4 octobre 2024
BHNS à Strasbourg
Claude TRUONG-NGOC - BHNS à Strasbourg
Le Salon European Mobility Expo qui a réuni 11 000 visiteurs s'est tenu du 1 au 3 octobre 2024. Le Cerema était présent, à travers des interventions sur des projets innovants, travaux de recherche et études sur de grands enjeux de mobilité. Retour sur les interventions du Cerema et les temps forts de ces trois journées.

Les spécialistes mobilités du Cerema sont intervenus au Salon European Mobility Expo sur plusieurs sujets d'actualité pour les acteurs des mobilités : logistique urbaine durable, adaptation des infrastructures au changement climatique, développement et accessibilité des transports en commun, aménagements en faveur des modes actifs ont par exemple fait l'objet de présentations par le Cerema.

 

Signature d'une convention Cerema - Transdev

Lors du salon, le Cerema et Transdev ont signé une convention de partenariat pour développer des actions en matière d'adaptation au changement climatique et de transition écologique des mobilités (cars express, pôles d'échanges, mutualisation TC/marchandises, sécurité bus-vélos-piétons). Plusieurs axes de travail sont envisagés :

  • Méthodes et d'outils pour les collectivités territoriales pour la mise en place d'action d'adaptation au changement climatique des services de mobilité
  • Méthodes et outils pour le déploiement de cars express et services express routiers (SER)
  • Expérimentation de pôles d'échanges connectés avec des voies structurantes d'agglomération
  • Benchmark des expérimentations de mutualisation de transports en commun de voyageurs et de transport de marchandises, et étude du potentiel en France
  • Etude nationale sur les accidents impliquant des bus (notamment BHNS) sous l'angle de la cohabitation/interfaces entre les bus et les usagers vulnérables., afin de formuler des recommandations pour la conception des lignes, la formation des conducteurs et l'information des usagers.


Programme InTerLUD+ – Émergence des politiques de logistique urbaine durable 

Le Cerema, l'Eurométropole de Strasbourg et Logistic Low Carbon ont présenté les retours d’expérience sur les nouvelles formes de gouvernance, plans d’action et outils dédiés. 

Intervenants :

  • Hélène DE SOLERE, Cerema, Co-directrice du programme InTerLUD+
  • Anne-Marie JEAN, Vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg, conseillère municipale déléguée et présidente du Port Autonome de Strasbourg
  • Jean-André LASSERRE, Logistic Low Carbon, Co-directeur du programme InTerLUD+

La prise en compte de la logistique urbaine par les collectivités a émergé à partir des années 2010 et durant une dizaine d'années n'a été traitée que par certaines grandes agglomérations dont l'Eurométropole de Strasbourg. Depuis 2020, les équipes du Cerema et de Logistic Low Carbon du programme InTerLUD puis InTerLUD+ sont allés à la rencontre des élus et des techniciens de plus de 150 collectivités pour montrer comment la logistique urbaine pouvait être un atout économique pour le dynamisme économique des territoires et quels étaient les différents leviers d'action des collectivité compétence en planification, réglementation, aménagement urbain, développement économique etc.... 

Aujourd'hui 57 collectivités sont accompagnées par le programme qui met à disposition un cadre et des outils méthodologique, propose des financements pour le recrutement de techniciens référents dans les territoires. La méthode proposée repose sur la mise en place d'instance de concertation entre tous les acteurs et se base sur un diagnostic partagé puis des temps de concertation pour travailler à des actions concrètes. 

Ceci permet aux acteurs privés de mieux comprendre les politiques publiques et aux techniciens appréhender la complexité et la diversité qu'est la logistique en ville. Le Cerema et Logistic Low Carbon accompagnent chaque territoire et chaque acteur : élu, technicien, professionnel dans une identification des enjeux du territoire et une co-construction de solutions adaptées à tous en vue d'une signature partenariale d'une charte de logistique urbaine.

Plusieurs territoires en sont maintenant à la réalisation d'actions : Anne-Marie Jean, vice présidente de l'Eurométropole de Strasbourg, a illustré ces propos par l'acheminement des chantiers en bord du Rhin via des péniches, ou encore de la distribution en centre urbain dense via une mixité fluviale-cyclologistique.

Dans tous les territoires accompagnés par InTerLUD+ des premières actions financées par le programme émergent et permettent de répondre aux enjeux de qualité de l'air, d'amélioration de la qualité de vie en ville tout en contribuant à une logistique performante - via des actions portant sur les aménagements des aires de livraison, la recherche de foncier pour des entrepôts en centre -ville, le déploiement de stations d'avitaillement en énergie propres...

InTerLUD+ souhaite via ce dispositif permettre aux territoires de monter en compétence et de poursuivre la démarche une fois le programme terminé, c'est pourquoi il propose également différentes formations à tous les acteurs et développe des outils "facilitateurs".

