21 février 2024
Vue du site d'étude
Cerema
Afin de protéger la biodiversité marine, une réglementation précisera prochainement des seuils de bruit de chantier admissibles en milieu marin. L'équipe de recherche en acoustique de l'environnement du Cerema a été sollicitée par HAROPA Ports pour mesurer in situ le bruit généré par un chantier d'installation de pieux dans le port de Rouen et identifier les impacts potentiels sur les poissons.
Recherche au Cerema


Actualité de l'Equipe projet de recherche AE : Acoustique de l’Environnement (composante de l'UMR AE)
Découvrez l'équipe, ses enjeux, ses membres, son actualité...  en consultant sa page

 

 

Les bruits anthropiques émis dans l’eau (trafic maritime et fluvial, travaux d’aménagement, implantation et fonctionnement d’éoliennes offshore…) constituent une source de pollution pour de nombreuses espèces animales. Des études ont démontré que ces bruits entraînent des effets sur la physiologie et le comportement des animaux, avec in fine des risques d’impact à l’échelle des populations. Pour minimiser ces risques, plusieurs pays ont mis en place une législation définissant des seuils d’émission acoustiques réglementaires à ne pas dépasser lors de la réalisation de travaux. 

En France, il est prévu qu’une réglementation soit mise en place prochainement. Dans cette perspective, Haropa Port a fait appel à l’Unité Mixte en Acoustique Environnementale (UMRAE) de l’Agence de Strasbourg pour mesurer sur le terrain les niveaux sonores du bruit généré sous l’eau par les activités de battage de pieux lors de travaux d’aménagement conduits dans le port de Rouen (Fig.1), et évaluer les potentiels effets nuisibles sur les espèces de poissons présentes dans la Seine (en particulier les aloses). Dans le cadre de cette étude, l’équipe du Cerema de Strasbourg a bénéficié d’un soutien logistique de la du Cerema Normandie-Centre et de la société SOMME.

 

Mesure des niveaux sonores du bruit généré par du battage de pieu dans le port de Rouen lors de travaux d’aménagement en 2023 réalisée par le Cerema/UMRAE, avec l’assistance technique du cerema Normandie Centre/DGI et de la société SOMME.

En complément de ces actions opérationnelles, des travaux de recherche sont également menés par l’UMRAE pour évaluer les impacts du bruit anthropique sur la faune aquatique. Ceux-ci consistent par exemple à étudier les interactions nuisibles entre grands cétacés (baleines, dauphins) et navires. Dans le cadre de ce travail, l’UMRAE étudie les effets potentiellement perturbateurs du bruit généré par le moteur des bateaux chez des espèces dont l’utilisation des sons est vitale (pour s’orienter, se nourrir communiquer..). 

De plus, des outils sonores sont développés en vue de réduire les risques de collisions entre cétacés et bateaux ou filets de pêche (projet Carnot Climadapt en partenariat avec la société Greenov), ou pour la mise au point de procédés d’attraction sonore pour le guidage d’animaux hors de zones à risques (ex : intervention 2022 lors de la tentative de sauvetage d’une orque dans la Seine).

Lors de l'intervention pour HAROPA Ports, dont l'objectif était opérationnel, le Cerema a utilisé les seuils d'impact existants dans la littérature pour évaluer si les niveaux de bruit mesurés étaient susceptibles d'avoir un impact.

Un hydrophone a été déployé pour enregistrer le bruit émis sous l'eau lors des activités de battage de pieu qui avaient lieu pendant des travaux. La comparaison des mesures acoustiques avant et pendant le battage a permis de déterminer les niveaux de bruit généré par le battage de pieu. Les mesures ont été réalisées à différentes distances (en raison du risque de saturation des enregistrements si hydrophone trop proches de la source sonore, du risque d'atténuation si un obstacle est présent entre la source sonore et l'hydrophone). 

A partir des enregistrements acoustiques et des formules mathématiques existantes sur la propagation du son dans l'eau, nous avons pu calculer les niveaux sonores. Ensuite, en s'appuyant sur les seuils d'impact fournis par la littérature, l'équipe a pu déduire si les niveaux calculés étaient potentiellement impactants ou non chez la faune visée (poissons).