Cet article fait partie du dossier : Le Cerema et le Concours Capitale Française de la Biodiversité
Voir les 12 actualités liées à ce dossierCet atelier visait à sensibiliser les représentants des collectivités présents à l’impact positif de la nature en ville. Le Concours Capitale de la Biodiversité a cette année pour thème "Climat : La nature, source de solutions", et mettra en avant les actions des communes et intercommunalités en matière :
- D’atténuation et d’adaptation au changement climatique
- De lutte contre l’érosion de la biodiversité
L’atelier a permis de présenter des solutions locales, et d‘échanger sur leur mise en œuvre. Les candidatures au concours sont ouvertes jusqu’au 30 avril. Il était organisé par la métropole de Lyon, l’agence Française de la Biodiversité, l’agence régionale de la biodiversité d’Ile de France et Plante et cité.
Introduction : changement climatique, des enjeux aux solutions
Yves Majchrzak, chef du département Environnement, Risques, Énergie et numérique, au Cerema, a introduit la journée avec une présentation des enjeux en termes d’adaptation au changement climatique.
Le concours "Capitale française de la Biodiversité" met en lumière des actions exemplaires de préservation de la biodiversité par des communes et des intercommunalités. Le thème de l’édition 2019 est "Climat : la nature source de solutions". Il s’agit donc de récompenser les collectivités qui agissent de manière conjointe contre le changement climatique et l’érosion de la biodiversité via des solutions fondées sur la nature.
En effet, la nature nous rend des services et gratuitement de surcroît. La nature nous permet de nous adapter au réchauffement climatique en luttant contre les îlots de chaleur urbains. Elle contribue à lutter contre l’augmentation des gaz à effet de serre en stockant du carbone.
Elle doit donc être considérée désormais comme une source de solutions ("Solutions Fondées sur la Nature") pour développer la résilience de nos territoires.
Aujourd’hui, le temps presse. L’époque est venue de la mise en œuvre de manière systématique et à grande échelle des "Solutions Fondées sur la Nature" dans l’aménagement des territoires. Bien entendu, le défi posé à l’élu, à la population, à l’urbaniste et à l’ingénieur est immense.
- Comment déployer efficacement un processus de résilience visant à faire de la nature une composante essentielle de l'aménagement ?
- Comment, après la conception, permettre une exécution rapide alors qu’une course de vitesse est engagée entre l’évolution des températures, la disparition des espèces et le rythme de transformation usuel des territoires ?
- Comment en milieu urbain par exemple conjuguer les objectifs de densification, nécessaires pour lutter contre l’étalement urbain, avec le maintien d’espaces permettant de réintroduire la nature et ainsi d’aménager des villes moins minérales ?
Postuler à ce concours, c’est proposer d’ores et déjà des solutions pour répondre à toutes ces questions. Les collectivités qui souhaitent participer au concours ont jusqu’au 30 avril 2019 pour remplir le dossier de candidature.
La journée avait donc pour ambition de donner des clés de compréhension des enjeux et des exemples d’actions mises en œuvre par les collectivités en matière de solutions fondées sur la nature.
Des solutions locales pour répondre au changement climatique
Cécile Vo Van, directrice de projet au Cerema, a ensuite précisé les différents enjeux en termes d’adaptation au changement climatique, et l’intérêt du concours pour mettre en œuvre une dynamique d’adaptation sur son territoire.
Si les problématiques liées à la biodiversité sont abordées régulièrement dans les médias, c’est beaucoup moins le cas de celles qui sont liées au changement climatique alors que les deux thématiques sont liées. Le concours a aussi pour objectif de montrer ce lien entre les deux thématiques, et les solutions fondées sur la nature répondent à ces deux objectifs.
Cécile Vo van a rappelé que le changement climatique, ce sont des modifications sur le long terme de l’état et des caractéristiques du climat. Si des causes naturelles existent, depuis une cinquantaine d’années, les causes anthropiques à ce changement climatique sont également prégnantes.
Depuis plusieurs années, des politiques d’atténuation au changement climatique ont été menées, mais aujourd’hui il est question de politiques d’adaptation.
