14 février 2020
Vie Ville durable
Laurent LALOGE
A l'occasion des 10 ans du plan Ville Durable, un séminaire sur le thème "Habiter la ville de demain" a été organisé les 5 et 6 février. A cette occasion, les priorités pour les prochaines années ont été annoncées par le gouvernement. Le Cerema, partenaire du plan Ville durable, a contribué à plusieurs ateliers, sur l'activité productive en ville, l'urbanisme favorable à la santé, l'adaptation au changement climatique...

logo Habiter la ville de demainLe Cerema est un partenaire essentiel du Plan Ville Durable aux cotés des Ministères de la transition écologique et solidaire, et de la Cohésion des Territoires. Les 05 et 06 février derniers un séminaire sur le thème "Habiter la ville de demain" était organisé pour les 10 ans de ce plan, au cours duquel les priorités pour la ville de demain ont été annoncées par la secrétaire d'Etat Emmanuelle Wargon et le ministre Julien Denormandie. 

La première journée était organisée autour d'une matinée de visites et d'une après midi en plénière avec une table ronde. Emmanuelle Wargon, Secrétaire d'État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire et Julien Denormandie, ministre en charge de la Ville, étaient présents pour soutenir la démarche et rappeler l'objectif de villes neutres en carbone à l'horizon 2050.

L'occasion de remettre les prix de la septième année de labellisation EcoQuartier, mais aussi d'annoncer les suites du Plan Ville Durable et de mettre en avant les priorités sur la ville durable :

  • faire la ville avec les habitants,
  • rendre la ville désirable et solidaire,
  • réinventer de nouvelles manière de vivre pour des territoires plus économes en ressources et plus résilients.
Intervention de Julien Denormandie
Intervention de Julien Denormandie - Crédit: France Ville Durable

La question du zéro artificialisation nette a également été largement évoquée. Enfin le Ministre a annoncé 20 millions d'euros pour 100 quartiers fertiles dans le cadre de l'appel à projet de l'ANRU, ainsi que la création de l'association France Ville Durable ont été annoncés.

L'appel à projets "Quartiers fertiles" de l'ANRU, auquel le Cerema contribuera en tant qu'expert, porte sur l'agriculture urbaine et s'adresse aux collectivités qui mènent un Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU) et à des opérateurs partenaires. Il vise à favoriser le développement de l'agriculture urbaine, à travers des projets qui accompagnent la structuration de filières locales et associent de manière étroite les habitants en s’inscrivant dans une logique productive.

 

Lors de la seconde journée consacrée aux échanges entre collectivités, partenaires et Ministères, le Cerema a co-organisé, animé ou est intervenu dans plusieurs ateliers : activités productives en ville, urbanisme favorable à la santé, arbre en ville, patrimoine et revitalisation, adaptation aux changements climatiques, désimperméabilisation des sols.

L'occasion de faire valoir les travaux du Cerema et sa mobilisation aux cotés des territoires et des deux ministères. Ces sujets abordés lors du séminaire et les annonces du gouvernement font largement écho au positionnement du Cerema de ces dernières années avec des enjeux réactualisés pour une ville et des territoires plus solidaires et plus sobres.

 

Atelier sur l'urbanisme favorable à la santé

Vue des immeubles d'un nouveau quartier à boulogne avec un grand espace vert devant
Quartier du Trapèze à Boulogne-Billancourt - Arnaud Bouissou - TERRA

L’atelier, co-animé par le Cerema et la Direction de l'Habitat, de l'Urbanisme et des Paysages (DHUP), proposait de développer la notion d’urbanisme favorable à la santé. Cette approche met en avant l’importance du cadre de vie dans l’état de santé des populations.

Cet atelier a permis de présenter plusieurs approches:

  • la Direction Générale de la Santé et l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique ont introduit et développé cette notion en lien avec l’aménagement opérationnel (via l’outil ISADORA -Intégration de la Santé dans les Opération d'Aménagement- bientôt disponible),
  • l’ADEME Ile de France a mis en avant l’appel à manifestation d’intérêt de l’ADEME en Ile de France sur ce sujet et les différents retours d’expériences issus de cet AMI,
  • la maire de la ville de Volonne a abordé la manière dont l’EcoQuartier de la ville de Volonne, mettait en oeuvre concrètement le concept d’urbanisme favorable à la santé.

Les échanges ont porté sur l’importance du contexte et des acteurs du territoire (dont les Agences Régionales de santé), sur les différents points à prendre en compte pour qu’un aménagement urbain soit favorable à la santé: mixité sociale et fonctionnelle, qualité de l’espace public, nature en ville, agriculture urbaine, prises en compte des nuisances…

Des notions très proches de celles dores et déjà intégrées dans les démarches d'EcoQuartiers. La prise en compte de la santé est donc un argument de plus pour proposer des aménagements durables.

