12 décembre 2024
image Grand clermont
Dans un contexte de transformation des modèles d’aménagement du territoire (réchauffement climatique, crises énergétiques et du logement, mise en œuvre du Zéro Artificialisation Nette, revitalisation des territoires, redynamisation des centres bourgs, tensions croissantes sur la ressource en eau, nouvelles attentes de la population et évolution des modes de vie), le Grand Clermont a souhaité s’engager dans une démarche expérimentale et prospective intitulée "Habiter autrement le Grand Clermont".

En amont de la révision de son Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) ; le Pôle d’Equilibre territorial et Rural (PETR) du Grand Clermont a souhaité démontrer et illustrer, à partir de sites pilotes, que de nouveaux modes de faire en matière d’habitat sont possibles dans une logique de sobriété foncière qui renouvellent les imaginaires et répondent aux besoins des habitants.

Il s’est engagé pour cela dans une démarche expérimentale et prospective, avec l’appui financier de l’ANCT et du Cerema et accompagné sur le plan technique par le Cerema et l’Agence d’Urbanisme Clermont Massif Central avec comme objectif d’élaborer une démarche collective de construction d’un projet d’aménagement, de susciter l’émergence de nouveaux modes de faire répondant aux enjeux du territoire.

 

2 sites pilotes pour tester la démarche

Les sites proposés par deux communes, Volvic et Vic-le-Comte, par ailleurs inscrites dans la démarche "Petites villes de demain" ont été retenus pour porter la démarche. Ils ont été sélectionnés à partir des critères suivants :

  • La situation (zone a recyclage foncier : vacance, friches, îlots dégradés dans centre bourg, …);
  • La superficie / les contraintes / les réseaux de viabilisation disponibles;
  • L’intégration dans un dispositif stratégique;
  • La proximité avec des commerces, des transports, des services…
  • Le porteur et la nature du projet, son avancement.

 

 

Le site de Volvic est représentatif de petites opérations de réhabilitation / renouvellement, conduites dans les centres anciens, dans de nombreuses communes du PETR. Il rassemble plusieurs atouts : l’investissement de nombreux acteurs institutionnels, son état d’avancement, avec la maîtrise du foncier par la commune, la remise en état de ce foncier par l’Établissement Public Foncier une proposition de projet par un bailleur social en cours de discussion avec la mairie, des discussions avec l’architecte des bâtiments de France. Le bailleur engagé dans la démarche est ouvert pour requestionner le projet. 

Une bascule rapide sur de l’opérationnel est dans ce cadre possible.

Le site de Vic-le-Comte a été sélectionné car c’est un site à enjeu pour le territoire du PETR : sa proximité immédiate avec la gare de Longues, 4 ème gare du département par sa fréquentation, qui relie la commune au centre-ville de Clermont-Ferrand en une vingtaine de minutes, sa topographie, sa taille et la proximité avec le site de la Banque de France amené à se développer et à accueillir de nombreux emplois.

Une démarche collective rassemblant de nombreux acteurs

Un panel d’acteurs a été mobilisé pour construire la démarche et favoriser sa réutilisation sur d’autres sites. La démarche s’est appuyée sur différents temps, pour construire collectivement le projet, analyser sa perception par la collectivité et les acteurs impliqués et la valoriser.

Des enseignements sur la démarche à conduire

Si toutes les étapes de la démarche sont essentielles pour faire émerger un projet de qualité certaines étapes ont été plébiscitées par les participants.

Il s’agit notamment du "diagnostic en marchant" qui a permis de :

  • dézoomer pour lier le projet à son territoire,
  • se servir d’opportunités présentes au voisinage du site pour alimenter le projet: cas de bâtiments vacants à proximité pouvant être réutilisés par le projet.
  • s’appuyer sur le groupe pour sortir des réflexions en silo, ou des oppositions d’acteurs
  • requestionner les contraintes, réinterroger les besoins de la commune ainsi que du porteur du projet ;

Certains freins peuvent dans certains cas être dépassés comme les obligations de stationnement sur la parcelle pour les nouveaux logements...

Le comité technique dont l’objectif est de rendre concrète l’ambition du projet à travers des orientations d’aménagements matérialisées par des esquisses à différentes échelles "tester par le dessin" a également fait l’objet de nombreuses discussions.

Il a requestionné l’équilibre à trouver entre propositions en rupture et opérationnalité.

 

Faire évoluer les modes d’habiter

Les enseignements suivants ont émergé sur de nouveaux modes d'habiter le territoire :

 

L’importance d’identifier/préserver/mobiliser les sites stratégiques du territoire : leur mobilisation demande de passer d’un aménagement par opportunité à des stratégies foncières ou d’aménagement.

La nécessaire implication de la commune et/ou des acteurs du territoire sur le plan financier, juridique et en ingénierie pour être en capacité d’intervenir sur des espaces en renouvellement, en zone détendue.

L’obligation de limiter la place consacrée à la voiture sur un foncier souvent contraint et l’identification de solutions

  • Dans les centres anciens ruraux, utilisation de nombreuses granges souvent abandonnées,
  • Pour des projets de plus grande taille, la création de parkings silo ou la mutualisation de parkings avec d’autres structures présentes au voisinage;
  • D’autres modes d’utilisation de la voiture tels que l’autopartage;
  • Le développement des modes actifs et une plus grande mixité fonctionnelle.

La préservation des ressources avec une réflexion systématique à porter sur :

  • Le réemploi des bâtiments existants quelle que soit leur typologie : si la volonté de préserver le bâti est bien ancrée dans les centres anciens elle est moins systématique pour des bâtis de moindre qualité architecturale
  • Le réemploi des matériaux est également à considérer, soit directement sur site quand cela a du sens, soit dans des opérations proches;
  • Privilégier quand cela est possible techniquement, financièrement et en termes d’usage la réhabilitation à la démolition / reconstruction;
  • La végétation en place, tout particulièrement les arbres et les sols de pleine terre est à préserver;
  • L’usage transitoire des bâtiments pour se donner le temps d’analyser leur intérêt et leur utilisation possible, et juger de la pertinence ou pas de leur démolition.

Pour aller plus loin

Une journée de restitution a permis de présenter et de discuter l’ensemble des enseignements à des acteurs du territoire n’ayant pas participé directement à la démarche.

Un travail associant davantage de promoteurs aux réflexions pourrait venir compléter cette première démarche expérimentale permettant d’aller au-delà de la faisabilité technique de certaines solutions pour les analyser au regard des coûts induits. 

Dans le cadre de projets d’aménagement, l’intégration des promoteurs le plus en amont possible dans l’équipe projet apparaît essentielle, comme il est nécessaire que la collectivité reste investie tout au long du projet. Les élus ne doivent pas hésiter à se faire accompagner dans les phases d’appel d'offre, ou d’avant-travaux, afin que le projet, s'il peut être adapté à certaines contraintes financières ou techniques, ne soit pas dénaturé dans ses objectifs principaux. Des acteurs de l'ingénierie locale (CAUE par exemple) peuvent assurer ce rôle ;

Plus largement, la rupture attendue par « Habiter autrement » ne peut se faire que dans le temps long. Elle implique de construire sur le territoire une culture commune favorisant la transition vers ces nouveaux modes d'habiter, basée sur une relation de confiance entre les collectivités et les acteurs de la construction et de l'aménagement. Cela pourrait prendre la forme d’assises "hors projet" ou d'autres journées d’échange et de partage de retours d’expérience.