Une partie de l‘adaptation au changement climatique passe par ces solutions fondées sur la nature (SFN), qui sont des solutions efficientes et résilientes. Ce sont des solutions multibénéfices :
- Sur la biodiversité
- Sur le climat
- Qualité de vie etc.
Aujourd’hui il est important de territorialiser la problématique d’adaptation au changement climatique, par la planification locale, car les enjeux sont aussi différents d’un territoire à l’autre.
Des outils sont créés au niveau territorial, comme l’observatoire des enjeux liés au changement climatique développé en Auvergne Rhône-Alpes, qui propose de nombreuses ressources et liste par exemple les espèces menacées, ou les espèces exotiques envahissantes qui sont davantage présentes.
Avec 1°C de température en plus, on estime que les espèces doivent se déplacer de 180 km vers le nord ou 150 m en altitude, ce qui a des impacts notamment sur le cycle biologique des espèces. A Lyon, on anticipe un climat de type Méditerranéen en 2050 : les enjeux sont donc importants dès aujourd’hui.
On sait également que les phénomènes climatiques vont évoluer au niveau régional : hausses de températures, sécheresses, crues et inondations, moins de neige, vents plus violents, perte de biodiversité, avec un impact sur l’économie notamment en montagne. La perte de PIB est estimée entre 1 et 3% d’ici 2060 si pas d’actions contre le cc.
Par rapport à ces différents enjeux, le concours Capitale française de la Biodiversité a recensé une palette d’actions exemplaires. La mise en place d’une Réserve naturelle est une option, comme la zone protégée des marais de Condette, dans le parc naturel des Caps et Marais d’Opale qui a permis de protéger une zone humide et contribue aux enjeux d’atténuation.
Il existe également un enjeu fort autour des îlots de chaleur urbains et des canicules. A partir de 2030, les vagues de chaleur sont plus nombreuses, plus longues et plus intenses, et sont accentuées en ville par le phénomène des îlots de chaleur.
Par ailleurs, presque tout le territoire français sera touché par sécheresse, la région Auvergne-Rhône-Alpes connaîtra probablement 20% de précipitations en moins vers 2060, ce qui entraînera un déficit hydrique.
Le plan Canopée mené dans la métropole de Lyon repose sur le rôle des arbres dans l’adaptation au changement climatique.
A Strasbourg qui a été Capitale française de la biodiversité en 2014, le programme "Strasbourg ça pousse" a été mis en œuvre : les citoyens ont été laissés libres de végétaliser certains endroits de l’espace public, de façons à créer un maillage de revégétalisation et de désimperméabilisation.
Les inondations représentent un autre enjeu : en milieu urbain cela nécessite de repenser la perméabilisation des villes, de récupérer l’eau de pluie et alimenter les sols en eau, la stocker, ne pas encombrer les réseaux d’eau pluviale en ville. On parle aujourd’hui de transformer la ville en "ville éponge".
A Crépy en Valois, un bassin d’orage sous forme d’étang a été créé, à Rennes dans l’Ecoquartier de la Courrouze un système de récupération d’eau à la parcelle a été déployé, l’imperméabilisation a été limitée. Rennes a remporté le concours Capitale de la biodiversité en 2016 sur le thème des sols.
Le rétablissement des zones d’expansion des crues, la renaturation des rivières, sont d’autres solutions. La ville de Muttersholtz (qui a remporté le concours en 2018) a rétabli des espaces de trame verte et bleue dans une plaine d’agriculture intensive et un fort remembrement., en acquérant des parcelles.
Enfin, plusieurs ressources ont été mentionnés :
- ORECC aujourd’hui intégré à l’ORCAE
- Coperncius pour un suivi européen du changement climatique au jour le jour
- Météo France Climat : pour faire des cartes
- DRIAS base de données qui permet des projections et de produire ses cartes
- Le futur Centre de ressources sur l’Adaptation au Changement Climatique (CRACC)
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Restaurer et gérer les milieux naturels pour limiter les risques d’inondation
Julien Padet, du Service Rivières et Gestion des Crues, à Saint-Etienne Métropole, a présenté la stratégie menée pour restaurer les espaces naturels, dans le contexte de la lutte contre les inondations. Le territoire de la métropole est sujet aux inondations, il est traversé par trois cours d’eau (le Gier, le Furet et l’Ondaine), encaissés dans des vallées.
