28 août 2024
Vue d'une rue du village médiéval de Pérouges
Le Centre de Ressources sur la Réhabilitation du Bâti Ancien (CREBA) s'adresse aux professionnels de réhabilitation du bâti ancien. L'objectif est de leur fournir les ressources et outils pour assurer des opérations intégrant la dimension énergétique aussi bien que les dimensions patrimoniale et technique. Des retours d'expérience complets ont été mis en ligne pour mettre en avant les bonnes pratiques.

Logo du CREBALe CREBA est un centre de ressources partenarial, soutenu par le programme PACTE (Programme d'Action pour la qualité de la Construction et la Transition Energétique) et lancé en 2016.

Il s’adresse aux professionnels du bâtiment (maîtres d’œuvres, architectes, bureaux d’études, artisans, prescripteurs, techniciens, experts, chercheurs, …) et aux acteurs des projets de réhabilitation, de rénovation énergétique ou de restauration d’un bâtiment ancien.

L'objectif est partager les bonnes pratiques et les méthodes de réhabilitation du bâti ancien, et de contribuer à la montée en compétences des professionnels.

Outre des ressources (réglementaires, méthodologiques...), le CREBA propose un outil d'aide à la décision qui permet de comparer des solutions de réhabilitation du point de vue technique, patrimonial et énergétique, de repérer les points de vigilance et de préparer des bouquets de travaux responsables.

 

Outil d'aide à la décision

 

Des retours d'expériences sont mis en ligne, pour expliquer les éléments de contexte et le diagnostic avant travaux, le projet de réhabilitation, les étapes des travaux, et présenter un bilan de chaque opération. En voici certains:

 

Une réhabilitation conforme aux dispositions du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur à Bayonne

Crédit : Nobatek (qui a réalisé le diagnostic)

Un immeuble di XIXe comprenant un commerce et des logements, situé dans un centre ancien en site patrimonial remarquable doté d’un plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV). Le bâtiment a été inoccupé pendant 15 ans et n'était pas isolé, mais avait un bon état général. Le rez-de-chaussée n'a pas été intégré dans l'opération, les huit logements des étages ont quant à eux été transformés en logements sociaux à loyers modérés.

Le diagnostic a notamment montré que l'orientation nord-est d'un côté, sud-ouest de l'autre impliquait différents comportements thermiques, et que la moitié des déperditions sont entraînées par les infiltrations d'air surtout par certains murs. Le bâtiment dispose d'une verrière au-dessus de la cage d'escalier centrale, qui apporte de la chaleur dans la journée et en fait perdre la nuit.

La réhabilitation dont le maître d'ouvrage était Soliha Pays basque, visait à améliorer la performance énergétique et le confort des occupants (y compris en termes d'accessibilité), tout en intégrant des matériaux et produits durables compatibles avec le bâti ancien. La fiche CREBA présente l'ensemble de la démarche.

Une analyse multicrtières et une série d'études (tests thermographiques et d'infiltrométrie, suivi du comportement thermique dynamique du bâtiment sur une semaine, simulations...) ont permis de définir les solutions techniques pour les aspects thermiques, et de retenir l'option de chaudières gaz individuelles basse température dans chaque logement. Les questions d'étanchéité, des murs, des planchers, des menuiseries des fenêtres, ont constitué une problématique importante du chantier. Les interventions sur le bâti et le bilan de l'opération sont présentés dans la fiche.

 

Une éco-réhabilitation patrimoniale pour abriter la Maison du Parc des Alpilles

Vue du batiment réhabilité (2 étages) et de l'extension a coté (cube blanc de 2 étages)
Bâtiment réhabilité avec l'extension - Crédit :  Hiberatlas

La Maison du Parc naturel des Alpilles dans les Bouches-du-Rhône est située en centre-ville dans une habitation bourgeoise du XVIIIe siècle en pierre calcaire et à valeur patrimoniale, réhabilitée avec ajout d'une extension de style contemporain. Le diagnostic avant travaux a montré un bâtiment sain bien qu'en mauvais état et non isolé.

Un travail a été mené avec l'équipe de maîtrise d'ouvrage pour valoriser les nombreux éléments patrimoniaux présents, en lien avec l'architecte des Bâtiments de France, dans le cadre d'une démarche d'éco-réhabilitation et de la démarche "Bâtiment Tertiaire Réhabilité". La fiche présente les acteurs, les étapes du projet de réhabilitation et le bilan après travaux, notamment sur le plan des consommations d'énergie.

D'importants travaux d'isolation des murs et des planchers ont été réalisés. Le mode de chauffage retenu est une chaufferie bois à haut rendement. Les salles de réunion sont équipées d’une centrale de traitement d’air (CTA) double-flux avec récupérateur de chaleur, ce qui permet de réchauffer l’air neuf entrant. Les autres locaux sont équipés d’une ventilation simple-flux, et un système de surventilation nocturne a été mis en place grâce à la présence d’un puits de lumière entre le bâtiment existant et l’extension. 

