Le projet Alptrees s’inscrit dans le contexte de l’adaptation de l’espace alpin au changement climatique, en s’intéressant aux services écosystémiques rendus par les espèces d’arbres non indigènes, introduites afin de favoriser l’adaptation des forêts, des zones urbaines et péri-urbaines au changement climatique.
Accompagner l’adaptation de la forêt alpine
Différentes pressions s’exercent sur l’espace alpin, où on observe une augmentation moyenne de la température de 2°C depuis 1950, ce qui entraîne un déficit hydrique, de nouveaux parasites, et impacte les arbres des forêts et de l’espace urbain. On sait également que les forêts ne peuvent pas s’adapter aussi rapidement que les changements climatiques interviennent.
Ce projet a réuni 14 partenaires italiens, français, allemands, slovènes et autrichiens, et porte sur un espace alpin comprenant 42,5% de forêts.
Au niveau européen le projet Alptrees s’inscrit dans la stratégie européenne pour la région alpine. Dans le cadre des régions test à intégrer dans le projet Alptrees, le Cerema a fait le choix d’impliquer le massif forestier des Maures et son contrat de Transition Ecologique, orienté sur la gestion durable de la forêt. La principale implication du Cerema dans le projet Alptrees s’est focalisée sur l’évaluation et la cartographie de six services écosystémiques fournis par la forêt alpine.
Le projet Alptrees avait plusieurs objectifs :
- Créer un outil d’évaluation des risques liés aux espèces d’arbres non-indigènes, pour évaluer les risques et les bénéfices des différentes espèces dans un contexte de changement climatique.
- Créer des cartes de risques basées sur des modèles de prévision du changement climatique
- Transférer les connaissances acquises vers les acteurs intervenant sur la forêt et la gestion des arbres dans les zones urbaines et péri-urbaines
- Construire une stratégie transnationale alpine pour l’implantation d’espèces d’arbres non-indigènes pouvant potentiellement devenir envahissantes.
Des recommandations ont été formulées à l’issue du projet, afin de guider l’utilisation et la gestion des arbres non indigènes dans les Alpes. Les résultats d’Alptrees ont été partagés à travers un atelier de restitution, et un site web réunit les livrables.
Le projet a aussi été une occasion unique de renforcer les échanges et les liens entre les acteurs des pays impliqués, ce qui permettra de poursuivre le travail et la coopération.
Une cartographie des enjeux en termes de services écosystémiques
Le Cerema était notamment impliqué dans l’évaluation des écosystèmes forestiers et des espaces les plus sensibles, afin de produire un outil cartographique à la résolution de 100 m, utilisable par les acteurs locaux des différents pays de l’axe alpin en tant qu’outil d’aide à la décision.
Le Cerema s’est concentré sur 6 services écosystémiques et plus particulièrement sur l’identification des zones prioritaires de services écosystémiques, appelées hotspots, où l'évaluation des services écosystémiques est la plus importante pour chacun des six services écosystémiques forestiers, en vue de garantir un approvisionnement durable en services écosystémiques pour l'Espace alpin. Les hotspots ont été identifiés par leur plus grande quantification.
Une carte pour chaque indicateur a été réalisée, puis elles ont été croisées afin de faire apparaître les zones à enjeux. Il est ainsi apparu que 72% de l’espace forestier présente au moins un des six services écosystémiques étudiés.
En intégrant une liste de 63 bouquets de services ( un bouquet de service est un ensemble de services écosystémiques associés qui sont liés à un écosystème donné et qui apparaissent généralement ensemble de manière répétée dans le temps et/ou l'espace ), presque tout le territoire étudié abrite au moins l’un d’entre eux.
Cela montre l’importance d’une gestion durable des arbres, dans les massifs forestiers ainsi que dans les espaces urbains et périurbains, afin de bénéficier de ces services écosystémiques. L’adaptation doit être envisagée aussi bien sur le court que le long terme, à travers des travaux de recherche sur les essences d’arbres locales ou non, sur de nouveaux modèles d’exploitation forestière, ou encore par la migration assistée d’espèces d’arbres en zone forestière...
Cette cartographie a aussi permis d’identifier les zones prioritaires en termes de préservation.
La réflexion autour de l’adaptation des arbres a aussi rejoint le projet SESAME, un outil de sélection des espèces d’arbres et d’arbustes en fonction des services écosystémiques qu’ils rendent et de leur capacité à durer dans un contexte de changement climatique. Une déclinaison du projet SESAME, porté par le Cerema, est SESAME 13 mené dans les Bouches-du-Rhône en partenariat avec l’INRAE et le conseil départemental, afin de construire un outil de sélection des arbres adaptés aux villes sous climat Méditerranéen dans un contexte de changement climatique.