Le territoire se trouve sur deux grands bassins versants, il est passés sous le statut de Métropole depuis 2018 et a donc la compétence GEMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations).
De 1990 à 2000 de nombreux travaux ont été entrepris pour améliorer la qualité de l’eau, notamment la création de collecteurs d’eaux usées et stations d’épurations.
Avant cela, les cours d’eau en milieu urbains n’avaient plus de poissons, et ceux-ci sont revenus sur la quasi-totalité du linéaire.
Depuis 2000 la Métropole vise à restaurer le fonctionnement écologique et hydraulique des cours d’eau, qui avaient été très artificialisés, parfois couverts. En conséquence, les phénomènes d’inondation se sont multipliés.
Après avoir intégré l’écologie dans la gestion du risque inondation, et redonné aux cours d’eau leur rôle dans le cadre de vie pour les habitants, il s’agit aujourd’hui de végétaliser les berges.
Autre enjeu fort sur le territoire : la gestion des terres polluées suite à un passé industriel et minier. Il y a aussi une forte présence de la renouée du Japon, que la métropole essaie d’éradiquer le long des cours d’eau en bâchant les plantes pendant trois ans, ce qui en général donne des résultats satisfaisants.
Saint-Etienne Métropole a investi plus de 45 millions d’euros pour reconquérir 17 km de cours d’eau depuis 2000, et a pour cela bénéficié d’accompagnements
Julien Padet a présenté 6 projets, qui ont été réalisés après des analyses de scénarios :
- Le Furet à l’entrée de St Etienne a été découvert sur 400 m en 2013. Il y a eu un travail de terrassement pour recréer un cheminement pour l’eau, puis on a laissé la végétation reprendre sa place.
- L’aménagement du Furet à Villars, après la délocalisation d’une grande surface un réaménagement a été réalisé pour laisser sa place au ruisseau.
- La découverture de l‘Ondaine sur 500 m en 2010 au Chambon Feugerolles. Plus de 90.000m² de matériaux ont été évacués, pour 9 M€. Dont 75% pour la gestion des terres polluées. Après 2 ans de végétalisation le terrain a repris une apparence naturelle.
- L’aménagement de l’Echarpe au Chambon-Feugerolles où le cours d’eau passait sous un quartier de maisons individuelles. Des négociations avec les riverains, puis des outils fonciers ont permis de recréer un lit à découvert.
- La découverture du Giers à Saint-Chamond sur 400 m, avec reconstitution du lit au moyen de matériaux trouvés sur place.
- La restauration du Giers à Grand-Croix sur 1000 m. Restauration de la continuité écologique avec mise en place d’une passe à poissons. La Métropole a réalisé une maitrise foncière de la zone, pour laisser place à la nature.
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Politiques de préservations des espaces naturels et agricoles au service du stockage Carbone
Loïc Raspail, chargé de mission Natura 2000 à la Communauté de communes des Balcons du Dauphiné, a abordé les actions menées pour maximiser le stockage carbone sur le territoire.
La Communauté de Communes a été créée au 1er janvier 2017. Elle regroupe 47 communes, 75.000 habitants, a relativement peu de pression urbaine mais beaucoup d’industries. C’est un territoire qui reste rural (30.000 ha de terrains agricoles), avec un patrimoine bâti et naturel très riche.
Il compte 10.000 ha de zones humides souvent dégradées, 40% de forêts et possède un site Natura 2000.
90% de la consommation énergétique du territoire sont liés aux industries, qui émettent 73% des émissions de gaz, et 10% pour les transports.
La stratégie déployée en matière d’adaptation au changement climatique a consisté à augmenter le stockage carbone dans les sols et la végétation, avec l’objectif d’une augmentation de + 40% en 2035. La gestion forestière permet d’augmenter les espaces de forêt, des acquisitions de terrain sont menées, la modification des pratiques agricoles (haies, labour quinquennal…) est encouragée, et on pérennise les prairies.
