Spécialiste des infrastructures de transport et des risques, le Cerema a élaboré une méthodologie destinée aux acteurs des territoires, pour évaluer la vulnérabilité de leurs réseaux de transports face aux risques climatiques. La méthode d'analyse de risque des infrastructures de transport par rapport au climat actuel et futur est reprise dans ce document.
Anticiper et gérer les épisodes de crise impactant les réseaux de transports
Les réseaux de transports sont en effet vulnérables face aux aléas climatiques: chaussées fissurées, ruptures ou dégradations en raison de crues ou d'éboulements, allongement des temps de trajet en raison du gel ou de la neige... Par ailleurs, les spécialistes du climat prévoient une augmentation des températures, des canicules et inondations plus fréquentes, des tempêtes et épisodes pluvieux plus fréquents et plus intenses, ou encore une élévation du niveau de la mer.
L'impact sur les infrastructures, qui vieillissent, sera grandissant, avec le risque d'entraîner une augmentation des dégradations et donc des coupures de réseaux de transports. Ces coupures, surtout si elles ont lieu sur des axes stratégiques, peuvent impacter tout le territoire en bloquant l'activité et en isolant des zones d'habitat, de services et d'emploi.
C'est dans ce contexte que le Plan national d'adaptation au changement climatique de 2011, actualisé en 2018, prévoit l'adaptation et la résilience des réseaux de transports face aux changements climatiques.
L'analyse de risque constitue le socle de cette démarche, et permet d'analyser les vulnérabilités des infrastructures face au climat, puis d'anticiper l'évolution de ces enjeux.
Déterminer les réseaux stratégiques et un niveau de risque
La méthode d'analyse de risque proposée et détaillée dans ce guide comporte quatre étapes :
- définir et analyser les aléas pouvant impacter les infrastructures. Les aléas retenus comme potentiellement impactants sont ensuite notés en fonction de leurs caractéristiques.
- décomposer les réseaux de transport étudiés en plus petites entités : systèmes (tunnels, ponts, gares...) et composants pour déterminer une note de vulnérabilité.
- définir et noter la criticité fonctionnelle du réseau en cas de dégradation ou de rupture.
- combiner les notes d'aléas, de vulnérabilité physique et de criticité fonctionnelle, et définir pour chaque système ou composant un niveau de risque.
Cette méthode vise également à identifier les réseaux stratégiques pour le fonctionnement du territoire. Pour cela, il faut d'abord déterminer les sites dont l'accessibilité est primordiale en cas de crise, comme les hôpitaux ou les services d'urgence, ou en temps normal comme les commerces ou les pôles d'emploi.
Cela permet de hiérarchiser les axes de déplacements en fonction des enjeux de territoire et de définir des solutions d'adaptation des réseaux ou des stratégies d'action pour anticiper les impacts liés aux changements climatiques.
Les mesures de protection peuvent prendre différentes formes, et agir sur l'aléa (par exemple en construisant des digues), sur l'infrastructure (renforcement des structures, augmentation de capacité du réseau, gestion de trafic), ou sur les enjeux (relocalisation de certaines activités, desserte renforcée vers certains lieux), et elles peuvent être d'ordre technique ou organisationnel.
Cette analyse de risque est menée par un groupe de travail pluridisciplinaire: spécialistes des transports, du climat, du territoire étudié qui connaissent les aléas passés, et d'autres spécialistes en fonction des besoins, par exemple sur les réseaux d'énergie et de communication.