InTerLUD+ vous donne rendez vous le 5 décembre au Forum des Halles à l'occasion de la 3ième rencontre nationale InTerLUD+

 

Le site web InTerLUD + :

 

InTerLUD+

 

SNCF Réseau – Dérèglement climatique : quelle stratégie d’adaptation du réseau ferré ? 

Le Cerema était présent aux côtés de SNCF Réseau au salon EUMO de Strasbourg 2024 pour une conférence sur l'adaptation des infrastructures ferroviaires au changement climatique.

Intervenants :

  • Benoit CHEVALIER, SNCF Réseau, Directeur délégué aux grands projets amont et au changement climatique

  • Marie COLIN, Cerema, Référente technique en résilience des infrastructures et adaptation au changement climatique

Christophe Cazeau - TERRA

Lors de cette conférence, le Cerema a rappelé que les infrastructures ferroviaires doivent faire face à de nombreux aléas climatiques, qui semblent s'accentuer depuis quelques années : inondations, mouvements de terrain, canicules, feux de talus. Ces aléas impactent les infrastructures et ainsi, l'exploitation, les usagers et les territoires, ainsi que les politiques d'entretien et les coûts de gestion du réseau dans son ensemble. 

Avec le changement climatique, ces impacts pourraient encore s'aggraver. Au niveau mondial, les périodes de précipitations extrêmes pourraient ainsi être multipliée par presque 2 en 2030 et par 3 en 2100, avec des conséquences potentielles sur le risque inondation. Il est donc nécessaire de s'adapter.

Pour ce faire, le Cerema a développé une démarche intitulée ASAIT pour "Approche systémique pour l'adaptation des infrastructures de transport" composée de 10 étapes, qui visent à aider les gestionnaires d'infrastructures de transport à définir leurs objectifs de résilience, identifier leur exposition aux aléas climatiques actuels et futurs, analyser les risques dans un contexte de changement climatique pour identifier des solutions d'adaptation et définir une stratégie de résilience. Le Cerema a accompagné SNCF Réseau dans la mise en œuvre de cette démarche sur plusieurs de ses réseaux.

SNCF Réseau a ensuite présenté sa démarche pour améliorer la résilience de son réseau au changement climatique. Cette démarche repose sur le triptyque suivant :

  • progresser dans la connaissance, 
  • mettre en place des actions
  • développer des partenariats. 

Les solutions d'adaptation sont ainsi variées. Il est possible de protéger certaines infrastructures, par exemple en mettant des rails sur pilotis pour faire face aux inondations. Il est aussi utile d'agir sur l'adaptation de l'entretien et de la surveillance, et de l'exploitation et des fonctionnalités du réseau. 

SNCF Réseau a mis en place des suppressions préventives de trains en accord avec les autorités organisatrices de transport / des mobilités, et a peint avec une peinture blanche adaptée certaines de ses guérites pour en diminuer la température lors des canicules ou encore, met en place des partenariats avec les agriculteurs pour limiter l'impact des pratiques agriculturales sur le ruissellement des eaux pour éviter de dépasser les capacités des ouvrages hydrauliques du réseau ferroviaire. Mettre en œuvre des solutions d'adaptation a un coût qu'il est nécessaire de pouvoir évaluer pour mieux prioriser, en tenant compte également des durées de vie des infrastructures.

 

Retrouvez la fiche technique du Cerema sur la méthode ASAIT :

Les enjeux urbains du tramway : regards croisés entre Strasbourg et Vienne

Intervenants :

  • Christian SAUTEL, Cerema, Directeur de projets Insertion urbaine des transports en commun
  • Alain JUND, Vice-président de l'Eurométropole de Strasbourg
  • Alexandra REINAGEL, directrice du réseau TC de Vienne (Wiener Linien)

Le Cerema a introduit cette conférence en rappelant les particularités du "tramway à la française".

Historiquement, dans les années 1950 et 1960, les villes s’organisent autour de la voiture et presque toutes les lignes historiques de tramway sont démantelées.

Dans les années 1980-1990, la congestion est grandissante dans les villes. De grands élus locaux sont les pionniers du renouveau du tramway : le tramway à haut niveau de service (site propre, priorité aux feux, capacité, confort, accessibilité) reprend une partie de la place allouée aux voitures, et propose une alternative fiable et attractive à l’autosolisme.

Le "tramway à la française" ne se limite pas au système de transport, il traite le façade-à-façade, avec prise en compte de tous les usagers de la voirie. Les lignes historiques ayant été démantelées, les collectivités partent d’une "feuille blanche" et repensent la ville autour de leurs projets de tramway ; plus qu’un projet de transport, c’est un projet de ville.