Des actions de protection des tourbières (700 ha sur le territoire), qui stockent le carbone et l’eau, via des Arrêtés Préfectoraux de Protection du Biotope (APPB), un outil de protection sans limitation du durée. La communauté de communes a un projet de classement des 700 ha de tourbières.
Il y a l’adhésion des communes à la démarche, mais il est important d’investir dans l’animation et la sensibilisation.
Autres outils :
- Les réserves naturelles régionales et nationales, qui permettent de mettre en place des politiques d’acquisition de parcelles, de restauration de ZH, prairies permanentes...
- Les Espaces Naturels Sensibles départementaux et locaux
- Les sites Natura 2000
- La GEMAPI : dynamique de restauration des ZH. Objectif de 200 ha dans 1 premier temps puis 600 ha pour les affluents du Rhône.
- PAEC (Projet agro environnemental et climatique) pour financer des mesures agro environnementales. On observe une certaine adhésion : 73 exploitations engagées : actions de fertilisation raisonnée sur 400 ha, absence de fertilisation sur 700 ha, préservation des prairies…
Grâce à l'ensemble de ces actions, on observe sur le territoire le retour des castors, qui reconstruisent des barrages sur les cours d’eau (cf. photo ci-contre).
Loïc Raspail a enfin rappelé l'importance de la sensibilisation des habitants et des riverains aux opérations et aménagements qui sont réalisés. Il faut en expliquer l’intérêt pour que la dynamique fonctionne.
Dans cette optique, la Communauté de communes des Balcons du Dauphiné a choisi d’expliquer le système des APPB commune par commune, car celles-ci sont actrices du processus.
Elles sont accompagnées pour cela par l’association LoParvi.
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Appui de l’agence de l’Eau pour les actions d’adaptation au changement climatique
Marc Vérot, Chef du service planification, à la Délégation territoriale de Lyon, de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse (qui couvre un bassin allant de Besançon à Marseille et Montpellier), a présenté les actions soutenues via des aides financières par l’Agence de l’eau en matière d’adaptation au changement climatique.
En 2014 un premier plan de bassin pour l’adaptation au changement climatique a été mis en œuvre, et a été mis à jour en 2018. Ce territoire a été précurseur car les effets du changement climatiques sont déjà prégnants et sensibles.
Le plan de bassin répond à 3 questions :
- Pourquoi s’adapter (quel bilan scientifique ? Raréfaction de la ressource, même si on aura davantage de crues) ?
- Où s’adapter et sur quoi s’adapter ? On a cartographié et identifié les territoires en fonction des impacts subis par rapport au changement climatique : biodiversité, impact biodiversité aquatique, impact en termes de manque d’eau
- Comment d’adapter ?
Le bilan des connaissances montre que le climat local sera plus sec, plus chaud, qu’il y aura moins de neige (avec un important impact sur le cycle de l’eau) et la fonte de glaciers, moins d’eau, et les milieux naturels seront fragilisés.
Le plan recouvre 3 axes majeurs
- Retenir l’eau dans les sols : préservation des zones humides qui permettent de retenir l’eau, actions de désimperméabilisation en milieu urbain. Le schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) implique d’éviter, réduire, compenser l’impact des nouvelles surfaces imperméabilisées.
- Lutter contre le gaspillage de l’eau. Actions sur les réseaux d’eau potable, amélioration de l’irrigation, développer des solutions alternatives à l’utilisation de l’eau potable en période de sécheresse.
- Améliorer le fonctionnement des milieux aquatiques et des écosystèmes, notamment par la restauration des continuités, la renaturation des cours d’eau, la préservation des zones humides à travers une stratégie foncière.
Il existe des aides de l’Agence de l’Eau pour accompagner les collectivités dans de tels projets. De 2013 à 2018, 820M€ d’aides ont été tournées vers des projets contribuant à l’adaptation au changement climatique.
L’adaptation au changement climatique est une priorité dans le nouveau programme d’intervention 2019 – 2024 de l’Agence de l’eau, avec un milliard d’aides provisionnées. Un appel à projets sera lancé, notamment sur les liens entre trame bleue et trame verte.
