Les modes actifs sont au cœur du système de mobilité et des pratiques quotidiennes. Avec le vélo, dont l’usage se développe actuellement, avec les engins de déplacements personnels (EDP) sous leurs différentes formes — motorisées ou non — qui connaissent un engouement fort, et évidemment avec la marche, qui représente un déplacement sur quatre en moyenne en France (voir : Enquête mobilité des personnes, SDES, 2018–2019, ).
OBSMMA : connaître la mobilité en modes actifs pour mieux appréhender l’exposition au risque
Moyen de déplacement universel, la marche dans toutes ses formes, y compris pour ce qui relève de la mobilité réduite, fait du piéton un usager fondamental de l’espace public. Avec chaque année près de 500 victimes tuées et environ 10 000 personnes blessées — données 2019 —, les piétons paient un lourd tribut à l’accidentalité routière.
Le Cerema porte le projet OBSMMA pour un observatoire de la mobilité des modes actifs : vélo, marche et engins de déplacements personnels (y compris ceux motorisés comme les gyroroues). Si l’accidentalité est relativement bien connue, tout du moins à travers le prisme des procès verbaux d’accidents, il n’en est pas de même pour l’usage de la voirie par les usagers des modes actifs. Cette connaissance de ces déplacements est pourtant nécessaire à l’évaluation du risque routier auquel les personnes sont exposées. Elle permettra de faciliter l’ajustement des politiques et dispositifs de sécurité routière à opposer à ce bilan.
Seul compte ce qui est compté
Dans le cadre des travaux qui modèlent l’espace public, des mesures préalables et postérieures à la réalisation d’un nouvel aménagement informent les personnes en charge de sa réalisation de ses effets sur les usagers et d’éventuels ajustements à y apporter.
Une maxime résume bien l’intérêt de compter utilisateurs et utilisatrices de la voirie. Parce que l’aménagement est calibré à son usage, on se doit d’évaluer ce dernier à l’aune du nombre d’usagers. Ainsi, "seul compte ce qui est compté".
Les modes actifs, et en particulier la marche, sont des pratiques de déplacement difficiles à mesurer. Les piétons sont des usagers très mobiles et rarement astreints à un cheminement parfaitement défini, ce qui complique leur détection et leur comptage. Malgré ces contraintes, la mesure de la fréquentation piétonne existe bel et bien et permet notamment à certaines collectivités d’évaluer l’attractivité commerciale de leur centre-ville. Le comptage est aussi un outil d’aménagement de la ville : il permet d’évaluer la fréquentation d’un lieu et d’estimer son attractivité.
Vers un standard de comptage des flux
Le comptage des usagers est un outil indispensable à la transformation de l’espace public, à la connaissance des déplacements et à l’activité économique locale.
La Plateforme nationale des fréquentations (PNF) est un outil géré par Vélo & Territoires qui collecte les données des compteurs qui équipent le territoire français depuis 2013. Historiquement consacrée au vélo, le projet OBSMMA souhaite étendre la PNF aux données de comptage des piétons et des usagers d’engins de déplacement personnel. La recherche d’exhaustivité de cette base de données repose sur un format le plus unifié possible pour les données à collecter.
À cette fin, l’équipe d’OBSMMA a contribué à la démarche portée par la Direction inter-ministérielle du numérique, ses équipes de transport.data.gouv.fr et Vélo & Territoires. Celles-ci ont associé différents acteurs privés et publics à la création d’un schéma unique de données de comptage des mobilités, publié en décembre 2021.
Ce standard de données permettra de faciliter les échanges entre producteurs et utilisateurs de données, de s’affranchir des difficultés de traitement de ces données et de guider les gestionnaires vers des équipements de comptage compatibles. Ce gain d’efficacité dans la mesure, la collecte et le traitement des données de comptage devrait également permettre d’augmenter le nombre de sites de comptage et par conséquent, la connaissance des déplacements. Cette augmentation est particulièrement cruciale pour la marche à pied, qui bénéficie encore de trop peu de comptages.
Les collectivités sont encouragées à s’approprier ce nouveau format et à développer leur équipement de comptage des usagers actifs de la voirie.