10 janvier 2022
Paysage des Monts du Lyonnais, vue depuis un village médiéval en hauteur
C.R - Cerema
Le Cerema a mené avec l’Association des maires de France une enquête sur la perception qu’ont les élus des paysages. L’objectif était d’identifier leurs besoins en termes d’outils et de diffusion des connaissances, aussi bien théoriques qu’opérationnelles pour alimenter le futur plan national concernant le cadre de vie et l’aménagement du territoire.

Cette enquête qui comprenait une série de 12 questions a été réalisée au cours de l’été 2021 à la demande de Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, par le CGEDD, le Cerema et l’Association des Maires de France (AMF) avec le soutien de l’Agence Nationale de Cohésion des Territoires (ANCT). Elle a obtenu 1400 réponses exploitables au questionnaire qui a été élaboré collectivement.

Les élus qui ont répondu à cette première enquête autour de la notion de paysage et des besoins de développement des connaissances dans ce domaine, étaient représentatifs des différents types de communes françaises : urbaines, rurales ou péri-urbaines.

 

Un attachement au paysage et au cadre de vie

Les résultats permettront d’enrichir les réflexions autour du futur plan national du ministère en charge de l’environnement sur le cadre de vie et l’aménagement qualitatif du territoire, et identifier les outils pertinents pour diffuser la connaissance sur les enjeux paysagers. 

Il apparaît tout d’abord que les élus locaux sont attachés au concept de paysage et au cadre de vie : pour 65% d’entre eux, le paysage est associé à un "cadre de vie agréable", pour 35% % à la "campagne" ou l’ "espace rural", pour 34% à "la végétation". 

31% des répondants associent le paysage à la "préservation du patrimoine" et 30% aux "liens entre l’homme et la nature ou la biodiversité".

En revanche, la "contrainte", les aspects liés aux "énergies renouvelables", aux enjeux de "concertation et participation citoyenne", de "santé et de bien-être" sont peu associés à la notion de paysage (respectivement 3, 5 et 6% des répondants). On relève aussi que 11% l’associent au concept de "projet de territoire".

réponses aux concepts associés à la notion de paysage

 

Quels sont les défis à relever et quels outils développer ?

Vue du Rhone et des berges à Lyon
Lyon - Cerema

Plusieurs questions portaient sur les défis auxquels les élus seront confrontés dans les prochaines années de mandat, et les réponses montrent que l’urbanisme, aussi bien au niveau de la planification qu’au niveau opérationnel, est la première préoccupation pour la moitié des répondants. Les documents d'urbanisme et de planification sont aussi les leviers d’action cités en premier lieu par les dimensions paysagères qu’ils comportent, tout comme les chartes de parcs naturels régionaux. 

Juste après, l’évolution de l’espace et des activités agricoles est cité dans 29% des réponses au questionnaire (et par un tiers des élus de territoires ruraux). 
Les défis liés à l’énergie et au climat ont été cités par un peu plus d’un quart des élus. En matière de gestion des infrastructures de mobilité et de transport également on observe une différence rural/urbain : elle est citée comme un enjeu important par 58% des élus urbains mais seulement par 19% des élus des territoires ruraux.

Environ la moitié des élus des espaces urbains se montrent intéressés par les enjeux d’agriculture urbaine, contre 20% des élus des espaces ruraux ou périurbains.

Des aspects plus "paysagers" tels que la trame verte et bleue, le traitement des limites entre le bâti et la campagne, ou la gestion des alignements d’arbres sont peu cités (entre 12 et 8 % des répondants). De fait, les outils d’action à dimension plus paysagère sont moins cités bien que les OAP, les Orientations d’Aménagement et de Programmation thématiques sur le paysage soient mentionnés par 33% des répondants (principalement des élus de territoires urbains), et le plan paysage par 23 %.

La transition écologique apparaît comme une opportunité pour agir en faveur de l’amélioration du paysage pour 75% des élus, et même 90% des élus des espaces urbains.

C’est au niveau local (communal pour 73 % des répondants, de l’EPCI pour 55% puis du bassin de vie pour 48%) que les élus jugent le plus pertinent d’agir en matière de paysage.
 

Les sources d’information et le besoin de formation

Belvédère à Bozouls, promenade en hauteur au bord de la ville ancienne
Crédit : Mairie de Bouzouls

En termes de sources par lesquelles les élus développent leurs connaissances relatives à cette notion de "paysage", il apparaît que près de 9 répondants, aussi bien urbains que ruraux sur 10 comptent sur leur "connaissance personnelle" du territoire, et près de la moitié se fondent sur les témoignages recueillis autour d’eux dans la population.

26% des élus urbains considèrent que leur connaissance des paysages de leur territoire est due aux travaux menés par des professionnels du paysage, contre 11% seulement des élus ruraux et 15% des élus périurbains. D’une manière générale, les sources plus académiques ou pédagogiques sur les caractéristiques du paysage sont peu mentionnées.

S’ils doivent solliciter des compétences pour répondre à des défis liés au paysage, la moitié de ces élus cite les services et agences de l’État et leurs paysagistes-conseil, les Conseils d’architecture d’urbanisme et d’environnement (CAUE) comme principales ressources avec leurs propres services techniques.

Quatre élus sur cinq disent ressentir un besoin de formation pour renforcer leurs connaissances et leurs compétences en matière d’appréhension et de gestion des paysages. Pour cela, les élus retiennent deux formules qui leur conviennent particulièrement :

  • les "visites personnalisées de territoires" avec l’accompagnement d’un professionnel sont plébiscitées par 49% des répondants,
  • les "parcours collectifs sur le terrain" avec des exercices didactiques comme la lecture du paysage, le croisement des regards, sont mentionnés dans 45% des réponses.
  • L’émulation par des visites d’autres territoires engagés par ces démarches est aussi un vecteur intéressant pour 40% des répondants.

A la question des thématiques sur lesquelles les élus souhaiteraient être formés, celles qui arrivent en tête sont :

  • Les paysages et le patrimoine aussi bien bâti que naturel et culturel sont mentionnés par 52 % des élus.
  • Les paysages et la biodiversité (45% des réponses)
  • Les paysages, l’agriculture et la forêt (43% des réponses)
     

Le rapport

 

Un plan de formation à destination des élus qui s'appuiera sur les résultats de cette enquête sera étudié par le CGEDD en 2022.