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Plan Canopée de la Métropole de Lyon: atténuer les îlots de chaleur urbains
Frédéric Ségur, Responsable Ingénierie et Prospective, Patrimoine Végétal, Métropole de Lyon, a présenté le plan Canopée de la Métropole de Lyon, lancé en avril 2018.
Au début des années 90 il y a eu une prise de conscience politique sur les enjeux d’écologie liés à la planification, et à la gestion de l’eau, en raison des compétences liées à la métropole.
Puis la réflexion s’est portée sur la question de l’arbre comme support de biodiversité, et comme élément de nature en ville.
Ce travail s’est traduit par des chartes de l’arbre pour revoir les pratiques. Aujourd’hui 115 acteurs du territoire (collectivités, entreprises, bureaux d’études, associations, aménageurs, bailleurs sociaux, conseils de quartier) sont signataires de la charte et mènent des actions dans ce sens.
L’élaboration d’un plan Canopée, c’est fixer des objectifs opérationnels pour l’adaptation de la ville au changement climatique.
Historiquement il y a un intérêt pour l’arbre en ville à Lyon depuis le XIXe. Puis la voiture a pris beaucoup de place, et depuis 25 ans on est sur une dynamique de reconquête de l’espace perdu au XXe siècle au profit de la voiture, par exemple avec le réaménagement des berges du Rhône.
Il y a aussi la prise en compte des services écosystémiques rendus par la nature et par les arbres, et on dispose de chiffres qui montrent ces bénéfices.
Depuis 15 ans la Métropole travaille sur un plan climat air énergie, avec un volet qui concerne l'adaptation au changement climatique. En 2050, Lyon devrait connaître des températures d’été proches de Madrid, et en 2100 proches de celles d’Alger.
Un travail d’identification des vulnérabilités du territoire a été réalisé. La canicule de 2003 a été un révélateur : à Lyon la mortalité a été supérieure de 80 % à celle d'une année normale.
La lutte contre les ilots de chaleur urbains est un axe important de l’adaptabilité des villes.
Il y a 5 grands axes de travail :
- La préservation ressource en eau (avec la possibilité d’instaurer des quotas sur l’utilisation de l’eau)
- La lutte contre les îlots chaleur urbains
- L’adaptation des pratiques agricoles et la sensibilisation des acteurs agricoles
- L’accompagnement des politiques locales et de la population
- L’amélioration des connaissances locales
Les effets de l’arbre sur le microclimat se cumulent : ombrage, réduction du rayonnement absorbé par les sols minéraux, modification de l’écoulement d’air, évapotranspiration… Il joue aussi un rôle dans la gestion des eaux pluviales.
Le développement de Canopées c’est donc la plantation d’arbres, sans oublier le développement des strates intermédiaires de végétation (les arbustes, les plantes grimpantes, la strate herbacée...).
La métropole a quantifié sa couverture arborée, à 27% de la surface du territoire, ce qui représente 2 à 3 millions d’arbres.
A Lyon, 80% de ces arbres se trouvent sur du domaine privé (particuliers, entreprises, administrations...), si bien qu’il est important d'associer au maximum les différents acteurs, aussi bien à la protection de l’existant qu'à réaliser de nouvelles plantations.
Il existe cependant un déséquilibre entre l’est et l’ouest de l’agglomération. Cela pose la question de l’orientation des politiques publiques vers une meilleure "équité environnementale" dans l'ensemble de la Métropole.
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Les politiques canopées des grandes métropoles mondiales : retour d’expériences international
Anaïs Prevel, du service Prospective sociale & vulnérabilités, à l’Agence d’urbanisme de Lyon, a présenté les stratégies de développement de la nature à l’international et en Europe. 40 villes ont été étudiées, afin de connaître leurs objectifs et leur manière d’évaluer leur stratégie en matière de développement de la canopée.
Le repère est l’indice de Canopée recommandé, de 40% d’ombrage par les arbres pour un territoire urbain. La plupart des villes étudiées sont autour de 30%.
