8 octobre 2018
Écoduc avec clôture à grande faune doublée d'une clôture à petite faune (à gauche) sous l'autoroute A73, Québec, Canada
Le Cerema publie un rapport sur la colonisation par la végétation des passages sous les infrastructures, basé sur une étude de dix ouvrages présentant des sections d’ouverture de 16 à 120 m². Il propose des aménagements des ces passages inférieurs afin de favoriser le développement de la végétation, aussi bien terrestre qu'aquatique.

Une végétalisation importante pour le passage de la faune

Couverture du rapportLes passages sous les infrastructures (appelés passages inférieurs ou PI) offrent à la végétation des conditions mésologiques [1] modifiées et peu favorables (éclairement réduit, présence d’eau moindre pour la végétation terrestre, nature du sol parfois modifiée, etc.).

Il est couramment observé que la végétation terrestre et aquatique se réduit fortement, et peut même disparaître, dès les premiers mètres sous les passages les plus sombres.

Cela entraîne de nombreux dysfonctionnements:

  • la rupture des conditions d’habitat propres à la présence de la végétation, avec un impact sur la continuité écologique, autant pour la faune terrestre que pour la faune aquatique (par exemple : augmentation de la distance à franchir pour les animaux, impact de la prédation dans les zones découvertes, etc) ;
  • pour les ouvrages hydrauliques : l’absence de protection de berges par la végétation, obligeant par exemple les aménageurs à avoir recours à des enrochements.

Plusieurs facteurs ont un impact sur le développement de la végétation dans ces passages inférieurs: l'éclairement, l'hygrométrie du sol, la nature et l'épaisseur du sol, mais aussi la température de l'air, ou les caractéristiques physico-chimiques naturelles et artificielles du sol. 

 

Des recommandations pratiques

Relevé de terrain dans un passage à faune
Relevé de terrain dans un passage inférieur. Crédit : A. MORAND - Cerema 

Le Cerema a une expérience ancienne en matière de franchissements des infrastructures par la grande et petite faune terrestre et aquatique.

Néanmoins, la caractérisation et les raisons de l’absence de colonisation par les végétaux des PI, n’ont pas fait l’objet d’études spécifiques à ce jour par le Cerema, et la recherche bibliographique effectuée a mis en évidence l’absence de publication.

Cette étude du Cerema, qui porte sur une analyse d'une dizaine de passages de différents types, poursuit deux objectifs principaux:

  • caractériser la végétation (notamment sa régression) dans les PI en fonction des caractéristiques de ces derniers et des paramètres mésologiques ;
  • définir les caractéristiques des PI permettant d’avoir une meilleure végétalisation et définir des pistes d’amélioration pour les ouvrages existants.

La dernière partie du rapport propose des aménagements des passages inférieurs destinés à améliorer leur végétalisation.

Ceux-ci portent aussi bien sur la conception (réduire la longueur couverte, prévoir une section d'ouverture et tirant d'air suffisants, aménager le passage pour la végétation du pied sec, pour la végétation des berges ou encore pour la végétation aquatique), que sur l'implantation de la végétation dans ces passages inférieurs. 


[1] Relatif aux caractéristiques du milieu de vie des espèces. Les paramètres mésologiques d’une plante sont : l’éclairement, l’humidité,etc.