Velo-city est une rencontre annuelle incontournable du vélo à l’échelle internationale. La première édition de ce congrès a eu lieu en 1980. Chaque année, un riche programme de conférences intègre plusieurs plénières avec des figures marquantes du vélo, de nombreux ateliers thématiques "à la carte", et des temps d’échanges plus informels pour enrichir les liens entre professionnels. Les visites de sites et les visites techniques prévues lors de l’événement sont aussi l'occasion d'en savoir plus sur l'histoire et les politiques cyclables de la ville hôte.
Le Cerema présent dans une table ronde sur la vélorue
Cette année, Velo-city 2023 a rassemblé près de 1 400 participants dont 300 intervenants, venus de plus de 60 pays différents. Autorités nationales et leurs opérateurs, collectivités, secteur privé, secteur associatif avec une forte mobilisation des associations d’usagers : des partenaires très diversifiés étaient représentés pour faire part de leur retour d’expérience concernant l’ensemble des facettes du système vélo.
Quand est-ce qu’une vélorue peut fonctionner ? C’est la question fondamentale à laquelle se proposaient de répondre plusieurs spécialistes des aménagements cyclables, dont le Cerema, lors d’une table-ronde transnationale intitulée "Beyond national horizons: When do bicycle streets work?"
Imaginée par le Cycling Knowledge Europe, un réseau de réflexion européen sur la conception des aménagements cyclables, animée par le "Fietsberaad" flamant, l’organisme prescripteur de recommandations des Flandres, cette table ronde faisait témoigner en parallèle :
- 2 organismes prescripteurs de recommandations : le Deutshes Institut für Urbanistik (DIFU, Allemagne) pour l’Allemagne, le Cerema (France) ;
- 5 villes ayant réalisé des vélorues : Bordeaux (France), Brême (Allemagne), Kortrijk (Belgique), Münster (Allemagne), Varberg (Suède).
gauche à droite : Belgique, Allemagne, Suède
Ces échanges et débats transnationaux ont mis en évidence certains points de convergence, mais également des visions différentes de la vélorue, tant dans la manière de définir les règles de circulation spécifique à la vélorue, que dans la manière de la mettre en œuvre en matière d’aménagement.
Voici quelques points saillants qui ressortent des présentations et échanges de la table-ronde :
- L’existence de recommandations nationales facilite la proposition de vélorues par les bureaux d’études et leur mise en œuvre par les aménageurs.
- Les préconisations allemandes et françaises sont relativement convergentes notamment en recommandant les démarches suivantes :
- Suppression du trafic de transit,
- Sélection de tronçons aux ratios vélos-voitures importants, et aux géométries éligibles,
- Gestion des intersections en donnant la priorité à la vélorue (exemple des trottoirs traversants en France, et de l’utilisation des pavés en Allemagne),
- Communication accrue pour une meilleure appropriation de la vélorue
- La mise en œuvre d’une vélorue ne doit pas être perçue comme une opération a minima. Les différents retours d’expérience mettent en effet en évidence que les réalisations réussies s’accompagnent le plus souvent de mesures offrant un haut niveau de service aux cyclistes sur le tracé des vélorues : lisibilité et visibilité dans les carrefours (beaucoup d’aménageurs ont recours à de la couleur, par adjonction de peinture ou utilisation de matériaux teintés dans la masse, avec pour objectif d’améliorer l’identification de la vélorue), confort de roulement, priorité aux carrefours, prise en compte adéquate des piétons, etc. Certaines vélorues constituent de véritables projets de requalification d’espace public.
- La question de la gestion du stationnement motorisé sur les axes éligibles pour devenir des vélorues est déterminante.
- La pertinence d’interdire ou non le dépassement des vélos par les véhicules motorisés dans les vélorues est une question qui semble loin d’être tranchée (voir encadré dédié à la zone cyclable belge).
Zoom sur la vélorue belge
(Source : Ville de Kortrijk)
Après avoir inscrit dans sa réglementation l’objet vélorue, la Belgique a remplacé cette objet par la "zone cyclable", dans laquelle le dépassement des cyclistes par les véhicules motorisés est proscrit :
Extrait du code de la route belge : "Dans les zones cyclables, le cycliste peut utiliser toute la largeur de la chaussée lorsqu’elle n’est ouverte qu’à son sens de circulation et la moitié de la largeur située du côté droit lorsqu’elle est ouverte aux deux sens de circulation. Toute zone cyclable est accessible aux véhicules à moteur. Ils ne peuvent toutefois pas dépasser les cyclistes. La vitesse ne peut jamais y être supérieure à 30 km/h."
A noter qu’à ce jour les recommandations du Cerema ne se sont pas prononcées en faveur d’une interdiction de dépasser dans les vélorues. En revanche ces recommandations prévoient que la géométrie de la chaussée et le trafic motorisé circulant sur celle-ci ne conduisent qu’à de rares dépassements de cyclistes par les véhicules motorisés, réalisés en respectant la distance latérale réglementaire, soit 1 mètre en agglomération.
Cette approche est également retenue dans plusieurs autres pays européens, dont l’Allemagne et les Pays-Bas.
Ces échanges croisés permettent d’enrichir les connaissances sur ce type d’aménagement et de disposer de retours d’expérience de certains pays ou certaines villes les plus avancés sur ce sujet. Ces enseignements alimenteront une prochaine publication du Cerema sur les vélorues. En attendant, il est possible de consulter en les premières recommandations du Cerema, et revoir le "Rendez-vous Mobilités" dédié à la vélorue, intégrant des témoignages de collectivités.