Cet article fait partie du dossier : Le Cerema mobilisé pour adapter le bâti au changement climatique
Voir les 16 actualités liées à ce dossierCe projet a pour perspective de produire un plan d’adaptation qui permettra au parc bâti du Département d’être mieux armé face au climat futur.
Le Plan ABCD correspond à des projections climatiques, une méthodologie, une caractérisation des aléas futurs et de risques pour les bâtiments. Tout cela est synthétisé via une proposition d’un plan d’actions et d’un outil de suivi et d’évaluation de ce dernier.
Ce plan a pour objectif de :
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Cibler les bâtiments inadaptés au dérèglement climatique par des analyses et projections.
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S’interroger sur le niveau de confort des usagers tout en veillant au respect du Schéma Directeur de la Transition Energétique (SDTE).
Les acteurs sont le Cerema en partenariat avec le Conseil Départemental du Val-de-Marne (CD94).
En accord avec le CD94 et la Caisse des dépôts Île-de-France, financeur de l’étude à hauteur d’un tiers.
Le plan ABCD, un plan en plusieurs étapes
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Définition des objectifs et de la méthodologie ;
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Hypothèses structurantes sur le climat ;
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Caractérisation des aléas climatiques ;
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Contextualisation sur le parc bâti ;
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Proposition d’un plan d’actions ;
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Suivi et évaluation du plan.
Définition des objectifs et de la méthodologie
Ce plan se place dans un contexte international et local dense :
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International : en lien avec le GIEC et la COP21 ;
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National : Grenelle de l’Environnement et PNACC ;
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Régional : Schéma Régional du Climat, de l’Air et l’Energie de l’Ile-de-France ;
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Départemental : Plan Climat Air Energie Départemental et le SDTE.
Un périmètre, ainsi que les bâtiments concernés ont été définis en amont : les collèges, les crèches, les bâtiments de la Protection Maternelle et Infantile (PMI), les bâtiments administratifs, les espaces départementaux de solidarité (EDS), les bâtiments culturels, etc..., représentant au total 580 bâtiments.
Dès le départ en concertation avec le Conseil Départemental ont été définis les termes clefs : Adaptation, Aléa, Risque, Dérèglement climatique, Sensibilité, Résilience.
Hypothèses structurantes sur le climat
Les scénarios de projections climatiques
Ils sont caractérisés par l’évolution, au cours des années et jusqu’à 200, du bilan radiatif de la terre ou forçage radiatif (en W/m²) représentatif des concentrations de GES dans l’atmosphère (Radiative Concentration Pathway). Les scénarios climatiques retenus sont de RCP 8,5 pour celui vers lequel on se dirige et RCP 4,5 si l’on met en œuvre des actions dès maintenant. L’écart à l’horizon 2050 est assez faible, mais à partir de 2080 , ces scénarios divergent.
Des projections à des horizons temporels différents
Le projet propose des planches pour identifier les impacts du dérèglement climatique dans le Val-de-Marne à l’horizon 2050 et 2080 en fonction du scénario considéré.
La période climatique de référence s’étale sur 30 ans de 1976 à 2005 ;
Les épisodes climatiques prennent en compte :
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le nombre de jour de vagues de chaleur ;
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les nuits anormalement chaudes ;
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le cumul de pluies estivales.
Ces indicateurs, obtenus au pas de temps mensuel ont été comparés à des fichiers météo projetés au pas de temps horaire pour vérifier leur cohérence dans le cadre de simulation thermique dynamique. Les bâtiments construits ou rénovés aujourd’hui doivent être adaptés aux conditions climatiques futurs.
Ces perspectives qu’il est possible d’obtenir sur les bases de données mensuelles du Portail DRIAS sont reproductibles sur tous les départements de France.
Elle offre la possibilité d’extraire les fichiers sur 3 temporalités distinctes :
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Historique : météo représentative de la période 1961-1990 ;
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Contemporaine : météo représentative de la période 2000-2019 ;
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Future : météo corrigée sur la décennie choisie (de 2030 à 2100) avec un des trois scénarios du GIEC proposé (RCP 2,6, RCP 4,5, RCP 8,5).
Contextualisation sur le parc bâti
Le Cerema a réalisé des fiches aléas.
La première étape a été de définir quels aléas traiter à l’échelle d’un tel territoire :
Les aléas sélectionnés sont les suivants :
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Espèces invasives
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Fortes pluies
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Grand Froid
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Grand Vent
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Canicule
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Retrait Gonflement des Argiles (RGA)
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Neige
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Inondation
Pour chacun d’entre eux, a été rédigée une « fiche aléa » sur la base d’une trame type adaptée au Département :
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Description de l’aléa
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Aléas constatés
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Aléas projetés
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Cotation des aléas
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Impacts de l’aléa sur les bâtiments
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Acceptabilité sur le parc bâtiment
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Facteurs de risque
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Leviers d’action génériques
A chaque fois la notion du risque a été étudiée pour chacun d’entre eux et pour chaque bâtiment.
Le risque est le produit de la sensibilité du bâtiment à l’aléa par l’occurrence de l’aléa.
Méthodologie sensibilité et résultat
Pour calculer la sensibilité de chaque bâtiment à chaque aléa un outil a été créé avec une valeur par défaut en cas de données absentes.
En concertation avec le Département, du temps a été nécessaire pour figer la méthodologie adéquate.
Aléa par aléa, quelle(s) partie(s) du bâtiment sont importantes et qu’est-ce qui est discriminant.
Par exemple pour la canicule :
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Cotation de 1 à 5 de chaque élément impactant la sensibilité (murs, toiture, protections solaires, masques, etc.) a été effectuée.
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Une note a été calculée en pondérant chaque cotation par l’importance de chaque élément.
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Recalage de la note en fonction d’autres paramètres (îlot de chaleur, climatisation, etc.).
Cette méthode a été appliquée à tous les aléas.
Pour le Département, avec le réchauffement climatique en 2050, l’occurrence de la canicule est beaucoup plus fort que le risque grand froid et neige ou encore verglas.
Cette méthode permet de noter les bâtiments selon 5 critères de risque pour chaque aléa en se basant sur les trois scénarios climatiques : RCP8.5 - 2050 ; RCP4.5 - 2080 ; RCP8.5 – 2080.
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Critique
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Fort
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Moyen
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Faible
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Très faible
Proposition d’un plan d’actions
Cette phase est en cours de réflexion avec le CD 94 sur le niveau de précision du plan d’actions afin de le rendre le plus opérationnel possible au regard des urgences de rénovation.
Le plan d’actions est surtout axé sur les aléas où l’on peut avoir des « actions préventives » plutôt que sur les « actions correctives ».
A ce stade, le plan doit se décliner en plusieurs chapitres :
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Intégrer l’adaptation aux constructions neuves et aux rénovations lourdes, à travers la mise à jour des référentiels et des nouvelles exigences dans le cahier des charges des simulations thermiques dynamiques ;
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Les actions d’opportunisme, lorsque certains travaux ponctuels sont lancés ;
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Les actions en lien avec l’organisation des services et les usages du bâtiment ;
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Les actions programmées dans un plan d’actions à court/moyen terme. Cette programmation pourrait mixer des objectifs de baisse de bâtiments « très vulnérables » et des typologies de travaux à répéter sur de nombreux bâtiments (campagne d’installation de protections solaires par exemple).
Le nombre de bâtiment concerné par chaque action est chiffré à partir de la base de données construite.
Projet référent
Dans le dossier Le Cerema mobilisé pour adapter le bâti au changement climatique