30 juin 2023
couverture
Le Cerema présente les leviers d'action pour contribuer à l'amélioration de la qualité de l'air dans les territoires, dans l'Essentiel "La pollution de l'air. Un fléau invisible mais réel" destiné aux collectivités.
L'Essentiel "La pollution de l'air. Un fléau invisible mais réel" rappelle les enjeux en matière de qualité de l'air et présente les actions qui permettent aux collectivités d'agir sur la qualité de l'air. Les auteurs du document, Karine Muller-Perriand, directrice de projet Air, Bruit et approche systémique, Benjamin Rous, chef du Programme Qualité de l'Air et Malika Souada, responsable d'études qualité de l'air, ont répondu à une interview en 3 questions :

 

Pourquoi avoir rédigé cet Essentiel consacré à la pollution de l'air et à qui est-il destiné ?

couverture de l'ouvrageKarine Muller-Perriand : Sa rédaction s’inscrit dans le cadre de la stratégie pour la qualité de l’air du Cerema, qui elle-même répond aux politiques nationales. Un autre Essentiel va paraître sur la question des politiques publiques de mobilité, l’évolution des mobilités et leur impact sur la qualité de l’air.

Cet Essentiel s’adresse aux élus et à leurs équipes, notamment les techniciens, des collectivités de toutes tailles, et l’objectif est de permettre une approche des enjeux, des différents types de polluants concernés et des actions à mener afin d’avoir une vision globale de la question, car il s’agit d’une thématique assez technique et pas si accessible pour des non initiés.

Par ailleurs, l’actualité nous amène à sensibiliser sur ce sujet : la condamnation de l’Etat par le Conseil d’Etat à payer des astreintes pour défaut de mise en place de mesures de réduction des polluants NO2 (dioxyde d'azote) et PM10 (particules fines). Ces  a entraîné des astreintes qui financent différentes des actions dont certaines sont menées avec le Cerema. La réglementation elle aussi évolue : une avec la révision en cours de la Directive nouvelle réglementation européenne sur l’air ambiant, qui va renforcer les exigences en matière de qualité de l’air, notamment en abaissant les seuils de certains polluants de manière importante d’ici 2030, afin de les aligner sur les nouvelles dernières recommandations sanitaires de l’OMS publiées en 2021.

Malika Souada : Et puis, il y a les impacts sanitaires de la pollution atmosphérique qu’on arrive de mieux en mieux à quantifier, avec par exemple l’étude de Santé publique France de 2021 qui évalue le nombre de décès prématurés chaque année en lien avec particules fines PM2,5 à 40 000 décès prématurés par an attribuables aux PM2.5.

Il faut aussi rappeler que ces 20 dernières années ont connu une amélioration de la qualité de l’air en France, ce qui montre que les actions menées jusqu’à présent donnent des résultats : il s’agit de poursuivre les efforts

Benjamin Rous : De nombreuses initiatives existent et doivent être valorisées, toutes les actions sont à envisager car l’impact de la pollution sur la santé n’est pas seulement la conséquence des pics de pollution, il est le fruit d’une exposition sur le long terme, pendant des années. Les polluants atmosphériques dégradent notre santé, même à de faibles niveaux de concentration et sur l’ensemble de nos lieux de vie : à notre domicile, sur nos lieux de travail et de loisirs. 

 

Ce document insiste sur l'importance d'une approche globale pour réduire la pollution de l'air: est-ce incontournable ?

piste cyclable à lyon
C. Boussuge - Cerema

Karine Muller-Perriand : Les leviers d’action des collectivités pour améliorer la qualité de l’air sont différents en fonction des polluants et des sources d’émission. Par exemple, si l’on veut réduire les émissions d’oxydes d’azote, il faut agir sur le secteur des transports qui est la principale source d’émissions de NOx. Pour cela, il faut inciter les conducteurs de véhicules individuels thermiques à changer leurs véhicules pour des motorisations moins émissives, ou à changer leur façon de se déplacer, par exemple en se en reportant sur les transports en commun ou les modes doux.

