Repenser les espaces publics de tous grâce au design actif
Cet article a été publié par notre partenaire TechniCités.
Le design actif peut être défini comme une approche d’aménagement de l’espace public qui cherche à encourager les citoyens à adopter des comportements actifs en intégrant des éléments favorisant la marche, le vélo, et l’exercice physique. Cela implique non seulement d’aménager des zones de sport ou des parcours santé, mais aussi de repenser la ville dans son ensemble pour la rendre plus accessible à tous, plus inclusive, et propice à la mobilité douce.
Aménager les parcours pour tous publics
Le Cerema souligne l’importance du design actif dans les projets d’aménagement. Cette approche permet de favoriser l’accessibilité, la mixité des usages, et même de valoriser le patrimoine existant. Elle participe aussi à la sobriété et à la frugalité des aménagements urbains, répondant ainsi aux préoccupations contemporaines liées à la transition écologique et à la gestion durable des espaces publics.
Un parcours urbain, selon le design actif, doit être conçu pour :
Le design actif peut revitaliser les espaces publics et les villes sans nécessiter de rénovations complètes. Il s'inscrit dans un projet urbain, en se concentrant sur le jalonnement de points d'intérêt et sur la création de parcours continus, alternant micro-interventions et réaménagements ponctuels.
Le Cerema a d'ailleurs publié un essentiel à ce sujet que vous pouvez retrouver ci-dessous :
Tester les espaces avec les usagers
Impliquer les usagers dans les projets d’aménagement est souvent un défi. Comment les habitants s’approprient-ils les espaces et comment les mobiliser durant les phases de projet ? Les initiatives de design actif sur l’espace public offrent une belle opportunité d’engagement. En utilisant des actions temporaires et événementielles, on peut encourager les usagers à participer à la concertation. Ces projets permettent de tester des aménagements et d’anticiper des usages futurs.
Les abords des écoles représentent une occasion idéale pour impliquer non seulement les enfants, mais aussi les parents et d'autres acteurs comme les enseignants et les riverains. La renaturation des cours d’école peut également susciter une réflexion collective sur les espaces environnants. Un projet de rue scolaire peut redéfinir les mobilités au niveau du quartier, en prenant en compte la circulation, le stationnement et l’écomobilité.
Associer les différents acteurs dès le début des projets favorise leur pertinence et répond à plusieurs enjeux : améliorer les espaces autour des écoles, favoriser la rencontre tout en garantissant la sécurité, intégrer de la végétation et du mobilier adapté dans des espaces réduits, et gérer les conflits de stationnement. Par ailleurs, l’expérimentation et les ajustements sont souvent nécessaires pour impliquer davantage les usagers, leur permettant de participer activement et de suivre l’évolution des projets. La collectivité devrait collaborer avec des spécialistes, comme les assistants à maîtrise d’usage, pour mieux intégrer les citoyens dans le processus.
Des questions se posent également sur la gestion à long terme des projets après les expérimentations. À Grenoble, par exemple, le service participation fournit des outils aux autres services pour faciliter la création de marquages au sol et d’ateliers. Les solutions trouvées lors des premiers tests profitent ainsi à tous.
Aménagement transitoires ludiques
Le design actif peut servir de méthode de projet pour concevoir des aménagements transitoires, ludiques et engageants. Ces initiatives permettent de préfigurer des projets urbains à l’échelle d’un îlot, d’un quartier ou d’une collectivité. Elles répondent à des questions clés, telles que : comment recueillir les besoins des usagers, quels publics impliquer dans la conception, et comment assurer l'appropriation d'un projet sur le long terme ?
L'utilisation des "temps cachés" en aménagement urbain est bénéfique, car elle permet de dynamiser un espace en attendant des travaux définitifs. Cela offre aux riverains l'occasion de s'approprier le lieu et d'expérimenter des usages. Ces périodes facilitent la concertation et la co-construction des projets. À travers diverses expérimentations, il est possible d’animer l’espace public et de tester des matériaux ou dispositifs avant leur mise en œuvre à grande échelle.
Le design actif représente ainsi une approche innovante pour aménager l’espace public, tout en respectant les principes fondamentaux. Il est impératif que les collectivités et leurs partenaires gardent à l'esprit que cette démarche est exploratoire et ouverte à diverses expérimentations, sans négliger les réglementations en matière d’accessibilité et de sécurité. Et ainsi, ce processus permet de fédérer des acteurs variés et d'élargir les possibilités de conception et de réalisation dans l'espace public.
Un projet de redéfinition de l'espace public : l'agence Vraiment Vraiment
L'agence de design Vraiment Vraiment se distingue par son engagement envers des projets d'urbanisme tactique, une démarche qui vise à réutiliser temporairement des espaces publics souvent réservés à la circulation automobile. En intégrant des principes de sobriété et de pérennité, l'agence cherche à provoquer un changement de comportement durable au sein des collectivités. Son approche ne se limite pas uniquement à l'esthétique des espaces, mais englobe également des considérations essentielles telles que la santé, la mobilité et le bien-être des citoyens.
Vraiment Vraiment collabore étroitement avec divers services de la collectivité, soulignant l'importance d'une approche multidisciplinaire pour aborder les enjeux urbains contemporains. L'implication des usagers est au cœur de leur stratégie, comme le démontre leur projet à Lille, où ils sensibilisent les jeunes à la fragilité des équipements urbains. Ce type d'engagement communautaire est crucial pour créer un sentiment d'appropriation des espaces publics et encourager une utilisation respectueuse et responsable.
À travers des initiatives innovantes telles que le projet Cham’eau, Vraiment Vraiment s'efforce d'activer l'espace public pour favoriser la sociabilité et l'interaction entre les citoyens. Ces projets ne se contentent pas de réaménager des lieux, mais visent également à créer des environnements où les relations humaines peuvent s'épanouir. L'agence contribue ainsi à redéfinir les normes de l'espace public, en cherchant des solutions qui répondent véritablement aux besoins des habitants.
Enfin, Vraiment Vraiment travaille sur l’activation, soit la manière dont le public s’approprie le dispositif, et comment celui-ci vit. Il s’agit d’ "activer" l’usage en créant des événements ou des usages récurrents. Il ne suffit pas d’attendre que les gens l’utilisent ! "L’enjeu, c’est l’espace public comme lieu de sociabilité, de convivialité, de mixité, et de refuge, notamment pour le rafraîchissement. Avec Paris habitat, nous travaillons sur le projet Cham’eau, un dispositif de pulvérisateurs d’eau géré par les associations de quartier, placé sur le trajet de l’école" explique Joséphine Combe, designer dans l’agence de design d’intérêt général Vraiment Vraiment.
Par Anne Vial, directrice de projets appui aux territoires et aménagement durable, et Cédric Boussuge, directeur de projets mobilités piétonnes et espaces publics - Cerema.