Cinq projets en faveur de la biodiversité, déposés par le Cerema, ont été retenus par l’Agence de l’Eau Artois-Picardie dans le cadre de son appel à initiatives pour la biodiversité, lancé en 2016. Ces cinq projets, qui concernent les continuités écologiques, un passage à faune ou encore la lutte contre une espèce exotique envahissante, ont débuté en 2018 et ont pris fin en 2019.
LUTTE CONTRE LA RENOUÉE DU JAPON ET VALORISATION DES DÉCHETS DE FAUCHE PAR MÉTHANISATION
Le Cerema a mené en 2018 une étude pour déterminer si une filière d’élimination des exports de coupe de renouée du Japon pouvait être mise en place dans la région Hauts-de-France.
La Direction Interdépartementale des Routes (DIR) du Nord avait sollicité le Cerema en 2014 pour l’aider à sensibiliser les agents d’entretien aux espèces exotiques envahissantes présentes sur les bords des routes dont elle a la charge. Parmi ces espèces, la Renouée du Japon posait une difficulté particulière car elle est difficile à éliminer et se développe rapidement. Le Cerema avait alors proposé à la DIR Nord une méthode afin de cartographier les massifs de renouée sur son réseau. En 2015, toujours avec et pour la DIR Nord, le Cerema a suivi deux expérimentations pour lutter contre la renouée du Japon, via le bâchage des plantes afin de supprimer la lumière (facteur important dans leur développement), et via la mise en place de pâturages par des chèvres rustiques, pour lesquelles la renouée du Japon est très appétissante.
CONFLITS ENTRE CONTINUITÉS ÉCOLOGIQUES ET INFRASTRUCTURES DE TRANSPORT : IDENTIFICATION DE SECTEURS PRIORITAIRES D'INTERVENTION
Le Cerema a accompagné la démarche d’identification des continuités écologiques au niveau régional, en développant une méthodologie à l'échelle du bassin pour identifier les zones de fragmentation prioritaires.
Les politiques publiques régionales a fait de l’amélioration des continuités écologiques aux abords des infrastructures de transport (routes, voies ferrées, canaux…) une priorité. Il identifie des actions prioritaires selon les écopaysages, en premier lieu assurer la continuité des massifs forestiers, réduire l’effet de coupure de ces infrastructures et améliorer la franchissabilité des canaux pour les animaux terrestres.
En 2015, le Cerema avait déjà travaillé sur cette problématique à la demande de la DREAL. Il avait défini une méthode pour, à partir de l’étude de trois écopaysages de la région, quantifier leur fragmentation par les infrastructures de transport, et caractériser la part des différents réseaux dans cette fragmentation. L’objet de cette nouvelle étude retenue par l’Agence de l’Eau Artois-Picardie est d’étendre cette méthodologie à l’ensemble du territoire de Bassin, afin d’aider à cibler des zones de fragmentation sur lesquelles il convient d’intervenir en priorité.
Le bassin Artois Picardie est situé dans une région dont le maillage des infrastructures est très dense, et est très concerné par la question de la continuité écologique. L’étude a permis d’identifier les zones de conflit entre les continuités écologiques et les infrastructures de transport, mais aussi de prioriser les zones où de forts enjeux sont présents. En parallèle, un retour d’expériences sur les actions de restauration au niveau régional a mené à un recueil de fiches. Sur la base d’investigations, elles apportent des informations qui seront utiles pour les maîtres d’ouvrages de futures opérations.
AMÉLIORER LA CONNAISSANCE DES CHIROPTÈRES ET DE LEURS COMPORTEMENTS PRÈS DES INFRASTRUCTURES
Les politiques publiques cherchent désormais à préserver les populations de chiroptères, dont la vulnérabilité est accrue par la forte présence d’infrastructures de transports. Afin de mieux les préserver et d'établir des corridors écologiques, le Cerema a proposé à l’Agence de l’Eau Artois Picardie une étude portant sur l’ensemble du territoire des Hauts-de-France, afin de localiser les zones de conflit entre les chiroptères et les infrastructures.
En 2016, le Cerema avait réalisé une étude sur le comportement des chiroptères (chauves-souris) aux abords des infrastructures de transport routières, sur des zones à enjeux dans le Nord et en Picardie. Ce travail avait débouché sur la réalisation d’une carte de chaleur, basée sur l’occupation du sol, afin de déterminer les secteurs où les chiroptères se trouvent probablement. Cette carte a été étendue à l’ensemble de la région des Hauts-de-France dans le cadre du projet soumis à l’Agence de l’Eau Artois Picardie.
L’étude de 2016 a également permis de suivre, via des écoutes actives et passives, des secteurs routiers identifiés comme à possible enjeu, après croisement de la carte de chaleur et de celle du réseau routier à fort trafic dans le département du Nord. Les écoutes ont permis de confirmer les zones à enjeux identifiées via cartographie, et même d’estimer les effectifs de chiroptères sur ces secteurs où les risques de collision sont importants.
Quatre points d’écoute ont ainsi été réalisés sur le département du Nord et un sur le département du Pas-de-Calais, au moyen d’enregistreurs ultrasons. Ces écoutes ont permis d’accroître les connaissances sur les chiroptères et de dégager des pistes d’amélioration de la transparence et de la continuité écologiques pour les chiroptères qui vont chasser dans les zones humides.
