Cet article fait partie du dossier : Développer la culture du risque dans les territoires : le dossier
Voir les 11 actualités liées à ce dossierCette conférence technique territoriale, qui s’est déroulée le 10 octobre à Bordeaux, était dédiée à l’élaboration des stratégies de sensibilisation et d’acculturation des citoyens aux risques majeurs.
Une évolution des pratiques de culture du risque
Le sujet de la culture du risque est considéré et important dans nos politiques nationales et locales de prévention des risques. C’est aussi un sujet d’actualité qui est bien sur le devant de la scène, notamment depuis 2021 avec le plan d‘action "Tous Résilients face aux risques" (qui a donné lieu à l’institutionnalisation de la journée de réduction de risques de catastrophes, en France sur le nom de la Journée Nationale de la Résilience, le 13 octobre de chaque année depuis 2022.). Ainsi cette journée s’est inscrite totalement dans cette démarche et également dans le mois de la résilience, évènement organisé par Bordeaux Métropole en octobre depuis deux ans (voir le programme).
Réunissant plus de 80 participants issus des collectivités territoriales, des services de l’État, et des spécialistes de la gestion des risques (établissements publics techniques, services de gestion de crise, universitaires et bureaux d’études), cette journée a été très riche en échanges. Elle a notamment permis de mettre en évidence le fait que la culture du risque doit s’organiser de manière concertée avec les citoyens mais aussi entre les différents acteurs d’un territoire.
Alors que la culture du risque était auparavant cantonnée à des obligations réglementaires d’information endossées par les préfets ou les maires, nous sommes aujourd’hui dans une nouvelle ère : celle de la modernisation de la culture du risque. Il est indéniable que toutes et tous, nous pouvons observer sur l’ensemble du territoire français la diversité des actions engagées, que ce soit dans l’origine de l’impulsion de ces actions, mais aussi dans la typologie, dans les acteurs et le réseau que cela réunit, les dynamiques, le nombre de citoyens mobilisés, etc. Mais en parallèle de cette diversité, on observe une forme d’hétérogénéité à l’échelle des territoires : niveau d’information, intensité des actions, public ciblé, etc.
Aujourd’hui, nous avons fait le choix de poser l’hypothèse que le développement de la culture du risque, pour qu’il soit durable et ancré dans les territoires, requiert une approche stratégique et programmée dans le temps. C’est donc sur ce sujet et plus spécifiquement sur cette approche que les présentations et retours d’expérience de la journée ont porté.
Retours d'expérience
Après une ouverture de la journée par Valérie Saberan de Bordeaux Métropole et Fabrice Marie du Cerema Sud Ouest, la matinée a été riche en retours d’expériences. Dans un premier temps, une table ronde a permis de débattre de stratégies à grande échelle : nationale (IRMA et AFPCNT), régionale (GIP Littoral) et départementale (Département de la Gironde). Chacun a ainsi pu présenter des actions et outils mis en place (L’esprit du Résilience Tour de l’IRMA et l’AFPCNT est de sillonner les territoires français, étape par étape, en proposant une offre d’actions de sensibilisation, d’information, de mise en situation et de formation aux risques majeurs), des difficultés rencontrées mais aussi les leviers pour faire adhérer le plus grand nombre (par exemple, bénéficier d’une adhésion autour du sujet -les risques sont la seconde préoccupation des girondins après le pouvoir d’achat).
Table Ronde "Développer des stratégies de culture du risque à grande échelle : nationale avec le Résilience Tour, régionale avec une stratégie pour les risques littoraux en Nouvelle Aquitaine, départementale avec un Plan Départemental de Sauvegarde en Gironde", François Giannoccaro, IRMA - Virginie Perromat, AFPCNT – Chloé Ragot, GIP Littoral – Lionel Lacroix, CD de la Gironde
Vidéo du Résilience Tour :
Ensuite, des retours d’expériences ont été source d’inspiration pour les participants. Dans un premier temps, le SMEAG et la CdA du Grand Cahors ont porté leurs discours sur les actions d’acculturation au risque inondation portées dans leur programme d’actions pour la prévention des inondations (le PAPI), en nous montrant comme cet outil facilite une action combinée à l’échelle d’un bassin versant. Les actions de culture du risque bénéficient ainsi d’un cadre de mise en œuvre et de suivi mais également d’une gouvernance et d’un financement particulier.
Intervention "Mettre en œuvre sa stratégie locale grâce à des outils facilitateurs : exemple des PAPI, Claire Kerviel, SMEAG – Fabrice Fichet, CdA Grand Cahors
Dans un deuxième temps, les regards croisés de la DDTM85 et la DREAL NA ont permis d’aborder le rôle de l’État dans le développement de la culture du risque sur les territoires. Elles ont expliqué comment les services déconcentrés de l’Etat sont aussi des acteurs avec lesquels il est possible de composer pour développer une stratégie durable de sensibilisation des habitants d’un territoire.
Elles ont donc livré un point de vue "éclairant" sur ces différents positionnements que peuvent adopter les services de l’État : sensibilisation autour des Plans de Prévention des Risques, développement d’outils sur les obligations réglementaires pour les collectivités ou les DDT(M) ou encore de jeux ludiques pour le grand public.
Intervention : "Dépasser les obligations réglementaires : les initiatives de l'Etat au niveau régional et départemental", Léonie Lherisson, DDTM85 – Agnès Chevalier et Catherine Allain, DREAL NA
L’après-midi a été un moment de discussions et de présentations autour des éléments clefs à considérer lorsqu’on cherche à bâtir une stratégie de culture du risque sur un territoire : l’ancrage territorial et l’évaluation/capitalisation.
Elle a débuté avec des exemples inspirants sur le maillage associatif et culturel essentiel au développement d’une culture du risque ancrée aux territoires avec les retours d’expérience du CPIE Littoral Basque (Centre de ressources local sur la question de l’environnement et des risques sur la côte Basque pour sensibiliser et créer du réseau) et l’AFPCNT (développement d’un projet autour des risques en s’appuyant sur le tissu associatif sur l’île de la Réunion).
Intervention : "S’appuyer sur un ancrage territorial fort : Programme de développement d’une culture partagée des risques sur le littoral basque et Faire face aux catastrophes avec le tissu associatif à la Réunion", Alistair Brockbank, CPIE Littoral Basque – Virginie Perromat, AFPCNT
Finalement, la journée s’est conclue autour de deux présentations sur l’évaluation et la capitalisation.
Le Cerema a présenté son dernier rapport sur l’évaluation des actions de culture du risque publié en mai 2024 :
Intervention : "Évaluer : présentation de la boîte à outils d’évaluation d’actions de culture du risque", Perrine Vermeersch, Cerema.
Bordeaux Métropole a présenté une initiative de grande ampleur à l’échelle de la métropole, le mois de la résilience dans lequel s’inscrivait cette journée entre autres actions. La première édition ayant eu lieu l’année dernière, ont été ainsi exposés leur retour d’expérience et les enseignements qu’ils ont capitalisés afin de poursuivre et s’améliorer pour cette deuxième édition.
Intervention : "Capitaliser : retour d’expérience sur le mois de la Résilience de Bordeaux Métropole", Valérie Saberan, Bordeaux Métropole.
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