Cet article fait partie du dossier : Projet MUSE : intégrer la multifonctionnalité des sols dans les documents d'urbanisme
Voir les 6 actualités liées à ce dossierCet échange avait pour objectif de réunir différents acteurs intervenants dans le domaine des sols et des documents d’urbanisme ; ceci afin de débuter un processus de construction visant à s’assurer que la méthode construite dans le cadre du projet MUSE soit proche des préoccupations et des besoins des collectivités et puisse être mise en œuvre.
Ce travail vient compléter un premier atelier conduit en septembre avec les chambres d’agriculture, autres acteurs du domaine.
Les besoins des collectivités pour améliorer la prise en compte de la qualité des sols dans leurs PLUi
Amenés à s’exprimer par différentes méthodes collaboratives, les participants ont exprimé des préoccupations récurrentes tout au long de la journée. Celles-ci donnent à voir les multiples définitions que chacun donne à la qualité des sols.
Cette perception des sols dans le document d'urbanisme, et plus particulièrement le plan local d'urbanisme à l'échelle intercommunale (PLUi), reste encore très centrée sur les thématiques de l’alimentation et de l’agriculture, ainsi que de la limitation de l’étalement urbain...
Comment limiter les zones à urbaniser en extension ?
Comment permettre l’installation et le maintien d’exploitations agricoles ?
Comment densifier quand le foncier semble illimité et que cette densification ne semble pas correspondre à la demande des habitants ?
...même si les questions de la protection des zones humides, de la préservation de la ressource en eau et de l’imperméabilisation apparaissent dans les échanges.
Une sensibilisation massive nécessaire pour « inverser le regard »
Par la méthode du « photolangage », les participants ont été amenés à s’exprimer sur les besoins actuels des collectivités, mais également les initiatives déjà lancées pour favoriser la préservation de la qualité des sols dans les documents d’urbanisme.
Une prise de conscience semble s’être opérée sur la valeur des espaces naturels, souvent considérés comme des éléments culturels sur lesquels les élus se rejoignent (parmi les exemples cités : la Vallée de l’Indre, considérée comme d’une grande valeur par la présence de ses zones humides.)
Cette prise de conscience peut provenir d’une sensibilisation aux coûts liés, à l’impact du projet sur la biodiversité et à la mise en œuvre de mesures compensatoires dans l’évaluation environnementale des PLU(i).
Mais il subsiste des freins liés à la manière de concevoir les projets de territoire, pour lesquels des outils pédagogiques seraient à construire afin:
-
d’inverser le regard dans la construction du projet, en partant des espaces cultivés et naturels à préserver, notamment lorsqu’aucune barrière géographique ne limite l’urbanisation en extension,
-
de trouver des formes urbaines qui permettent de densifier tout en répondant aux attentes des habitants venant s’installer dans le milieu rural :
« la demande en logement est à 95 % sur l’individuel, le collectif ne se produit pas, les promoteurs ne s’y risquent pas, car cela ne se vend pas ! » ;
- de sortir de l’idée fausse que la consommation d’espace peut encore apporter de la population.
- d’accompagner les mutations agricoles : le nombre d’exploitations agricoles diminue, et les besoins changent (moins d’élevage, abandon des fermes à l’intérieur des villages, besoin d’accompagner les circuits courts...)
Mais le PLU(i) est un exercice contraint financièrement et temporellement. Les bureaux d’études sont encore peu outillés pour à la fois adapter le document aux enjeux spécifiques du territoire et aborder des thématiques nécessitant des compétences pointues à articuler avec de nombreuses autres (énergie, paysage…).
Les collectivités présentes regrettent que le technicien assembleur du PLU(i) ait « parfois du mal à recoller tout ce qui est fait sur le territoire en matière d’expertise ». Cela est d’autant plus vrai dans les grosses collectivités, où les rôles de chargés de mission sont thématisés et sectorisés.
Pourquoi protéger le sol ? Comment intégrer ses « utilités » dans le document d’urbanisme ?
Les participants de la journée ont pu s’exprimer lors d’un temps de travail sur les fonctions relatives au sol, et étudier la manière dont celles-ci peuvent être mises en valeur dans le PLU(i).
L’illustration ci-après présente les différentes fonctions auxquelles les participants ont pensé ; ce schéma est le résultat brut des échanges, et ne reflète pas les préoccupations des collectivités de manière exhaustive.
Les participants ont ensuite travaillé sur les éléments permettant la préservation de certaines de ces fonctions tels que l’alimentation, l’habitat pour la biodiversité des sols, le support de vie humaine, dans les PLUi. La carte mentale suivante est un exemple de résultat obtenu dans cette séquence et là encore ne montre pas l'exhaustivité des possibilités offertes dans la démarche de documents d'urbanisme tels que les PLUi pour favoriser la fonction traitée (en l'occurrence, l'alimentation).
La journée a réuni un représentant de Parc Naturel Régional (PNR), deux agglomérations, l'association Terres en Ville, l'Institut Régional de Développement Durable de Normandie (IRD2), l’État (DHUP), et des membres du groupement de recherche (Chambre d'agriculture de l'Indre, BRGM, IRSTV-IFSTTAR, Université Aix Marseille, Cerema).
Dans le dossier Projet MUSE : intégrer la multifonctionnalité des sols dans les documents d'urbanisme