D’autres villes quantifient leurs objectifs avec le nombre d’arbres par habitant (Paris s’est donné un objectif de 20.000 arbres en 2020), ou le nombre de mètres carrés d’espaces verts, l’accès aux espaces verts, la perception de la ville verte (à Copenhague l’objectif est de 75% des habitants convaincus par le concept de Ville verte).
Il y a une difficulté avec la temporalité : le temps de l’arbre est long, il faut 20 à 30 ans pour qu’il atteigne sa teille adulte. Les investissements d’aujourd’hui ne seront efficaces que dans 20 à 30 ans. On estime à 100 ans l'horizon pour une vision nouvelle de la ville.
En termes de budgets, on n’a pas de certitude sur l’impact exact des stratégies, d’autant qu’il ne faut pas négliger la gestion des arbres, ce qui représente un investissement sur le long terme. Le budget annuel recommandé est de 4,40 € par habitant.
A Lyon, on laisse des espaces pour que la Canopée se développe librement sans entretien, ce qui limite les coûts.
Différents acteurs sont associés, car on ne peut agir que sur le territoire public. Certaines villes associent les habitants, les entreprises.
Exemples :
- Montréal : actions de protection, de communication, de plantation d'arbres et arbustes, et de gestion. Montréal a joué la carte des partenariats, avec la création d’un organisme public pour mettre en lien tous les acteurs. Cela a permis le succès de l’opération. Le budget a été défini précisément dès le départ. Un phasage précis a été réalisé pour moduler le calibre des arbres, les essences, les lieux de plantation. Montréal s'est aussi doté d’une pépinière qui produit 50% des arbres.
- Denver : La Canopée couvrait seulement 6% du territoire en 2001. La ville n’avait pas d’argent mais le projet a reçu un fort soutien politique et des consultations citoyennes ont été menées durant 1 an pour savoir ce que les habitants voulaient. Les associations ont joué un rôle important auprès des habitants, notamment pour les mobiliser.
- Melbourne : les autorités se sont beaucoup intéressées à l’espace public, en raisonnant par quartier. Dans chaque quartier les habitants ont un plan précis de ce qui va se faire en fonction des caractéristiques locales, et un monitoring est réalisé quartier par quartier.
- Barcelone : le plan Canopée combine toutes les échelles, et toutes les actions sont intégrées, petites ou grande. Des actions sur la réglementation ont été menées dans ce sens également (permis d’battage nécessaire).
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SESAME (Services ÉcoSystémiques rendus par les Arbres Modulés selon l'Essence)
SESAME (Services EcoSystémiques rendus par les Arbres Modulés selon l’Essence) est un outil développé par le Cerema, Metz et Metz Métropole pour aider les services gestionnaires des collectivités à sélectionner les espèces d’arbres et d’arbustes qu’il faut planter, en fonction des services écosystémiques que l’on recherche.
C’est une méthodologie adaptable à l’ensemble des zones climatiques, aussi bien en ville que dans les espaces moins denses, que le Cerema a mise au point.
Les arbres rendent divers services écosystémiques qui varient selon les espèces, et ils constituent un levier pour les politiques publiques et notamment d’adaptation au changement climatique : réduction des polluants, régulation de l’effet îlot de chaleur, support pour la biodiversité, fonctions paysagères… Cependant ils peuvent aussi avoir des impacts négatifs (allergies, dimensions à l’âge adulte).
Le Cerema finalise les travaux, notamment la constitution de fiches concernant environ 90 espèces d’arbres et d’arbustes, qui recensent leurs caractéristiques sous l’angle des services écosystémiques, et la rédaction d’un rapport qui détaillera la méthodologie à suivre ainsi que les résultats de l’étude, menée depuis 2017 avec ses partenaires de Metz.
Par ailleurs, un applicatif sur tableur sera élaboré, afin d’aider les services des collectivités à choisir les espèces adéquates en fonction des services que l’on attend.
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Climat, eau, nature : panorama d'actions en France et en région au travers des EcoQuartiers labellisés
Cyril Pouvesle, chargé de projet EcoQuartiers au Cerema, a présenté la manière dont la démarche EcoQuartier, lancée il y a une dizaine d’années, prend en compte la biodiversité et la problématique de l’adaptation au changement climatique.
