1 avril 2021
Vue de l'entrée du passage sous la route avec de la végétation
Cerema
Le Cerema a réalisé une étude pour diagnostiquer la fonctionnalité écologique de deux passages agricoles sous une route nationale dans une zone ciblée par la Trame Verte et Bleue, afin de mieux la prendre en compte lors de l’entretien ou la réparation des ouvrages. Pour cela, une méthode utilisant des pièges photographiques a été mise au point.

Les ouvrages qu'il soient ou non conçus pour la faune, permettant la circulation des animaux sous les infrastructures, sont essentiels pour assurer la continuité écologique des territoires. Il est donc important, lors de rénovations ou de travaux, de préserver ces fonctions écologiques, et dans un premier temps de les évaluer.

 

Identifier l’utilité des passages pour la faune

couverture du rapportLe comblement d’un passage situé sous une route nationale se trouvant dans un état dégradé était envisagé en raison d’un coût élevé de réparation, mais la Direction Interdépartementale des Routes (DIR) a d’abord souhaité connaître son intérêt en termes de continuité écologique.

Elle a sollicité le Cerema pour étudier les fonctionnalités écologiques de ce passage agricole constitué d’une buse métallique passant sous la RN 42, situé dans une zone, ciblée par le Schéma Régional de Cohérence Ecologique - Trame Verte et Bleue, de prairies et bocages qui sont des réserves de biodiversité. Ce passage qui n'a pas été conçu à l'origine pour le passage des animaux se trouve à 200 m d’un ouvrage similaire, intégré à l’étude.

La route qui surmonte l’ouvrage constitue un obstacle important pour la faune par sa largeur, son important trafic (10.000 véhicules par jour), l’absence d’autre passage adapté sur 2 km de chaque côté, et le fait qu’elle est construite sur un remblai.

Ces fonctionnalités, c’est-à-dire le rôle rempli par ces ouvrages dans la continuité écologique au niveau de la route, doivent donc être prises en compte dans les programmes d’entretien et de réparation des ouvrages et de leurs abords.

 

Des pièges photographiques pour observer les animaux

Le Cerema a mis au point une méthode d’évaluation basée sur l’observation durant 1 an du comportement des animaux dans l’environnement des passages, combinée à une analyse de critères spécifiques des ouvrages, pour définir leur niveau de fonctionnalité. Cette méthode a été élaborée à la suite de travaux antérieurs qui ont donné lieu à la publication de guides pour la création et l’entretien des passages à faune, et de la réponse du Cerema à un appel à initiatives pour la biodiversité de l’Agence de l’Eau Artois Picardie.

Il s’agit d’examiner l’éco-éthologie, qui consiste en "l’étude de l’influence du milieu (qui inclut les autres organismes, y compris les autres individus de la même espèce) sur le comportement des animaux et l’évolution de celui-ci" (Mauer, 2016). L'objectif est de comprendre à quels facteurs réagissent les différentes espèces pour comprendre comment ils se comportent autour de l’infrastructure et des passages.

 

Le Cerema a procédé en plusieurs étapes :

  • L’identification des enjeux dans la zone des ouvrages, (milieux, habitats, espèces présentes, parmi lesquelles le Muscardin, mal connu mais dont la population est en déclin).
  • L’étude de l’état des ouvrages via une visite sur le terrain : en effet, pour que les animaux les utilisent, ils doivent par exemple être visibles, avoir un peu de végétation au sol sans être encombrés, être accessibles, se trouver sur des points de passage, être peu bruyants…
  • 7 campagnes de piégeage photographique pour suivre le comportement des animaux sur toutes les saisons.
chevreuil photographié de nuit en automne
Chevreuil photographié de nuit lors de la campagne menée en automne 2018

Des pièges photographiques (un système constitué de deux appareils photo en vis-à-vis pour capturer l’image des animaux en mouvement) ont été installés de chaque côté des passages et dirigés vers l’entrée, pour savoir si l’animal est entré et s’il a traversé le passage.

Un autre dispositif a été installé au niveau du chemin d’accès qui longe la route.

Les clichés ont permis d’identifier 11 espèces utilisant le principal passage, essentiellement des fouines (218 contacts) et des chats (42 contacts), ainsi que des blaireaux et deux chevreuils.

14 espèces ont été identifiées sur le second passage, principalement des lièvres (121 contacts) et des rats mais aussi des renards, deux putois, un chevreuil et deux blaireaux. Les freins potentiels pour les animaux ont ensuite été identifiés grâce aux critères évalués lors des visites et à l’observation des comportements animaux.

L’étude a montré le potentiel de ces ouvrages dans le maintien de la continuité écologique, car ils sont utilisés de manière complémentaire par plusieurs espèces pour la traversée de la route.

Par conséquent, des mesures pourraient être prises en plus de la conservation de ces buses pour améliorer la transparence écologique de la RN42, par exemple assurer la visibilité des entrées, réduire la lumière des phares aux abords de la route, guider les animaux vers les passages ou réduire l’incidence du bruit.

 

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