Parmi les sujets abordés: la logistique durable, le report modal, l'articulation public - privé, l'innovation, les enjeux énergétiques.
L'Essentiel des Assises du Port du Futur est un document de synthèse qui reprend les grands éléments des tables rondes et de la session innovation qui ont eu lieu lors des Assises organisées par le Cerema les 24 et 25 septembre 2019 à Lille.
Les Assises sont organisées par le Cerema avec un réseau de partenaires la Direction Générale des Infrastructures, des Transports et de la Mer (DGITM) du Ministère de la Transition écologique(MTE), l’Union des Ports de France, les Pôles Mer, les Pôles de compétitivité Novalog et I-trans, le Cluster maritime français, le club territoire maritime et portuaire de la Fédération nationale des Agences d’Urbanisme.
Les grands sujets des Assises 2019
Hinterland et report modal: entre stratégie nationale et initiatives locales
Le rapport sur la compétitivité de la chaîne logistique française remis au Premier ministre le 16 septembre 2019 par Eric Hémar, PDG d’ID Logistics et Président de l’Union TLF et Patrick Daher, PDG du groupeDaher, rappelle qu’en Allemagne et aux Pays-Bas, 50 % des pré- ou post-acheminements sont massifiés sur le fleuve et sur le fer alors qu’en France ce taux franchit tout juste les 13 %.
Les deux rapporteurs ont été frappés du décalage qui existe pour les flux de conteneurs entre les deux grands hubs de Rotterdam et d’Anvers où la route ne pèse pas plus de 50 % des pré- et post-acheminements, et les grandes portes d’accès internationales françaises où elle se situe autour de 85 %. En partant de ce constat, le rôle des ports dans la réussite du report modal est questionné dans cette table ronde qui a notamment porté sur le transport fluvial et les initiatives du secteur privé pour faciliter le report modal.
Cette table ronde a permis de dresser le constat suivant: aux deux bouts de la chaîne logistique, le besoin de massification se fait sentir. Les ports sont des noeuds de massification stratégiques au sein des chaînes logistiques. Les acteurs publics mais aussi privés ont un rôle à jouer pour que la France rattrape son retard en termes de report modal.
Les ports acteurs de logistiques urbaines durables
Dans un contexte de congestion des coeurs de ville, de pollution atmosphérique, d’accélération du changement climatique, d’explosion du e-commerce, la distribution urbaine est un enjeu central. Aujourd'hui, les villes se dotent progressivement de chartes de logistique urbaine durable, co-construites avec l'ensemble des acteurs.
Le report modal offre des solutions adaptées pour gagner en compétitivité et en limitation des impacts environnementaux aussi bien pour la pénétration de l’hinterland que pour la pénétration des villes avec la logistique urbaine. Le fluvial est un des leviers de la transition écologique et énergétique.
Des exemples d'initiatives, menées par les Ports de Lille, la CNR ou le Port de Bruxelles ont permis d'illustrer le développement de ces solutions, dont la mise en place nécessite une étroite coopération entre collectivités urbaines et porteurs de projet. De nombreuses autres initiatives sont encore nécessaires. Il apparaît que le port a un rôle d’intermédiaire essentiel à jouer entre collectivités et entreprises porteurs de projets.
Session innovation : les trophées port du Futur
Chaque année, un concours d'innovations est organisé dans le cadre des Assises, afin de récompenser des solutions répondant aux besoins du monde portuaire et de ses partenaires (professionnels du transport et de la logistique, bureaux d'études, entreprises et industriels...).
Le document présente l'ensemble des projets soumis. Trois lauréats ont été désignés dans trois catégories:
Numérique: service de caractérisation environnementale par satellite de I-Sea
Un service de caractérisation environnementale par satellite qui répond aux besoins des opérateurs portuaires et EMR, et de la communauté maritime plus généralement, de disposer des technologies les plus avancées et pertinentes pour l’appui à la prise de décision visant la réduction des effets et impacts des travaux en mer sur la qualité de l’eau.
Il se positionne aussi bien en amont en appui aux études d’impact (la ressource satellitaire est alors exploitée pour appuyer l’état initial), que pendant la phase travaux. Dans ce second temps, l’outil satellite vient compléter les dispositifs traditionnels par une vision réelle, dynamique, de la situation sur la zone chantier et les zones littorales adjacentes. Le Port Atlantique de La Rochelle, qui a été pionnier dans l’appropriation de cette nouvelle technologie, est le grand témoin utilisateur et partagera son retour d’expérience.