Le projet proposé par le Cerema à l’Agence de l’Eau Artois Picardie s’inscrit dans les orientations du plan national d’Actions Chiroptères, renouvelé pour la période 2016 – 2025. En effet, celui-ci recommande d’augmenter les connaissances sur les chiroptères et les infrastructures de transport, et sur leur utilisation des ouvrages d’art comme gîte.
De nouvelles écoutes ont été réalisées sur les cinq sites déjà étudiés en 2016, toujours avec des écoutes actives et passives mais aussi des caméras thermiques, pour mieux comprendre le comportement des chiroptères aux abords de ces axes routiers. Ces enseignements complémentaires ont été utiles notamment pour proposer des aménagements afin de préserver ces espèces et améliorer les continuités écologiques.
Pour rappel le projet comportait 3 grands axes :
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Réaliser une « carte de chaleur » à l’échelle de la région Hauts de France, afin d’identifier les zones potentielles de présence de chiroptères.
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Les écoutes aux abords des routes sur des secteurs à enjeux de collisions appuyés par la caméra thermique pour confirmer la traversée ou non de la route.
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Une note de sensibilisation à destination des gestionnaires de ces ouvrages réalisée pour leur donner des recommandations utiles lors des interventions d’entretien ou lorsqu’ils constatent la présence d’une colonie.
RESTAURER LA CONTINUITÉ DU PASSAGE DE LA DRÈVE DE BASSY EN FORET DE RAISMES-SAINT-AMAND-WALLERS
Ce projet avait pour objectif de réhabiliter un passage sous l’autoroute A 23, de façon à permettre la continuité écologique et la circulation de la faune terrestre dans cette forêt domaniale. Celle-ci comporte une importante biodiversité, et l’ouvrage est situé à la croisée de plusieurs unités écologiques (mares, étangs, landes, tourbières et marais…) entre lesquelles les animaux se déplacent.
Ce massif forestier est fragmenté par les infrastructures de transport, dont l’autoroute qui le traverse d’est en ouest, ce qui entraîne un appauvrissement de la biodiversité. L’A 23 est grillagée, si bien que le seul passage possible pour les animaux est celui qui passe sous l’autoroute.
Le passage, tout en béton, doit être adapté pour favoriser la circulation des mammifères, notamment des chauves-souris qui sont protégées. Par exemple, pour les amphibiens qui fréquentent les mares situées de part et d’autre de l’ouvrage, les surfaces en béton sont un frein important. Par ailleurs, le point le plus bas du passage est régulièrement inondé, ce qui empêche le passage de certains animaux.
Pour cette première phase, le Cerema a d’abord effectué une analyse de l’état initial en inventoriant différents groupes d’animaux concernés par le projet (micro mammifères, grands mammifères, chauves-souris, amphibiens, reptiles), en analysant l’utilisation du passage en élargissant la réflexion dans un rayon d’au moins 100 mètres autour du passage.
Le Cerema a ensuite proposé plusieurs solutions pour favoriser le passages de la faune, notamment en préconisant l’installation d’un grillage de guidage vers le passage et l’aménagement d’accotements végétalisés et perméables. Des mares seront également aménagées de part et d’autre du passage.
CRITÈRES ÉCO-ÉTHOLOGIQUES POUR RESTAURER LES CONTINUITÉS ÉCOLOGIQUES AU DROIT DES OUVRAGES DE FRANCHISSEMENT D’INFRASTRUCTURES DE TRANSPORT.
Le Cerema a réalisé une étude pour le compte de l’Agence de l’Eau Artois Picardie et de la direction des infrastructures de transport (DIT) du ministère de la Transition écologique et solidaire, afin d’analyser les critères éco-éthologiques qui doivent être pris en compte pour restaurer une continuité écologique dégradée. Par ailleurs, il a proposé une méthodologie d’analyse afin d’améliorer la fonctionnalité écologique d’ouvrages jouxtant des infrastructures de transport.
L’amélioration des continuités écologiques de part et d’autre des infrastructures de transport est l’une des priorités des politiques publiques. Précédemment, le Cerema a proposé une méthode pour quantifier la fragmentation d’un territoire par les infrastructures de transport et hiérarchiser l’impact de chaque type d’infrastructure (ferroviaires, routières, fluviales).
Ce nouveau projet a porté sur l’ensemble du territoire des Hauts-de-France. Une première phase a consisté, via une étude bibliographique, à comprendre comment les différents animaux utilisent les passages. Divers critères éco-éthologiques qui influencent les continuités écologiques au droit d’ouvrages d’infrastructures ont été identifiés, notamment :
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des caractéristiques de la biologie de l'espèce : ses sens, capacités cognitives, comportements (dont prospection), capacités de déplacement et de dispersion ;
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des caractéristiques propres à l'individu : les caractéristiques génétiques de l'individu pouvant modifier les critères précédents ;
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des caractéristiques du site : détectabilité, accessibilité, facteurs abiotiques (bruit, lumière, odeurs, type de sol...) et biotique (congénères, prédateurs, ressources alimentaires , abris..)
Lors d’une seconde phase du projet, le Cerema a synthétisé et analysé ces facteurs éco-éthologiques pour proposer une méthodologie permettant d’améliorer la fonctionnalité écologique d’ouvrages existants. Cette méthodologie doit permettre aux propriétaires et aux gestionnaires d’ouvrages de franchissement d’identifier les solutions à mettre en œuvre pour restaurer la meilleure fonctionnalité écologique.
Enfin, la méthodologie a été testée sur quatre sites comportant des ouvrages de franchissement existant. Des propositions, autant que possible peu coûteuses, ont été faites afin d’améliorer la fonctionnalité écologique.