L’atelier étaient également l’occasion de rappeler les travaux du Cerema sur certains enjeux sanitaires (bruit, qualité de l’air et rayonnement électromagnétique) et sur la nature en ville.

 

Atelier sur la place des activités productives en ville

vue de tubes dans un atelierLa ville productive se dessine aujourd’hui autour des nouveaux modes de consommation, des nouveaux circuits de distribution et de la mutation des activités économiques qui s’implantent en ville (fablabs, industrie du futur, artisanat et circuits courts).

Ces activités sont tournées vers la production (industrielle, artisanale, agro-alimentaire) et se développent sur les territoires urbains denses. L’atelier a permis d'aborder plusieurs modalités d’intégration à travers les stratégies de revitalisation urbaine des collectivités, le rôle de l’action foncière et les circuits courts dans le déploiement d’une alimentation durable.

Le Cerema pilote plusieurs démarches nationales et territoriales afin d'aider les collectivités à cerner les enjeux de la ville productive et les leviers d'action pertinents en fonction des contextes territoriaux : en Pays de la Loire, le Cerema ouest a animé des ateliers pour la DREAL sur la localisation des activités de production ou de service dans la ville et le bourg, notamment en termes d'enjeux pour les collectivités et les entreprises ; au niveau national, le Cerema conduit un projet de recherche-action pour l'Institut CDC pour la Recherche et le PUCA sur les conditions de maintien et de développement des activités productives dans les agglomérations.

L'atelier du 6 février a permis de soulever plusieurs questions à l'occasion des interventions de la Sogaris, de la SEM d'aménagement de l'agglomération stéphanoise, CAP Métropole, et du Cerema Hauts-de-France :

  • Comment accueillir des activités logistiques compte tenu des  nuisances sonores occasionnées ?
  • Quelles sont les capacités des collectivités territoriales pour redynamiser leur territoire avec des activités industrielles et artisanales ?
  • Quelle capacité des pouvoir publics à orienter vers une consommation locale face à la pression financière exercée par les acteurs de la grande distribution et à la croissance du commerce en ligne ?

 

Logo de LogicoutAu cours de cet atelier, l'application Logicoût, développée à travers un partenariat auquel le Cerema a contribué, a été présentée: elle permet aux producteurs qui livrent en circuit court de calculer au plus près le coût de leurs déplacement ainsi que son impact en termes d'émissions de CO2.

Logicout est disponible en ligne et simple d'utilisation:

 

L'appli Logicoût

 

Les coûts logistiques et de transport sont généralement mal évalués par les producteurs. Une étude menée en 2018 dans le cadre du projet Olico-Seine, à l'origine de l'application, a montré que 50 % des agriculteurs n’ont pas calculé leurs coûts logistiques. Or, ces coûts représentent en moyenne 23% du chiffre d’affaires.

 

Les autres ateliers...

L'arbre en ville

Les solutions fondées sur la nature sont un levier essentiel de l'adaptation des villes au changement climatique. Pour les 10 prochaines années, il ne peut pas exister de ville durable sans arbres durables.

article sur le site de la ville de metzLe statut de l'arbre se modifie, longtemps considéré comme simple décor, il s'étoffe aujourd'hui d'une utilité sociale protectrice contre les effets déjà à l’œuvre du changement climatique.

Les participants à l'atelier ont découvert le projet SESAME (Services ÉcoSystémiques rendus par les Arbres Modulés selon l'Essence), résultat d'un partenariat avec la ville de Metz et la Métropole de Metz. SESAME  permet de passer  d’une  approche  quantitative (nombre d’arbres à planter) à une approche qualitative de l’arbre en ville (bien planter)

Au cours de l'atelier sur l'arbre en ville, le Cerema a présenté à travers un serious game "Planter sans se planter " cet outil qui permet de sélectionner les arbres et arbustes à planter en ville, en fonction des enjeux en termes d'adaptation au changement climatique, des services écosystémiques attendus, et des caractéristiques de ces arbres.

Au cours de l'atelier, les participants se sont mis "dans la peau" d’une espèce d’arbre.

Arbres et terrasse de café rue Garibaldi à Lyon
Rue Garibaldi à Lyon- Cerema

Dans des conditions favorables de développement, tous les végétaux ne sont pas égaux entre eux : la morphologie de l’arbre, la structure de son houppier, de ses feuilles de ses racines, son écologie ou son aspect le rendent intéressant vis-à-vis de certains services (régulation de la qualité de l’air et du climat local, support de biodiversité, esthétique), mais pas tous.

De plus, en fonction de l’essence plantée, l’arbre en ville peut avoir des impacts négatifs ou présenter des contraintes qu’il faut connaître. Pour un aménagement fictif de place publique, un vote a permis de prioriser les services rendus et les contraintes en gardant des espèces favorables à l’accueil de la biodiversité. A partir de 60 "participants-arbres" au départ, la sélection s’est opérée !