Cependant pour initier ces changements de comportements, il faut proposer une offre attractive que ce soit en termes d’infrastructures avec des voies cyclables, des lignes de transports collectifs etc. ou de services comme des stationnements sécurisés pour les vélos, la desserte et la fréquence des transports collectifs etc. Or, avec la périurbanisation, cette offre n’est pas simple à mettre en œuvre en territoires peu denses, là où pourtant la demande est potentiellement importante.

Cela montre bien que si l’on veut réduire les émissions liées aux transports, il est nécessaire d’avoir une réflexion plus globale sur l’aménagement du territoire, qui va avoir un impact direct sur les mobilités, les transports, et sur les polluants atmosphériques.

Malika Souada : Les intercommunalités disposent aussi du levier du PCAET qui peut inciter les acteurs privés par secteur à agir en vue de réduire les émissions. Les collectivités territoriales et établissements publics peuvent identifier les secteurs émetteurs et établir un plan de réduction des émissions, et le PCAET permet aussi de sensibiliser à la question de la qualité de l’air, de l’énergie et du climat . Au niveau régional, le SRADDET permet de poser un cadre sur ces enjeux.

On observe aussi que la sensibilisation des citoyens et des acteurs privés, leur implication dans les démarches sont des leviers qui permettent d'améliorer la compréhension, la cohérence et la mise en oeuvre des mesures visant à améliorer la qualité de l'air.

Benjamin Rous :  Beaucoup est déjà fait dans les territoires, des documents de programmation peuvent être plus ou moins ambitieux et structurants, mais il faut investir les sujets, impliquer les citoyens les acteurs privés, développer des réseaux au niveau local sur ces enjeux

Les actions menées à d’autres fins peuvent avoir un impact sur la qualité de l’air, comme favoriser le report modal qui permet d’agir conjointement sur les enjeux climatiques, énergétiques et réduire la pollution de l’air. Piétonniser et végétaliser une place en centre urbain, c’est à la fois réduire l’exposition des habitants et une opportunité de stimuler la vie culturelle et économique locale, tout en améliorant le cadre de vie.  

Aujourd’hui, l’aménagement des territoires, notre manière de penser la ville, les activités humaines et économiques des territoires, doit être pensé en intégrant pleinement les enjeux de qualité de l’air et d’adaptation au changement climatique.

 

Quels travaux le Cerema mène-t-il dans ce domaine, et quels outils et méthodes met-il en place ? 

Végétalisation à BagneuxBenjamin Rous : Le Cerema est impliqué à différents niveaux sur ces enjeux : il est présent dans les réflexions stratégiques pour l’élaboration des politiques publiques de mobilités à des échelles structurantes, il développe des outils et des méthodes pour intégrer ces enjeux dans l’organisation du territoire, le trafic maritime et fluvial, les mobilités, ou les rues scolaires... 

Le Cerema développe également des outils d’aide à la décision pour les projets d’aménagement comme GES Urba, Clim Urba, et il favorise la mise en réseau, le partage d’expériences notamment avec la plateforme Territoires engagés pour un environnement une santé qui évolue régulièrement.

CopCerema est un outil de calcul des émissions routières, développé et mis à jour par le Cerema. Il a fait l’objet d’une refonte complète pour être mis à disposition et sera disponible prochainement en open source pour collectivités et les bureaux études et des collectivités sur le site du Cerema.

Malika Souada : Le Cerema a développé des compétences reconnues sur ces domaines, et participe par ailleurs à des études de portée internationale comme ECAMED sur l’impact du trafic maritime en Méditerranée, ainsi qu’à différents projets de recherche comme tels que l’étude sur les particules fines du trafic maritime en Europe, CapNavir qui a pour objectif de caractériser les particules fines émises par les navires, ou le projet ALTI’AIR qui a débuté en janvier 2023 au pays du Mont-Blanc et qui permettra de mieux comprendre l’évolution de la pollution en fonction de l’altitude. 

Le Cerema travaille également sur la réglementation, à travers des groupes de travail. 

 

 

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