A travers une série d'ateliers, le Cerema a accompagné la réflexion sur les risques présents sur le territoire et les leviers d'action à mettre en oeuvre.
Début 2020, la Communauté d’Agglomération des Portes de l’Isère – CAPI, accompagnée par le Cerema, a engagé une démarche d’acculturation des nouveaux élus au changement climatique, dans l’objectif de renforcer le volet adaptation du Plan Climat Air Energie Territorial et d’enrichir le plan d’actions associé.
Une problématique évolutive
La crise sanitaire avec ses nombreux impacts économiques, sociaux, a ensuite impacté le territoire. Sensible également à un accident technologique survenu en Normandie quelques mois plus tôt, la CAPI a alors décidé d’élargir son approche pour s’intéresser à une plus grande variété d’aléas et aborder la notion de la résilience territoriale.
Deux objectifs sont alors visés :
- L’un à court terme pour alimenter le projet de territoire en cours, par des actions de résilience
- L’autre à moyen terme visait à identifier des actions d’adaptation au changement climatique pour enrichir le PCAET
Afin d’aborder ces thématiques très diverses et de favoriser une approche transversale, la CAPI a constitué une inter-commission Résilience territoriale, réunissant les élus des deux commissions Gestion des risques et Transition écologique et énergétique et lutte contre les pollutions.
Trois ateliers pour passer de la découverte de la résilience aux actions prioritaires
La démarche adoptée s’est déroulée en 3 étapes, correspondant chacune à un atelier de travail collectif entre les élus.
1. S’approprier le concept de résilience du territoire
Début décembre, un premier atelier réunissant une quarantaine d’élus visait la découverte et l’appropriation de la notion de résilience territoriale. Pour cela les participants ont été conviés à associer des concepts en lien avec la résilience avec des articles issus d’une revue de presse d’événements locaux en lien avec la résilience, sélectionnés par la CAPI et le Cerema.
La restitution de ce travail a été complétée par des éléments théoriques apportés par le Cerema et illustrés sur la base de la revue de presse et des informations collectées lors d’entretiens auprès d’acteurs du territoire, menés par la CAPI avec l’appui du Cerema.
En fin d’atelier, les participants ont témoigné de leur prise de conscience de l'aspect systémique des enjeux du territoire, d'une vision plus large de différents aléas – climatiques, technologiques, énergétiques, environnementaux - pouvant impacter le territoire ainsi que de la possibilité qu'ils surviennent en même temps et / ou dans le même espace. Ils ont aussi mis l’accent sur leur ressenti d’urgence à agir apporté ou renforcé par l’atelier.
2. La boussole de la résilience pour identifier les leviers d’action
Mi-décembre, un deuxième atelier a été consacré à l’identification de premiers leviers articulés selon la boussole de la résilience. La quarantaine d’élus présents a pu découvrir cet outil avec une présentation du Cerema.
Puis, suite à une présentation du plan communal de sauvegarde (PCS) de la ville de Saint-Quentin-Fallavier, ils s’en sont approprié les 6 orientations et les 12 leviers en utilisant la boussole comme cadre d’analyse du PCS. Les participants ont ensuite été invités à identifier de nouveaux leviers pour renforcer la résilience du territoire de la CAPI, en complétant les leviers de la boussole non couverts par le PCS ou en enrichissant des orientations moins développées par le plan support de l’exercice.
L’atelier a permis de faire émerger l’enjeu de coopérer et l’importance de l’échelle intercommunale dans la construction de la résilience. Parmi les principaux leviers proposés, ceux relevant de la coordination des efforts, tel l’élaboration d’un document à l'échelle de la Capi pour informer la population des risques sur leur commune, de la mutualisation d’outils, de ressources ou de démarches, tel que tel le partage d’une base de données commune ont été fréquemment cités.
3. Définir les actions prioritaires
Fin avril, un nouvel atelier rassemblant une vingtaine d’élus avait pour objectif de sélectionner et d’affiner des actions prioritaires pour nourrir le projet de territoire. Afin de fonder les priorités sur le contexte et les enjeux territoriaux vis-à-vis de la résilience, un diagnostic simplifié du territoire a d’abord été présenté, visant à apprécier la vulnérabilité du territoire de façon qualitative.
Il comprenait une série de cartes présentant les aléas auxquels le territoire de la CAPI est susceptible d’être soumis, les sensibilités locales en matière d’habitat et d’urbanisation, d’activités et d’espaces agricoles, les plans et démarches existantes ou engagées pour anticiper et faire face à ces aléas, et des actions en cours. Cette présentation visait à proposer une vision de leur superposition, pour mettre en évidence que chaque point du territoire peut être impacté par plusieurs aléas. Ce diagnostic a aussi permis de faire émerger des points faibles, des zones où il est nécessaire de renforcer la résilience et des thématiques à creuser.
La synthèse des actions identifiées lors du précédent atelier a ensuite été exposée, venant en partie répondre aux besoins identifiés par le diagnostic. Sur ces bases, les élus ont été conviés à compléter et hiérarchiser les actions selon trois critères : facilité de mise en œuvre, urgence à réaliser, importance de l’impact de l’action.
Enfin, un temps de discussion collective a permis de sélectionner six actions à partir de la hiérarchisation, qui concernent les champs de la connaissance, de l’information et de la sensibilisation et celui de la coordination et la mutualisation des moyens et des démarches.
Une production basée sur l’intelligence collective, malgré la distance
Le contexte sanitaire a contraint la tenue des ateliers avec une participation à distance. Celle-ci a été rendue possible en utilisant de façon conjointe un outil de video conférence et un tableau de travail collectif numérique. Bien que peu familiers de ces outils, pour plusieurs d’entre eux, les participants se sont rapidement approprié la manipulation de post-it, gommettes et production collective et partagée à distance.
Les outils utilisés ont permis d’alterner des temps de présentation, d’échanges et de production en format plénier avec tous les participants et des séances de travail en petits groupes de 4 ou 5 participants. Ce format a de plus permis des enregistrements des ateliers, qui ont pu être diffusés, avec les supports co-créés, aux participants et aux élus n’ayant pas pu participer à ces séances.
Ces ateliers ont permis, outre une acculturation et une appropriation par les élus des deux commissions Gestion des Risques et Transition Ecologique et Energétique et lutte contre les Pollutions de la notion de résilience territoriale, d’appréhender une vision systémique des enjeux de leur territoire, de définir de premières actions pour en renforcer la résilience et d’initier une pratique de travail collectif et coopératif pour améliorer la vie présente et à venir de ses habitants.
La démarche va se poursuivre par la définition opérationnelle de ces actions, davantage orientées sur la prévention et la gestion des crises. Elles seront travaillées par les élus pour constituer des fiches actions détaillées précisant les conditions de leur mise en œuvre et alimenter le projet de territoire. En parallèle, il est prévu d’engager un travail plutôt orienté vers l’adaptation au changement climatique pour répondre au besoin de renforcement du plan climat air énergie territorial.