L’artificialisation des sols menace la biodiversité dont la préservation est un objectif au niveau national comme international. Parmi les objectifs du Plan biodiversité lancé en 2018 il y a celui de "Limiter la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers pour atteindre l’objectif de zéro artificialisation nette".
Les chiffres disponibles aujourd’hui, qui vont du 1er janvier 2009 au 1er janvier 2018, ont été analysés par le Cerema afin de comprendre quels sont les mécanismes de l’artificialisation. L’objectif fixé par les pouvoirs publics est en effet d’atteindre le "zéro artificialisation nette", mais 23.907 hectares ont encore été pris par l’urbanisation sur les sols naturels et agricoles en 2017, ce qui représente la surface de la ville de Marseille (24.060 hectares).
Il est donc important de comprendre pour quelles raisons et comment les sols sont artificialisés, et quelle est la dynamique derrière ce processus.
L'artificialisation: état des lieux
Un observatoire de l’artificialisation a été mis en ligne. Il permet de suivre l’évolution du phénomène et de trouver des analyses, à partir de données issues des fichiers fonciers, des données fiscales qui décrivent le bâti.
Les données d’occupation du sol grande échelle qui décrivent l’occupation du sol seront bientôt intégrées.
Alors que la consommation d’espace commençait à moins augmenter chaque année (33.189 hectares artificialisés en 2011, 22409 en 2016), la courbe est repartie à la hausse depuis début 2017. Ces chiffres sont fondés sur les surfaces cadastrées et ne prennent pas en compte l’ensemble de l’artificialisation liée aux infrastructures.
Le rapport complet ainsi que la synthèse sont disponibles sur l’observatoire de l’artificialisation, alimenté par le Cerema.
Déterminants de l'artificialisation
Les points principaux que révèle l’étude des données depuis 2009 :
- L’artificialisation repart à la hausse depuis 2016, parallèlement à la reprise du secteur de la construction.
- L’efficacité de l’artificialisation augmente mais à ce rythme d’évolution, il faudrait attendre au moins 2070 pour parvenir à un taux de zéro artificialisation nette.
- L’habitat représente 68% de l’artificialisation sur la période 2009-2018, l’activité 25%. 1,5% de l’espace est dédié à un usage mixte, et 5,5% sont à destination inconnue.
- L’artificialisation se concentre surtout dans l’aire urbaine des métropoles (principalement en 1ere et 2e couronne) et sur le littoral.
- Plus on s’éloigne des centres-villes, moins l’artificialisation est efficace et plus elle est destinée à l’habitat. Il y a cependant des nuances régionales (le Nord et l’Est construisent davantage pour l’activité).
- La tendance dans les DOM est une baisse de l’artificialisation relativement plus importante qu’en métropole
Retrouvez l'analyse du Cerema sur l'Observatoire de la biodiversité :
Les déterminants de l'artificialisation
Comment atteindre l'objectif de "Zéro Artificialisation Nette"?
Plusieurs leviers existent pour limiter la consommation d’espaces naturels ou agricoles.
- Miser sur les opérations de renouvellement urbain : refaire la ville sur la ville en profitant des friches, de la réhabilitation de quartiers…
- Améliorer l’efficacité de l’artificialisation, en prenant en compte la qualité de vie des habitants dès le début des projets.
Le Cerema a publié récemment un article sur les leviers à disposition des territoires pour allier efficacité et qualité de l’urbanisation. La planification permet d’agir à l’échelle du territoire, via la conception des formes urbaines, les projets de requalification des centres-bourgs et de renouvellement urbains, le développement des mobilités décarbonées.
La réponse aux besoins des habitants doit être centrale dans la conception et la réalisation des projets.