Cette démarche inclut une diversité d’outils et actions tels qu’un référentiel, l'organisation de clubs nationaux et régionaux, des groupes de travail thématiques, ou encore un processus de labellisation qui en est aujourd’hui à sa 7e année.
Selon l’avancement du projet, plusieurs types de labels peuvent être décernés aux EcoQuartiers:
- L’étape 1 intervient lorsqu’il existe une volonté de développer un EcoQuartier sur un site (en ce cas, un vote en conseil municipal acte cette volonté de s’engager dans la démarche).
- L’étape 2 intervient lorsqu’un ensemble d’études a été réalisé, que la population a été associée et impliquée dans le projet, que le projet s’est précisé et que les travaux démarrent. Un ensemble d’éléments tangibles sont alors vérifiables.
- L’étape 3 intervient à l’issue de la majorité des travaux. On a alors une idée précise de ce que sera l’EcoQuartier (70 à 80 % des travaux finalisés).
- L’étape 4 intervient après coup, après une phase d’évaluation et de recul sur l’opération.
On compte en France et en Auvergne-Rhône –Alpes (AURA) :
- 68 quartiers labellisés "étape 3" dont 5 en AURA
- 6 quartiers labellisés "étapes 4" – 2 en AURA (Lyon La Duchère et La Rivière Coeur de Bourg en Isère)
- 158 quartiers labellisés "étape 2" - 15 en AURA
- 570 EcoQuartiers en projets ou réalisé – 23 en AURA
Le référentiel EcoQuartiers a vocation à poser les bases d’un questionnement transversal lorsqu’un maître d’ouvrage réfléchit à sa démarche d’aménagement urbain. Il est organisé en 4 dimensions et 20 engagements, base de la charte des EcoQuartiers, et l’une de ses dimensions concerne l’environnement et le climat.
Un engagement concerne l’adaptation au changement climatique, un autre l’eau et un autre la biodiversité. Le Cerema a analysé l’ensemble des projets labellisés étape 3 et 4 (74 quartiers) et peut proposer un retour d’expériences sur la manière dont les collectivités prennent en compte les différents engagements.
Concernant le climat, on constate dans les dossiers des projets labellisés EcoQuartiers :
- Beaucoup d’actions décrites pour la baisse des émissions de Gaz à Effet de Serre,
- Peu d’actions territorialisées pour faire face aux conséquences locales du changement climatique et notamment peu de dossiers qui indiquent leur connaissance des scenarii de changements locaux et de la vulnérabilité du territoire face à ces changements. Quelques dossiers toutefois font référence à un PCET avec un volet adaptation.
- De manière générale, la thématique de l’adaptation, quand elle est traitée, l’est dans une perspective générique avec des solutions "sans regret" notamment pour faire face aux problématiques de "surchauffe urbaine". On y trouve des mesures à l’échelle du bâti et des mesures à l’échelle du quartier. La nature en ville et la végétalisation sont alors majoritairement évoquées comme une solution générique pour faire face à la surchauffe urbaine.
À travers ces espaces de nature, un des enjeux est notamment de rendre vivables les quartiers qu’on vient réinvestir et parfois densifier. Les espaces proposés permettent de bénéficier des services écosystémiques associés (dont la régulation climatique). En effet, comme évoqué précédemment et contrairement aux idées reçues, 70 % des quartiers sont en renouvellement de la ville sur elle-même.
Des projets apparaissent, qui permettent de profiter de plus de nature en ville dans les espaces anciennement en friche (ferroviaire, industrielle, hospitalière).
Sur la région Auvergne -Rhône-Alpes, on peut mettre en avant quelques exemples de plusieurs projets menés à Saint Etienne métropole où la désimpermabilisation est très présente : dans le projet Jacquard dans le centre-ville de Saint Etienne, le projet Novacierie à Saint-Chamond , le projet de la ZAC Desjoyaux ou encore le projet Manufacture Plaine Achille où la grande place dévolue au stationnement a été transformé en parc. Le projet de La Duchère à Lyon labellisé étape 4 permet lui de profiter d’un grand parc rénové avec la découverture d’un rû qui est désomais totalement intégré au parc.