Alain Jund, vice-Président de l’Eurométropole de Strasbourg, a ensuite retracé l’histoire du tramway de Strasbourg qui fête en 2024 ses 30 ans : réseau tramway supprimé en 1960, réimplanté en 1994 ; réseau en évolution, maillé, qui modifie largement les espaces publics (photos avant/après), et qui intègre notamment les modes actifs, et la nature en ville.

Alexandra REINAGEL, directrice du réseau TC de Vienne (Wiener Linien), a souligné les différences avec la France : Vienne est l’un des réseaux les plus anciens et les plus denses en Europe, dont le tramway historique n’a jamais été démantelé. Une part importante du réseau n’est pas en site propre. La modernisation a toutefois été engagée (réseau, matériel roulant), en intégrant les éléments de réussite du tramway à haut niveau de service.

 

Car express en cœur de ville : l’exemple de l’Ouest strasbourgeois

Intervenants :

  • Sandrine ROUSIC, Cerema
  • Frédéric VOEGEL, pilote des opérations du TSPO (Transport en site propre de l'Ouest strasbourgeois) sur M351 et Rocade Sud de Strasbourg, Département Grands Projets à l'Eurométropole de Strasbourg

Intervention à deux voix du Cerema avec l’Eurométropole de Strasbourg au salon EUMO de Strasbourg 2024 pour présenter les futurs aménagements multimodaux sur M351 en faveur des cars express.

L’Eurométropole de Strasbourg a souhaité un accompagnement du Cerema au regard de son expertise en infrastructures routières et en conception multimodale sur autoroutes. Pour répondre à la transition écologique en France, l’autoroute devient aujourd’hui un outil au service de la multimodalité et de l’intermodalité, pour désenclaver les territoires ruraux en proposant des services de cars express en direction des grandes métropoles congestionnées.

Aussi, les travaux en cours d’aménagement de voies réservées entre Wolfisheim et la M35 sur 5 km, et d’arrêts sur la M351 vont permettre de fiabiliser la circulation des cars express et la desserte voyageurs optimale dans l’ouest strasbourgeois. Le service performant et concurrentiel à la voiture va être très attractif pour les habitants.

La construction d’une station de transports en commun sur la M351 en connexion directe avec la ligne D du tramway est une première en France dans ce type de configuration en milieu urbain. La mise en service est prévue le 12 novembre 2024.

Le Cerema assiste l’EMS par le contrôle des études en phase conception (voies réservées TC et arrêts TC), et l’assistance en phase travaux lors de la construction et visite de sécurité avant mise en service. Le Cerema a également une mission d’évaluation de la signalisation des VRTC, en particulier l’expérimentation du marquage au sol.

 

Présentation d'un outil d’aide à la décision pour la transition énergétique des flottes de bus

Intervenants :

  • Florence GIRAULT, Cerema, Directrice de projet Services de mobilité et transition énergétique 
  • Alexandre CHASSE, IFPEN
Arnaud Bouissou - TERRA

Florence Girault, du Cerema, est intervenue mercredi 2 octobre, sur le stand du Gart, pour présenter avec Alexandre Chasse, de l'IFPEN, le développement d'un outil d'aide à la décision pour la transition énergétique des flottes de bus. Ce projet est réalisé en partenariat avec Efficacity et avec le soutien financier de l'Ademe. Il vise à outiller les autorités organisatrices de la mobilité dans l'élaboration de leur stratégie de renouvellement de leur flotte de bus vers des véhicules à faible émission (par exemple, électriques sur batteries ou à hydrogène, Biognv, etc).

Celles-ci doivent en effet respecter un cadre réglementaire ambitieux qui accélère la transition vers des véhicules utilisant des motorisations décarbonées et moins polluantes. L'objectif est de modéliser notamment l'évolution des coûts d'investissement et de fonctionnement, et l'évolution du bilan carbone de la flotte, selon des stratégies de renouvellement différenciées. 

La construction de cet outil se veut collaborative, afin de répondre aux attentes des territoires et des acteurs de la filière. L'intervention au salon EUMO EXPO a notamment permis d'échanger avec des AOM et des constructeurs sur une première version "prototype" de l'outil, des pistes d'amélioration à mettre en œuvre, et des cas d'usage pertinents à développer.

Les couloirs bus bidirectionnels à voie unique, un outil pour améliorer la performance des bus :

Intervenant :

  • Nicolas SPEISSER, Cerema
  • Olivier Delerue (Semitan) 
  • Damien Garrigue (Nantes Métropole)

Aménager des voies dédiées aux bus pour améliorer leur performance, tout en prenant en compte les piétons, les cyclistes, la circulation routière, le stationnement, la nature en ville… Les maîtres d’ouvrage sont aujourd’hui confrontés à des choix difficiles, d’autant plus sur les rues dont le profil en travers est contraint

Dans certaines configurations, il est possible d’aménager un couloir bus bidirectionnel à voie unique, ce qui permet d’améliorer le niveau de service des bus avec une emprise réduite. Le Cerema co-pilote un club d'échange international sur ces aménagements innovants, aux côtés de Nantes Métropole et de la Semitan. 

