L’attractivité des territoires et leur dynamisme économique dépendent étroitement des transports. Le maillage du territoire par les réseaux de transport a donc une incidence forte sur le fonctionnement des territoires, l’économie, l’emploi, les loisirs et la cohésion territoriale.
Anticiper les besoins pour les infrastructures pour un territoire résilient
Dans un contexte de changement climatique et de tensions croissantes sur les ressources, la capacité de résilience du territoire régional dépendra aussi de la capacité de son système de transport à faire face aux crises.
L’enjeu est d’identifier dès à présent les risques pesant sur le système de transports, afin de mieux préparer sa résilience (avant ou après un événement) et la gestion des crises.
La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur s’est saisie de ces enjeux et a réalisé en 2022 une étude au cours de laquelle 70 entretiens ont été menés auprès des différents acteurs des transports (gestionnaires, logisticiens, institutions, think tank) et des professionnels des risques liés au changement climatique (chercheurs). Elle a ensuite initié une démarche régionale d’adaptation des transports. Cette démarche comprend 5 volets :
- Volet 1 – Evaluation prospective des risques physiques
- Volet 2 – Evaluation prospective des risques de transition
- Volet 3 – Evaluation des risques liés au système de transport non régional
- Volet 4 – Evaluation de l’exposition au système de transport des autres systèmes de la société (alimentation, industries, etc.)
- Volet 5 – Evaluation et mise en résilience des services de transport Zou !
Le Cerema, qui a élaboré une méthodologie d’analyse des vulnérabilités des réseaux de transport déjà appliquée à plusieurs types de réseaux et services de transport, notamment dans le cadre de la méthode ASAIT (Approche Systémique d'Adaptation des Infrastructures de Transport), intervient dans le cadre des volets 1 et 4. Il s’agit de réaliser l’étude prospective des risques physiques pilotée par l’Etat et la Région et accompagner ces acteurs dans l’évaluation de la résilience des infrastructures de transport dans la perspective du changement climatique, avec une approche multimodale : tous les modes de transport seront ainsi pris en compte (Réseaux routier, ferré, aéroportuaire, maritime et fluvial).
Une charte partagée par les acteurs :
3 niveaux de risque pris en compte
Cette étude, à laquelle ont été associés le BRGM (pour son expertise sur les inondations par remontées de nappe et les effondrements liés au gypse et au karste) ainsi que les bureaux d’études Hydroclimat (pour leur expertise sur les données climatiques projetées et carroyées et la création d’indicateurs adaptés à la prise de décision) et GeographR (pour travailler spécifiquement sur les évènements extrêmes les plus impactants pour les gestionnaires et la détermination d’analogues climatiques), évaluera trois niveaux de risque :
La méthode
La méthode appliquée consiste à croiser les informations sur les événements climatiques (fréquence, durée, intensité), sur la vulnérabilité des infrastructures et services de transport et sur l’exposition, pour déterminer les tronçons d’infrastructures présentant les enjeux les plus importants.
Un scénario de référence est pris en compte, ainsi qu'un scénario de réchauffement climatique reprenant la Trajectoire de Réchauffement de Référence pour l’Adaptation au Changement Climatique (TRACC) définie à partir des tendances dessinées par le GIEC : le court terme (horizon 2030, avec + 2°C de réchauffement par rapport à la période pré-industrielle en moyenne sur le territoire de la France Métropolitaine), le moyen terme (horizon 2050, + 2,7°C) et le long terme (horizon 2100, +4°C).
Un enjeu de ce diagnostic prospectif est d’étudier les évolutions (en intensité, en fréquence, en durée, en moment d’apparition dans l’année, en saisonnalité et en extension spatiale) des aléas naturels (inondations, retrait-gonflement des argiles, submersions marines, mouvements de terrain,…) dont l’impact augmentera probablement, ainsi que les évolutions tendancielles induites par le changement climatique : il s’agit des évolutions des températures chaudes comme froides, du régime de précipitations, des vents, ainsi que la hausse du niveau marin.
Des événements extrêmes sont aussi envisagés (canicules, inondations, submersions marines, épisodes méditerranéens, mouvements de terrain, feux de forêt). Bien que de très nombreuses incertitudes (selon les modèles, selon la variabilité interne du climat, selon les aléas) demeurent quant à ces évolutions, l’objectif de partager un état de connaissance pour éclairer les décideurs.
La méthodologie ASAIT développée par le Cerema sera appliquée.
Cette méthode permet également de déterminer les scénarios et seuils climatiques qui seront les plus impactants pour le territoire, ceux à partir desquels le réseau et les services de transports seront le plus perturbés, en intégrant les interdépendances, l’isolement de certains territoires, les points d’interconnexions, …
Dans un second temps, le Cerema apportera son expertise dans la démarche de co-construction d’un plan stratégique pour la résilience des infrastructures et services de transports de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur ; les solutions d’adaptation pouvant être, quant à elles, des solutions fondées sur la nature (création de fossés enherbés, désimperméabilisation des sols à l’amont des infrastructures, solutions "grises" telles que le redimensionnement, l'utilisation de nouveaux matériaux, par exemples). Il peut aussi s’agir de modifications dans l’organisation interne ou des services, de modifications réglementaires et normatives (reprise des corpus techniques pour le dimensionnement des chaussées par exemple).
Ce travail qui fournit à la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et la DREAL PACA une vision détaillée des niveaux de risques liés au changement climatique sur le réseau structurant le territoire, permettra ensuite d’adapter les politiques publiques dans les transports de l’Etat et de la Région.