Infrastructures : Recycler les amarres des navires (projet Amarcrete)
Le projet AMARCRETE vise à valoriser les amarres des navires mises au rebut, aujourd'hui non recyclées, pour des applications dans la filière béton. Labellisé parle Pôle Mer Bretagne Atlantique et co-financé par l'ADEME, l'étude consiste à déterminer la faisabilité d'incorporer des fibres issues d'amarres recyclées dans le béton.
Ce projet consiste à définir les types de béton et les applications potentielles pour lesquels ces fibres apportent un gain mécanique significatif afin de se substituer aux fibres polymères traditionnelles.
Navires : Une barge multiservices autopropulsée (Ports du Sud de la France)
Ce projet partenarial mené au port de Sète visait à développer une barge zéro émission et multi services pour fournir de l'énergie électrique aux navires en escale grâce à une pile à hydrogène "vert", ainsi qu'à éliminer les déchets de bord sans émission polluante.
Le système GreenHarbour est modulaire et évolutif, et peut être embarqué sur des barges mobiles autopropulsées. Il peut être adapté aux différents besoins des ports, avec des gammes de puissance variées, en fonction de la typologie des différents navires et de leurs besoins à l'escale.
Le ravitaillement est facilité par un stockage hydrogène à haute pression pré-installé dans des conteneurs standards qui rechargeables là où se trouvent les stations hydrogène haute pression ou les centres de conditionnement dédiés. Les conteneurs de stockage sont ensuite livrés à bon port pour être chargés sur la barge contenant la pile à hydrogène (swapping des conteneurs vides et pleins).
Les sessions techniques
Acteurs publics, opérateurs privés et investissements portuaires ?
Cette table ronde a permis d'illustrer les nouveaux équilibres qui se dessinent tant au niveau international que national ou régional dans les montages financiers ou juridiques accompagnant le développement des projets, dans un contexte où le secteur privé s'intéresse de plus en plus aux ports.
De nouveaux modèles de gouvernance émergent, et la table ronde a permis de permis de présenter la stratégie d'un opérateur privé pour l'équipement d'infrastructures portuaires et fluviales et celle d'une collectivité menant une démarche d'investissement.
Le débat qui s’est instauré suite de ces trois présentations portait sur les questions de spécialisation, de concurrence et de complémentarité des ports. La stratégie nationale portuaire ayant vocation à partager les stratégies dans un contexte d’indépendance des collectivités territoriales, sachant que la privatisation n’est pas un sujet en France : les ports représentent un actif stratégique, l’autorité portuaire doit rester nationale tant en métropole qu’en outre-mer.
La place portuaire, espace d'innovations
Les ports peuvent être considérés comme des zones d’expérimentation privilégiées. Les échanges de cette table ronde ont tourné autour de l’innovation des ports et ont été centrés autour de deux thématiques fortes.
La première concernait les pôles de compétitivité avec pour rôle l’accompagnement des acteurs de l’innovation portuaire. Quant à la seconde thématique, elle s’est portée sur la mise aux normes des équipements des capitaineries pour assurer la e-navigation dans les ports.
Cette table ronde a montré que les projets innovants nécessitent bien souvent des collaborations, et c’est particulièrement le cas pour le numérique.
Le rôle des pôles de compétitivité en tant que catalyseur de ces innovations est primordial et cette table ronde l’a bien illustré.
Le port distributeur et producteur d'énergie
Les deux dernières sessions de l’édition 2019 des Assises du Port du Futur étaient consacrées à l’énergie. À un moment où la transition énergétique s’impose, les ports maritimes comme fluviaux se positionnent désormais sur la distribution et la production de l’énergie.
En matière d'énergies renouvelables, les zones portuaires ont de nombreuses opportunités à saisir, notamment par leur implantation, leur taille et leurs activités.
La deuxième table ronde de cette session s'est penchée sur les réponses équilibrées à apporter alors que les besoins énergétiques ne cessent d’augmenter, et sur la préparation de l’après pétrole. L’innovation est un levier, et peut apporter des réponses concrètes aux contraintes économiques, climatiques et sociales.
Cette table ronde a montré que le processus de transition énergétique est engagé et que les ports ont un rôle important à jouer.
Il faut s’attendre à des disruptions soit dans les réglementations nationales pour accélérer le rythme de décarbonation de l’économie, soit grâce à des technologies plus matures : certains misent ainsi sur l’hydrogène.
Dans un contexte environnemental de raréfaction des ressources, les zones portuaires se trouvent en première pour aider les industriels, à la fois dans la logistique et les aménagements et pour optimiser leur consommation énergétique. Le développement en faveur des énergies renouvelables est aussi l’occasion de gagner en attractivité et de pérenniser leurs activités.
Pour télécharger l'Essentiel des Assises du Port du Futur 2019 :