cités (Hérault Transports, le métropole Aix-Marseille-Provence, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, la Région Occitanie, la Région Sud, le Syndicat Mixte des Mobilités de l’Aire Grenobloise) ont également permis d’identifier l’état des lieux et les perspectives de déploiement de lignes de cars à haut niveau de service dans les réseaux. Les ambitions de mise en œuvre de ce type de lignes sont différentes selon les territoires, et les perspectives d’évolution des réseaux de transport collectif peut répondre à d’autres objectifs, tels que l’amélioration de la desserte de zones peu maillées. 

Par exemple, la métropole d'Aix-Marseille est déjà depuis quelques années dans une démarche de développement de lignes de cars à haut niveau de service (réseau express métropolitain) pour relier les gros générateurs (gares, aéroports...) et les principales polarités du territoire, et améliorer l'accessibilité du territoire. Le Syndicat Mixte des Mobilités de l'Agglomération Grenobloise étudie également le déploiement de lignes de cars à haut niveau de service, notamment pour desservir la 2e couronne du territoire, en complément des lignes organisées jusque récemment par la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

La promulgation de la loi relative aux Services Express Régionaux et Métropolitains fin 2023 pourrait accélérer l’élaboration de stratégies multimodales régionales et la mise en œuvre de lignes de cars « à haut niveau de service » dans l'ensemble des territoires.  

Et les pôles d’échanges des SERM ? Un nouveau trait d’union entre urbain et périurbain, routier et ferroviaire ?

Arrêt de bus sur autoroute - B. Daval - Cerema

L’émergence, dans de nombreuses Métropoles françaises, d’un travail partenarial entre les Régions, les Métropoles et l’Etat autour de l’organisation de Services Express Régionaux, mettra aussi nécessairement en exergue le rôle clé des PEM pour leurs territoires, leur diversité d’enjeux et de formes. 

Basées à la fois sur un choc d’offre ferroviaire pour les mobilités quotidiennes de longue distance, mais aussi sur une gamme plus large de nouveaux "produits" à développer (lignes de Cars et de covoiturage Express), les SERM nécessiteront en effet une réflexion particulière sur l’organisation de l’intermodalité sur l’ensemble du bassin de déplacements desservi :  

  • Adapter l’intermodalité des gares existantes pour pouvoir absorber la croissance du trafic, (offrir des possibilités de rabattement aux usagers plus lointains qui puissent s’insérer correctement dans leur environnement urbain, plus ou moins dense selon les cas : hiérarchisation des modes de rabattement, maitrise des impacts sur le stationnement, adaptation des gares routières, valorisation du vélo et de la marche…) 
  • Développer les formes de PEM "routiers" pour bien couvrir le territoire périphérique plus éloigné, et faire rayonner plus pleinement encore l’effet de "choc d’offre" ferroviaire, au bénéfice de territoires qui n’ont aujourd’hui que très peu d’offre (par des PEM ruraux, des PEM sur autoroutes pour accéder facilement aux Cars Express, des PEM plus "serviciels" dans les centre-bourgs en revitalisation…). Exemples : Réseau Express Métropolitain de la Métropole d’Aix Marseille Provence (lignes de Cars Express et maillage complet de PEM), axes multimodaux de l’A10 en Essonne (Vinci Autoroutes) ou de l’A48 en Isère autour de Grenoble (APRR), projets ATMB en cours, pôles d’échanges autoroutiers de Toulon Ste Musse sur l’A47 ou de Strasbourg sur l’A51, PEM routier de Gignac...

Par la gamme plus élargie de nouvelles formes de connexions qu’ils peuvent offrir entre offres ferroviaires et nouvelles offres routières plus adaptées aux territoires excentrés, les PEM entrent donc dans une nouvelle ère d’extension de leur développement, après les premiers PDU, autour notamment des SERM. 

Ils renforceront, à cette occasion et dans la continuité de la LOM, le rôle de "cheffe de file" des Régions dans l’organisation d’une intermodalité forte et plus complète pour les territoires (plus multimodale et non contenue aux cœurs des grandes agglomérations). Mais il nécessiteront aussi des partenariats financiers à imaginer entre les différents acteurs (AOM, collectivités…), pour pouvoir adapter et développer des PEM efficaces et valorisants pour leurs territoires. Les typologies de PEM peuvent structurer les réflexions, partenariats, et outils opérationnels entre acteurs, à l’instar de celles qu’ont pu développer l’Ile de France sur les RER depuis les années 2000 (Ile de France Mobilités), la Métropole d’Aix Marseille Provence, ou encore Grand Paris Seine Ouest autour de l’extension du RER E à l’Ouest.