La présentation portait sur l’intérêt des voies uniques, les différents exemples étudiés en Europe, les recommandations techniques pour l'aménagement de ces voies innovantes, et la présentation d’un cas concret mis en service à Nantes. Cet échange a également permis de présenter la nouvelle fiche Cerema publiée en septembre 2024 et de la distribuer aux participants. La conclusion de la présentation portait sur les prochaines rencontres du club d'échange et sur les prochaines étapes, notamment l'étude d'un nouveau concept en Suisse et son adaptation à venir sur une ligne de bus nantaise.

Conférence GART-UTP - Accessibilité de nos réseaux de transport : le pouvoir de la donnée

Intervenants :

  • Pauline GAUTHIER, Cerema, Cheffe de projets Accessibilité de l'espace public au Cerema
  • Béatrice AGAMENONNE, Vice-présidente déléguée Mobilité et Transports à l’Eurométropole de Metz et vice-présidente déléguée accessibilité au GART
  •  Laëtitia MONROND, Directrice Accessibilité à SNCF Réseau
  • Muriel Larrouy, chargée de mission à la Délégation ministérielle à l'accessibilité
Arnaud Bouissou - Terra

Cette table ronde portait sur les enjeux de la collecte des données d'accessibilité : permettre à un maximum d'usagers de se déplacer en voirie et dans les transports de la manière la plus simple possible. Les données contribuent à garantir à tous le droit à la mobilité, et à alimenter les calculateurs d'itinéraires préférentiels. Le Cerema a rappelé les obligations réglementaires de collecter les données accessibilité dans les transports, en voirie sur les 200m autour des points d'arrêt prioritaires, ainsi que les formats standardisés de données :

  • pour l'accessibilité transports : profil NeTEx accessibilité France
  • pour l'accessibilité voirie : standard CNIG accessibilité du cheminement

Avec Muriel Larrouy, de la Délégation Ministérielle à l'Accessibilité, les sujets du PAVE (Plan de mise en accessibilité de la voirie et des aménagements des espaces publics), les synergies possibles entre le PAVE et la collecte des données ont été abordés. En effet, les données peuvent venir alimenter le diagnostic du PAVE, que ce soit à l'occasion de la révision ou l'élaboration de ce dernier, et donnent l'opportunité de programmer intelligemment les travaux de mise en accessibilité autour des arrêts prioritaires.

Afin d'aider les collectivités à collecter et exploiter efficacement leurs données, le Cerema a listé différents outils et ressources : l'outil Accès Libre Mobilités, le Guide de recommandations pour la collecte des données élaboré par la DMA, les livrables du Groupe de Travail du Réseau Accessibilité des Villes Inclusives, l'aide des Commissions communales d'accessibilité pour élaborer la programmation, l'outil QGIS créé par le Cerema avec la ville de Granville, puis développé par l'entreprise Someware.

Plusieurs collectivités ont déjà montré un intérêt pour le sujet de la collecte des données : Aix Marseille Métropole, Evian, Lorient, Nantes Métropole, Caen la Mer, Dieppe, Granville.

Débat sur la cohabitation piétons - cyclistes

Christelle FAMY, Cheffe de projets Politiques marchables et cyclables au Cerema, est intervenue aux côtés de la Fédération des Usagers de la Byciclette pour un débat sur la cohabitation piétons-cyclistes organisé par le Club des villes et territoires cyclables et marchables (CVTCM).

Avec le flux de cycliste qui augmente, les frictions entre piéton/cycliste augmentent également. C'est un sujet fortement médiatisé même si celui-ci n'est pas significatif au regard des chiffres d'accidentologie.

Néanmoins, ces tensions existantes soulignent que la cohabitation est un enjeu important de qualité d'usage de l'espace public, afin que celui-ci puisse accueillir tout le monde, le plus sereinement possible. Cette problématique pose, plus largement, la question de la place qu'il convient à donner à tous les modes (et pas que Piéton /cycle).

En plus des formations données sur les aménagements cyclables ou les aménagements piéton, le Cerema et la FUB ont souhaité croiser les regards portés sur ces deux modes et ont développé un "Atelier immersif cohabitation piétons-cycles". Cet atelier a rencontré un grand succès en permettant aux participants de se mettre en situation pour proposer des solutions concrètes. 
Riche de tous les échanges ayant eu lieu, une restitution des différents enseignements de l'atelier devrait bientôt être publiée.