L’adaptation du végétal est traitée de manière moins fréquente. Les quelques réponses sont évoquées dans une problématique de gestion et d’économie d’eau : planter robuste, des espèces avec de faible besoin en eau. La diversité des espèces souvent mise en valeur pour des questions de biodiversité est un plus pour une meilleure adaptation (résilience face à un parasite ou à une situation climatique particulière). Concernant le choix des espèces, on constate une forte propension des EcoQuartiers à mettre en valeur le fait de planter des espèces locales (mais pas encore au sens de label type vegelocal). Il n’y a pas d’EcoQuartier très en avance sur ces sujets.
Concernant les risques, une des thématiques récurrentes est le risque inondation. Le lien est fait entre gestion intégrée des eaux pluviales et Solutions Fondées sur la Nature pour gérer le plus possible les eaux sur place et éviter les inondations en aval. Peu se placent dans une perspective de changement climatique sur ce sujet.
Il existe quelques exemples ambitieux comme le parc de l’EcoQuartier du trapèze à Boulogne-Billancourt (7ha) qui a été aménagé en décaissé par rapport au niveau de l’espace public, et a ainsi la capacité de se remplir entièrement en cas d’inondation centennale de la Seine.
Il y a également l’écovillage des Noés à Val de Reuil : du fait de la proximité de l’Eure, l’éco-village est soumis à un risque d’inondation. Il s’agit alors d’adapter l’urbanisation à la spécificité du site. Une noue végétalisée sur la partie Est du terrain permet de recueillir les eaux pluviales et les surfaces imperméabilisées sont réduites au maximum.
Le niveau du terrain naturel du parc des Berges en cohérence avec les niveaux des différentes crues et celui de cette noue et l’implantation des bâtiments s’est fait dans le sens du moindre impact face à une montée des eaux (modélisation pour une crue centennale).
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Actualités régionales : le dispositif "Territoires engagés pour la nature" en région Auvergne-Rhône-Alpes
Julien Semelet, de la Direction de l’Environnement de l’Environnement et de l’Énergie (région AURA) a clôturé la matinée par une intervention sur un dispositif national nommé "Territoires engagés pour la nature" (TEN). Porté par différents acteurs, à savoir l’État (par l’intermédiaire de la DREAL), les Régions, l’Agence Française pour la Biodiversité, l’Agence de l’Eau et enfin l’Office National de la Chasse, le dispositif sera déployé progressivement de région en région.
Quatorze régions souhaitent actuellement adapter et ouvrir le dispositif pour leurs territoires. Une plateforme web doit être ouverte pour cinq premières régions : Provence-Alpes-Côtes-d’Azur, Île de France, Centre-Val de Loire, Pays de la Loire et Guadeloupe. La région AURA y travaille activement, pour une ouverture du dispositif prévue normalement au cours du second semestre de 2019.
L’objectif est de faire émerger, de reconnaître et d’accompagner des projets en faveur de la biodiversité. Le dispositif s’adressera autant aux collectivités dites novices qu’aux plus actives, dans un esprit de progrès et d’amélioration continus. Le dispositif vise aussi à faire adopter aux collectivités une démarche transversale dans ce dispositif intégrateur.
Les critères sont définis au niveau national pour juger si les projets sont bien impliquants, cohérents, additionnels, impactants, en lien avec l’action publique, etc. Les TEN seront reconnus par leur jury régional, et Julien Semelet a rappelé que le dispositif reconnaît bien les territoires en tant que TEN sans les labelliser à proprement parler. La région AURA utilise d’ailleurs le terme de "territoire", même si le dispositif est encore en cours de formalisation, car celui-ci s’inscrira très certainement à une échelle de territoires plutôt que de communes.
Les atouts du dispositif seront multiples : accompagnement pour formaliser un plan d’action, ingénierie et apports de connaissance, accompagnement pour les plans de financement mais aussi sur les points réglementaires…
A travers la reconnaissance comme TEN, le territoire bénéficiera d’ailleurs d’une visibilité et d’une valorisation de ses initiatives.
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Dans le dossier Le Cerema et le Concours Capitale Française de la Biodiversité