28 septembre 2023
vue d'un parc urbain à Rodez
Rodez Agglomération
Dans une optique d’adaptation au changement climatique, Rodez Agglomération a fait appel au Cerema pour diagnostiquer les îlots de chaleur sur son territoire et déterminer des solutions. Ce travail a été mené dans le cadre de l’appel à projets du Plan Régional Santé Environnement 3, "Promouvoir un urbanisme, un aménagement du territoire et des mobilités favorables à la santé".

L’agglomération de Rodez, située en Aveyron, devrait voir augmenter les températures moyennes par rapport à la période de référence de 1976 – 2005, notamment la nuit, ainsi que les pics de chaleur en été et des printemps plus chauds. Dans ce contexte, la surchauffe urbaine est un enjeu majeur pour assurer une qualité de vie aux habitants.

Pour la collectivité, le Cerema a travaillé sur trois volets complémentaires : 

 

Identifier les secteurs sensibles à effet de chaleur et des populations vulnérables

Dans un premier temps, les zones sensibles au phénomène d'’îlot de chaleur ont été cartographiées à partir d’images satellite SPOT-7 de 2020 ayant une résolution à 1,5 m. Ces zones sensibles ont été extraites avec la méthode LCZ (Local Climate Zones) via un algorithme adapté en interne, qui intègre des indicateurs de morphologie urbaine et des indicateurs d’occupation du sol.

Cette cartographie des îlots de chaleur a été complétée par une étude des populations vulnérables et des "lieux sensibles" qui peuvent accueillir ces populations (crèches, hôpitaux…).

 

Élaboration de fiches synthétiques par sites

jardin collectif dans un quartier d'immeublesEnsuite, les élus de l’agglomération ont retenu 4 sites représentatifs de la diversité des contextes et des solutions à mobiliser. Pour chacun d’eux, le Cerema a effectué un travail de terrain pour caractériser les déterminants de la surchauffe urbaine par une évaluation du confort thermique, réalisé un panorama des éléments de rafraîchissement présents ou marquants, et proposé des pistes d’amélioration. 

Ce travail a donné lieu à des fiches, reprenant de manière synthétique et illustrée, les éléments de diagnostic et les propositions.
Les 4 sites retenus sont les suivants :

  • En tissu urbain dense : le Mail de Bourran et l’espace bâti situé à l’ouest de ce dernier (vers l’hôpital) ;
  • Une zone d’activités : la zone de Cantaranne sur la commune d’Onet-Le-Château ;
  • Un établissement sensible et ses abords : l’école Charles Cayla à Sainte-Radegonde ;
  • Un lotissement : Les Genévriers à Sébazac.

 

Réalisation d’une boite à outils "sur quoi et comment agir"

La boîte à outils est un condensé de l’état de l’art en matière d’îlots de chaleur et de leviers d’action à destination des techniciens de l’agglomération de Rodez, en vue d’un partage des concepts et d’une mobilisation opérationnelle des différents leviers.

Cette boite à outils présente d’abord la notion d’îlot de chaleur urbain, qui est la différence de température observée entre les milieux urbains et les zones rurales environnantes, causée par plusieurs facteurs : les matériaux urbains qui rendent la chaleur durant la nuit, l’occupation du sol, la morphologie urbaine et le dégagement de chaleur par les activités humaines.
Le Cerema a exposé particulièrement la notion, plus vaste, de surchauffe urbaine qui est aussi bien diurne que nocturne.

 

 
La surchauffe urbaine est sensible à différents paramètres qui la favorisent

 

  • La morphologie de la zone : ombrage, circulation de l’air, stockage et restitution de chaleur par les matériaux…, 
  • Les émissions de chaleur liées aux activités humaines : moteurs thermiques des voitures, activités industrielles, climatisation des logements et locaux rejetant la chaleur vers l’extérieur, …
  • L’occupation du sol : minéral, végétal, couleur des revêtements (albédo)…

Dans un second temps, le Cerema a présenté les impacts des fortes chaleurs sur la santé. Les populations vivant dans des zones sujettes à la surchauffe urbaine, en particulier celles qui résident dans ces zones la nuit, présentent différentes vulnérabilités face aux pics de chaleur. Les plus exposées sont les plus précaires, les sans-abri notamment, les personnes à la santé fragile surtout lorsqu’elles occupent un logement de type "passoire thermique" ces personnes peuvent subir les effets d’une chaleur même modérée.

Les travailleurs directement exposés (exemple : travaux publics), les nourrissons et les personnes âgées, sont particulièrement vulnérables aux températures élevées. Même les adultes en bonne santé, en particulier s'ils mènent une vie sédentaire et restent à l'intérieur, peuvent être affectés par des épisodes de chaleurs longs et prononcés.

C’est bien l’ensemble de la population qui est exposé et fragilisé lors d’épisodes de fortes chaleurs puisque les organismes humains ont davantage de difficultés à se reposer avec, néanmoins, d’une part :

  • Différents degrés de vulnérabilité, avec un risque maximal pour les personnes âgées de plus de 75 ans, surtout si elles sont précaires ;
  • Une grande variabilité du risque sanitaire selon l’environnement urbain, singulièrement aggravé dans des secteurs résidentiels très compacts et peu végétalisés bâtis dans les années 50 ou 60.

Avenue végétalisée de Rodez menant vers l'égliseUne troisième et dernière partie de la boîte à outils détaille différents leviers sur lesquels la collectivité peut agir. L'objectif principal est d'améliorer le confort thermique des résidents urbains, même pendant la saison estivale. Ce confort est influencé par plusieurs facteurs, notamment l'exposition à la lumière du soleil, la force du vent, le niveau d'humidité, les températures et des facteurs physiologiques.

En outre, l'effet îlot de chaleur urbain a pour conséquence d'augmenter la pollution atmosphérique. Pour relever ce défi, diverses solutions notamment celles fondées sur la nature peuvent être mises en place.

Dans cette étude, une attention particulière a été portée aux espaces publics, car ils sont fréquentés par de nombreuses personnes et jouent un rôle crucial dans la création d’une ambiance climatique préservant la santé des habitants et des passants.

Diverses solutions concourent à ce double objectif de santé et de confort thermique
  • Les solutions vertes et bleues, fondées sur la nature, impliquant l’eau et le végétal comme les parcs, les noues ou les plans d’eau, les toitures végétalisées…
  • Les solutions grises, mobilisant les infrastructures urbaines comme les revêtements, le mobiliser urbain ou les bâtiments, afin d’adopter des formes urbaines bioclimatiques, de favoriser l’évapotranspiration, d’apporter de l’ombre, d’isoler les bâtiments…
  • Les solutions douces, basées sur les comportements humains et la gestion urbaine (exemple : favoriser les modes actifs et réduire la circulation automobile).