20 septembre 2024
Port de La Rochelle
Cerema
Le Port Atlantique La Rochelle a sollicité le Cerema pour l’accompagner dans la réalisation d’une analyse des risques encourus par les infrastructures et les fonctionnalités du port face au changement climatique et pour développer une stratégie d'adaptation à moyen et long terme, en collaboration étroite avec les différents services du port.

Les infrastructures de transport face au changement climatique

L’amélioration de la prévention des risques naturels et de la résilience des réseaux de transport est une action cruciale du Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC). Dans ce cadre, le Cerema a notamment développé une méthodologie d’analyse de risque permettant :

  • d’identifier les événements climatiques pouvant impacter un réseau de transport ;
  • de caractériser les vulnérabilités des infrastructures du réseau et de leurs fonctionnalités face à différents événements climatiques ; 
  • d’évaluer l’évolution de ces vulnérabilités avec le changement climatique. 

Cette méthode "Vulnérabilités et risques : les infrastructures de transport face au climat" est disponible aux éditions Cerema. Elle s’inscrit dans le cadre plus global d’une démarche d’adaptation au changement climatique, qui comprend également la définition d’une stratégie d’adaptation avec des solutions priorisées. L’objectif est d’aider les gestionnaires de réseaux et d’infrastructures à adapter leurs solutions techniques ou fonctionnelles aux contraintes climatiques futures et à prioriser les solutions d’adaptation pour améliorer les politiques et stratégies de gestion et optimiser les dépenses budgétaires. 

La mise en œuvre de la stratégie d’adaptation participe également au renforcement de la résilience du réseau et du territoire qu’il dessert.

 

Comprendre pour pouvoir anticiper

Un des objectifs recherchés par le Port est d'acquérir une vision globale de la vulnérabilité de ses infrastructures et fonctionnalités portuaires au changement climatique. Le suivant consiste à élaborer une stratégie d’adaptation avec des propositions d'actions. L'ensemble de ces éléments pourra ainsi être intégré dans un volet spécifique du futur projet stratégique (2025-2030).

Le premier travail mené constitue un repérage des aléas climatiques ou naturels dont les évolutions liées au changement climatique peuvent avoir un impact direct ou indirect sur le port Atlantique de La Rochelle. 

Neuf aléas climatiques ont été étudiés et cela pour deux horizons temporels (2050 et 2100) et deux scénarios de changement climatique (RCP 4.5 et RCP 8.5).

 

 

Ensuite le Cerema a analysé les sensibilités des infrastructures et fonctionnalités du port vis-à-vis de ces variables climatiques et détaillé leurs vulnérabilités futures au regard de différents scénarios climatiques et horizons temporels. Ainsi la méthodologie appliquée au port de La Rochelle a permis de mettre en exergue différentes familles d’infrastructures et de fonctionnalités qui seront soumises à un risque plus important de détérioration et/ou de destruction (pour les infrastructures) et de dégradation, voire d’arrêt (pour les fonctionnalités).

 

De l’analyse de risque à la stratégie d’adaptation

Port de La Rochelle - Cerema

Dans la suite des travaux, le Cerema a présenté les différentes solutions d’adaptation possibles aux vulnérabilités majeures identifiées. Pour cela, un panel de solutions a été proposé et classé par catégories

  • adaptation des infrastructures neuves ou existantes ; 
  • mesures d’adaptation à intégrer à la politique de gestion et d’entretien 
  • mesures d’évolution de l’exploitation, y compris en gestion de crise pour les fonctionnalités vulnérables. 

Des mesures plus transversales, notamment liées à la gouvernance, la sensibilisation des acteurs internes et externes, l’amélioration de la connaissance des risques et vulnérabilités, la recherche de solutions techniques innovantes sont également proposées. Les solutions peuvent revêtir un caractère de mise en œuvre à court terme (politique d’adaptation immédiate du port à son environnement intégrées au projet stratégique) mais aussi long terme (influencer dès aujourd’hui les politiques de demain).

Les principales mesures ont été synthétisées sous la forme de fiches d’adaptation par variable climatique. Ainsi, ces mesures concernent 4 aléas climatiques : l’augmentation des températures, la hausse permanente du niveau marin, l’aggravation de submersions marines, et des pluies extrêmes.

Toutes les solutions apportent des réponses techniques, organisationnelles ou de sensibilisation à différents aléas et différents types de dégradation ou dysfonctionnement. Et c’est bien la succession de mises en œuvre d’actions, de plus ou moins grande envergure, qui permet de s’adapter à un monde qui change.

 

Co-construire un plan d’actions opérationnel et résilient

Afin d’entrer dans l’opérationnalité à court terme pour le port, le Cerema a proposé et animé deux ateliers de co-construction d’un plan d’actions. Ces temps forts ont permis de réunir autour de la table différents services du port et de s’interroger sur les priorités parmi les solutions proposées. Les premiers échanges autour de la question "la survenue d’un aléa sur une famille d’infrastructures et ses fonctionnalités liées engendre-t-elle un impact limité ou une série d’impacts en cascade pouvant paralyser le port ?" ont permis de prioriser les vulnérabilités au regard de l’aspect stratégique des infrastructures et fonctionnalités impactées.

 

 

En ciblant ces infrastructures et fonctionnalités, 27 actions ressortent comme à mener prioritairement. Elles concernent notamment la sensibilisation des publics internes et partenaires externes au sujet de l’adaptation au changement climatique, l’amélioration de la connaissance des phénomènes marins et leurs évolutions dans le temps, la préparation et la gestion de crise ou encore le renforcement de certaines infrastructures clés. 

 

La dernière phase pour passer au plan d’action se base sur un classement de ces solutions. Pour cela, deux méthodes ont été expérimentées et mises en complémentarité. Une première, classique, basée sur une analyse multi-critères prenant notamment en compte la faisabilité financière et technique des mesures ou la facilité de mise en œuvre ou d’exploitation. La deuxième, plus innovante, se base sur la résilience. S’appuyant sur une méthode et un outil (la boussole de la résilience), élaborés par le Cerema, il s’agit de tester la résilience des solutions d’adaptation proposées. Par ailleurs, l’outil peut aussi servir pour l’amélioration des actions, comme cela a été expérimenté lors d’un atelier.