Les eaux de pluie sont récupérées dans une citerne qui permet d''arroser le jardin pédagogique.

Le bâtiment a obtenu le label Effinergie Rénovation. le principal poste de consommation d'énergie est l'éclairage qui représente 56%.

 

La réhabilitation d'une ancienne ferme dans l'Yonne

Facade sud de la ferme avant réhabilitation
Façade sud de la ferme avant réhabilitation - CREBA

Cette ferme du début du XIXe siècle était rendue inhabitable en raison de l'humidité. Pour concilier les aspects patrimoniaux et énergétiques, le maître d’ouvrage (le propriétaire du bâtiment) a décidé de privilégier autant que possible les isolants biosourcés et locaux tout en bannissant les matériaux non adaptés au bâti ancien (ciment, laine minérale, PVC, etc.).

L'objectif de la réhabilitation était aussi de supprimer l'humidité au rez-de-chaussée et de rendre le bâtiment plus économe en énergie, tout en préservant son caractère patrimonial.

La fiche présente le détail des travaux : abords de la maison, structure, traitement de l'humidité, isolation des murs et des combles, menuiseries, aménagement de l'étage, chauffage et eau chaude sanitaire, ventilation...

La consommation énergétique conventionnelle après travaux a été calculée à partir d’un logiciel réglementaire pour le diagnostic de performance énergétique (DPE), et la maison obtient une étiquette-énergie de classe B, ce qui est très encourageant.

 

Réhabilitation énergétique d'une maison en pierre du XVIIIe siècle dans l'Indre

Vue de la maison avec une allée couverte au premier étage, après réhabilitation
Façade nord après la réhabilitation - CREBA

Cette opération a fait partie de l'expérimentation "Patrimoine Basse Consommation" du parc naturel régional de la Brenne, visant à améliorer les performances énergétiques de bâtiments patrimoniaux. Le bâtiment en pierre calcaire était inhabitable et a été réhabilité en trois logements sociaux, avec l'utilisation de matériaux biosourcés.

Différents tests ont été réalisés au niveau des performances énergétiques du bâtiment, notamment sur les déperditions thermiques, et une simulation thermique dynamique a été effectuée pour évaluer les consommations énergétiques liées au chauffage et à l'eau chaude sanitaire.

Beaucoup d'éléments ont du être changés, comme les planchers, les tomettes qui soutenaient les planchers, la toiture en tuiles, les menuiseries.

Le projet a été mené par la commune et le Parc naturel régional. La réhabilitation de cette maison a permis à tous les acteurs de monter en compétences sur l’utilisation de matériaux encore peu utilisés à l’époque en 2013, tels que les enduits chaux-chanvre, la laine de chanvre, la paille et la laine de bois. L'expérimentation a aussi permis une prise de conscience par les entreprises de l'intérêt d'employer des matériaux biosourcés.

Des cahiers de recommandations sur la rénovation énergétique de l'habitat ancien en Région Centre-Val de Loire ont été produits par le Cerema et le parc naturel régional de la Brenne:

 

Une papeterie transformée en médiathèque dans le Tarn-et-Garonne

Vue extérieure d'une façade latérale entièrement vitrée.
Vue extérieure d'une façade latérale entièrement vitrée.

Une ancienne papeterie en briques de terre cuite d'une surface de 1000 m² a été réhabilitée en lieu de vie. Si les menuiseries en bois étaient abîmées et ont dû être changées, les murs étaient sains et aucun problème d'humidité n'a été constaté. 

Le caractère architectural des bâtiments a été conservé. Le projet était composé de trois volets: 

  • La réhabilitation d’un ancien bâtiment pour servir de médiathèque, de cyberbase et de ludothèque, et des systèmes coulissant ont ainsi été mis en place pour séparer les différents espaces tout en restant facilement modulables. Un bassin a été aménagé à l'arrière, alimenté par l'eau du canal qui passe à côté.
  • La réhabilitation d’un ancien bâtiment de la papeterie pour servir de salle d’exposition 
  • La construction d’un bâtiment permettant de relier les deux, qui sert d’accueil et de point info jeunesse.

Trois générateurs de chauffage permettent de réchauffer l’eau circulant dans les radiateurs et le plancher chauffant : une pompe à chaleur, un concentrateur solaire et une chaudière gaz, et la ventilation est assurée par deux centrales de traitement d’air (CTA) double flux.

 

Une grange seigneuriale devenue un logement performant dans l'Oise

Création des ouvertures en façade est
Création des ouvertures en façade est (source : Guillaume Algrave)

Une ancienne grange à foin du XVIIe siècle qui n'avait jamais changé d'utilisation, a été réhabilitée en logement. Le bâtiment, qui avait encore une charpente en partie en bon état mais une façade à colombage très dégradée, était inhabitable.

L'objectif du maître d'ouvrage, un particulier accompagné par Maisons Paysannes de France, était de réhabiliter ce bâti ancien au centre d'un village, en utilisant des matériaux locaux et biosourcés et en préservant l'aspect patrimonial. Le chantier a duré de 2010 à 2016. Le soubassement de pierre et une très grande partie du pan de bois ont été nettoyés et réparés, de même que la totalité du torchis qui était en mauvais état, et une façade a été reconstruite à l'identique.