Actuellement conçu pour le contexte de l'est de la France, SESAME sera adapté à d'autres configurations suivant les collaborations qui seront menées autour de ce projet.

Patrimoine et revitalisation

Alors que les enjeux patrimoniaux sont souvent perçus comme un frein aux projets de revitalisation des centres-villes et centres-bourgs, des solutions ont été mises en oeuvre. 

Trois exemples ont été présentés au cours de cet atelier, qui a permis également d'aborder les aspects opérationnels.

  • présentation lors de l'atelieraprès un court reportage "Ervy-le-Châtel : du patrimoine au développement économique" M. Roger Bataille, maire d’Ervy-le-Châtel (10) et vice-président de l’association "Petites cités de caractère" a présenté la démarche de revitalisation de sa commune fondée sur ses qualités patrimoniales et avec comme fil rouge le vitrail et le lien avec les habitants ;

  • Marion Serre, architecte, a évoqué la recherche-action réalisée à Briançon (05) dans le cadre de POPSU territoires porté par le PUCA selon deux angles : le tiers foncier et les ateliers participatifs qui ont conduit à un projet de tiers-lieu (cf. diaporama) ;

  • Christophe Charlery, architecte des bâtiments de France et responsable de l’unité départementale de l‘architecture et du patrimoine (UDAP) des Vosges a présenté les différentes approches suivies en matière de revitalisation à Saint-Dié-des-Vosges (démarche nationale d’ateliers des territoires villes patrimoniales, …) mais aussi dans les centres-bourgs.

Les intervenants ont mis en évidence différents points au cours des échanges, tels que l'importance de l'implication des habitants dans les projets, notamment pour leur expertise sur le territoire, ou l'intérêt de préserver le patrimoine et le paysage dans le contexte de transformation des territoires et de rénovation urbaine.

 

Désimperméabilisation des sols et renaturation

serre dans les jardins de Saint Ouen
Jardins de Saint-Ouen - Arnaud Bouissou - TERRA

Désimperméabiliser les sols et renaturer la ville permet de répondre  à plusieurs enjeux : biodiversité, qualité du cadre de vie, lutte contre les îlots de chaleur urbains, gestion des eaux pluviales...

Cet atelier a porté sur les aspects pratiques de cette démarche: identifier les espaces qu’il est pertinent de désimperméabiliser /renaturer, les méthodes, l'articulation avec l’enjeu de lutte contre l’artificialisation des sols...

Le Cerema présenté une mission menée auprès de la Communauté d’agglomération du Grand Narbonne pour développer une méthode permettant d'intégrer les enjeux liés au repérage des zones à désimperméabiliser dans le schéma de cohérence territoriale (SCoT).

Le Schéma départemental d'aménagement et de gestion de l'eau (SDAGE) Rhône-Méditerranée 2016-2021 prévoit : d' "éviter, réduire et compenser l’impact des nouvelles surfaces imperméabilisées", pour que les collectivités intègrent dans leurs documents d'urbanisme la désimperméabilisation des sols à hauteur de 150 % des zones nouvellement urbanisées.

 

Face aux différents enjeux liés au changement climatique et à la perte de biodiversité couplés à une forte demande de nature en ville, la désimperméabilisation des sols et la renaturation font partie des alternatives pour la ville de demain.

extrait de la BD sur les superpouvoris des sols
Estrait de la BD sur les "superpouvoirs" des sols.

Cet atelier avait pour objectif de présenter plusieurs volets de cette thématique en passant par la définition des termes, l’articulation avec l’objectif de "zéro artificialisation nette", les espaces (e.g. zones denses, friches urbaines/périurbaines) et les acteurs concernés (e.g. collectivités, chercheurs, aménageurs), les méthodes, les outils ainsi que les techniques existantes et à mobiliser afin de mener à bien les projets de désimperméabilisation/renaturation.

Le Cerema capitalise plusieurs initiatives dans ce domaine notamment à travers la réalisation d’une étude visant à apporter des solutions pour le repérage des zones à désimperméabiliser dans le schéma de cohérence territoriale de la communauté d’agglomération du Grand Narbonne et une étude qui débute sur l’identification du potentiel de renaturation de l’aire urbaine parisienne pour le compte de la DRIEA-UD 92.

Par ailleurs, le Cerema est moteur pour l’organisation et l’animation d’évènements liés à cette thématique (i.e. journée technique du 8 octobre 2019 intitulée "Des solutions pour la ville de demain: vers une renaturation des sols » organisée à la Défense et réunissant de nombreux acteurs) ainsi que la réalisation et la diffusion de supports de communication en lien avec la désimperméabilisation et la renaturation (e.g. BD intitulée "Les supers pouvoirs de sols" , fiches «retour d’expérience » dans différentes villes françaises).