Les murs ont ensuite été isolés par l’intérieur avec 20 cm de laine de chanvre en rouleau sur ossature bois, avec finition à l’enduit terre (contenant de l’argile) sur cloison en lattis serré (lattes de châtaignier). Des ouvertures ont été créées car la grange d'origine n'avait pas de fenêtres.

Après réhabilitation, la consommation d'énergie du bâtiment se rapproche des standards "Bâtiment basse Consommation". 

 

Réhabilitation d'un immeuble en logements à loyers modérés en Seine-Maritime

La façade donnant sur la place après réhabilitation: boiseries rouges au rez-de chaussée, briques blanches
La façade donnant sur la place après la réhabilitation - Creba

A Dieppe, un immeuble en brique tendre du XVIIIe siècle situé en secteur protégé et de requalification urbaine en centre-ville a été rénové et réhabilité en logements à loyers modérés.

Il a fallu changer la couverture, les lucarnes, les menuiseries, l'escalier intérieur, une partie des parquets, mais la structure porteuse, malgré des pathologies ponctuelles, ne menaçait pas la stabilité des façades.

Le maître d'ouvrage et le maître d'œuvre avaient une expérience de la réhabilitation du bâti ancien et de ses problématiques, notamment liées à l'hygrothermie. Ils ont privilégié les matériaux biosourcés.

Quatre logements ont été créés, un par étage, et une extension a été créée pour permettre l'accès aux étages. L'étiquette énergie  de ces logements est passée de G à D, et les locataires dont certains vivent là depuis 10 ans, signalent un bon confort d'usage, des factures de chauffage et d'eau chaude raisonnables, et une bonne isolation acoustique.

 

Une école réhabilitée avec un budget contraint dans le Haut-Rhin

Vue d'une cour intérieure après réhabilitation
Vue depuis la cour de récréation après réhabilitation - CREBA

Cette école installée dans une ancienne filature en pierres était inscrite à l'inventaire des monuments historiques. La structure du bâtiment manquait de stabilité car les fondations s'étaient affaissées et subissait l'humidité, notamment en raison de travaux antérieurs.

Il n'y avait aucun système de ventilation, et la réhabilitation visait notamment à améliorer la qualité de l'air intérieur au-delà de la réglementation en vigueur.

Les éléments patrimoniaux, nombreux, ont été identifiés et conservés. Les fondations ont été consolidées grâce à l’injection d’un mortier sous pression, à l’extérieur et à l’intérieur du bâtiment existant.

Afin de limiter la condensation dans les murs, un pare-vapeur a été ajouté à la laine minérale isolante à l'intérieur. Deux centrales de traitement de l'air à double flux ont été installées dans les combles.

Grâce à une subvention accordée par la Région Alsace et l’Ademe, les travaux de réhabilitation énergétique ont pu atteindre le niveau BBC Effinergie Rénovation.  
L’équipe de maîtrise d’œuvre a travaillé sur une maquette numérique durant toute la durée du projet, ce qui a permis une meilleure communication entre les différents acteurs du projet, de la maîtrise d’ouvrage aux entreprises. Les études thermiques ont été réalisées avec la maquette numérique (voir ci-dessous).

Réhabilitation d'une ferme en terre crue à haute performance énergétique dans les Pyrénées

La partie basse du mur maçonnée en pierre calcaire (source : Fernando Gomez)
La partie basse du mur maçonnée en pierre calcaire (source : Fernando Gomez)

Cette ferme en briques de terre crue du XIXe siècle a toujours été habitée et conservait un bon état structurel. Elle n'avait pas d'équipements (WC, salle de bains), la toiture était vétuste, les murs présentaient de l'humidité, il n'y avait pas d'isolation et l'installation électrique n'était pas aux normes.

Un bureau d'études a été sollicité pour une étude thermique afin de bien dimensionner le système de chauffage, et l'architecte connaissait les techniques locales traditionnelles de construction. L'opération a été menée avec le souci maintenir, réutiliser ou recycler les éléments existants et les matériaux récupérés.

Il a fallu dégager la façade ouest des terres qui y étaient adossées, et qui entraînaient la pénétration d’eau, amplifiant l’écoulement vers les maçonneries. Les pénétrations d’eau depuis l’extérieur ont été limitées grâce au recueillement des eaux de pluie avec la pose de gouttières et de descentes d’eau.

Aucune isolation n'a été ajoutée aux murs en briques de terre crue, posées sur la longueur, soit 40 cm.

L’émission de chauffage est assurée par des planchers chauffants, des murs chauffants et des radiateurs basse température.

 

 

Pour retrouver ces retours d'expériences et d'autres expliqués en détail, rendez-vous sur le site du CREBA:

Dans le dossier Le Centre de Ressources pour la Réhabilitation du Bâti Ancien (CREBA)

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