28 janvier 2021
Visite inspirante à Muttersholz dans une zone de prairie
G. Lecuir - Cerema
Les candidatures pour le concours Capitale Française de la Biodiversité sont ouvertes jusqu'au 31 janvier 2021.
L'objectif : valoriser les démarches et actions de villes de toutes tailles en matière d'eau et de biodiversité, le thème de cette année. Des visites inspirantes ont été organisées à l'automne pour découvrir les démarches des villes ayant participé l'an passé. Aujourd'hui, place à la visite de Muttersholtz.

Il vous reste 3 jours pur candidater au Concours Capitale Française de la Biodiversité 2021, sur le thème "Eau et biodiversité".

Pour vous inspirer, le Cerema vous proposer une promenade à Muttersholtz pour découvrir les actions récompensées lors des précédentes éditions.

 

Renforcer le lien agriculture - nature

vue d'arrosoirs dans le jardin potager partagé de Muttersholtz
Jardin partagé à Muttersholtz - Crédit: Commune de Muttersholtz

Mardi 15 septembre 2020, la commune de Muttersholtz accueillait une visite inspirante autour du thème du dialogue agriculture-nature. Elue Capitale française de la Biodiversité en 2017, la petite commune alsacienne poursuit et amplifie son action en faveur de la protection de la nature, tout particulièrement dans le lien avec les activités agricoles.

Le milieu agricole est un des grands milieux (avec les rivières et zones humides, forêts et villes) au sein duquel on constate une érosion rapide de la biodiversité pour des raisons variées et qui souvent s’additionnent : artificialisation des terres agricoles, pesticides et intrants chimiques, simplification du paysage, mécanisation, normalisation et mondialisation de la demande comme de la production. Pourtant, des évolutions sont engagées depuis des années pour concilier l’indispensable production agricole avec une meilleure préservation voire le développement de la nature non-cultivée qui la côtoie, l’accompagne, parfois en dépend, et souvent aussi peut lui être utile.

Autour de témoignage et d’échanges par petits groupes avec des agriculteurs, élus et techniciens locaux, associations, institutions, on a pu voir au cours de cette visite inspirante comment, à Muttersholtz, le dialogue entre agriculture et nature transforme à la fois les pratiques, le paysage mais aussi les relations entre les différents acteurs locaux.

 

Plan local d’urbanisme, remembrement local volontaire et création de haies

Bande enherbée et ripisylve dans la plaine maïsicole de Muttersholtz
Bande enherbée et ripisylve dans la plaine maïsicole de Muttersholtz © Gilles Lecuir

Patrick Barbier, Maire Muttersholtz, Michaël Oeschel, Agriculteur et Delphine Latron, Pilote de dispositifs participatifs à la Maison de la Nature de Muttersholtz ont présenté la démarche de la commune en matière de restauration des continuités écologiques en zone de céréaliculture intensive, en concertation avec les agriculteurs.

En 2017, Muttersholtz a adopté son nouveau plan local d’urbanisme (PLU), faisant mention de la nécessité de création d’emplacements réservés pour renforcer les continuités écologiques, notamment en zone céréalière. La profession agricole s’est unanimement mobilisé contre ces emplacements réservés dans le cadre de l’enquête publique avec des arguments techniques tout à fait pertinents (sens de labour, ombre portée…). La municipalité a donc retiré ses emplacements réservés en signalant qu’elle était ouverte à des propositions alternatives émanant du monde agricole et qui pourraient prendre la forme de remembrement à visée écologique dans un esprit gagnant/gagnant.

Suite à cela une opération de dialogue agricole a permis la la plantation d’une haie de 300 mètres En contrepartie de l’autorisation accordée à Monsieur Oechsel de suppression d’un chemin communal inexploité traversant l’une de ses parcelles, celui-ci a proposé la plantation d’une haie sur 10 mètres de large sur une autre parcelle lui appartenant.

Grâce à la création et l’animation d’un espace de dialogue entre les agriculteurs et la commune, coordonné par Delphine Latron, de la Maison de la Nature, des solutions agroécologiques émergent et font consensus : "On travaille différemment, on met sur la table tous les sujets même ceux qui fâchent". Cette animation est financée par le collectif régional pour la biodiversité en Grand Est, dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt Trame verte et bleue.

Trois axes de travail ont été identifiés collégialement :

  1. L’entretien et la gestion des bandes enherbées.
  2. Le développement des trames vertes et bleues.
  3. La sécurisation de l’avenir des agriculteurs et la politique de location des parcelles communales. Ils font l’objet de réunions annuelles.

 

En savoir plus sur le programme "constitution d’un réseau écologique" sur la commune de Muttersholtz :

Protection d’un captage d’eau, nouveaux outils (ORE, PSE ...), cultures à bas niveau d’impact

Les exploitants agricoles de la Ferme Peter et leurs partenaires de l’Agence de l’Eau et du SDEA.
Les exploitants agricoles de la Ferme Peter et leurs partenaires de l’Agence de l’Eau
et du SDEA. © Gilles Lecuir

Cette démarche a été présentée par Julien Rodrigues, directeur général des services de Muttersholtz, Jean-Paul Peter et Marlyse Defrance, exploitants de la ferme Peter, ainsi que par Coralie Welsch, chargée de mission Eau Syndicat des Eaux et de l'Assainissement Alsace-Moselle (SDEA) et Pascal Vauthier, chargé d'interventions Agriculture et pollutions diffuses à l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse.

Favoriser les surfaces en herbe ou les cultures sans intrants représente la meilleure protection pour les captages d’eau potable. La commune de Muttersholtz compte une vingtaine de locataires agricoles sur ses terrains, et mène depuis quelques années une politique foncière agricole active, notamment en regard de l’enjeu eau potable.

Mais les marges de manœuvre de la collectivité sont limitées : les services municipaux dirigés par Julien Rodrigues ont pu compter sur l’aide du Syndicat des Eaux et de l'Assainissement (SDEA) Alsace-Moselle pour identifier ce qui serait permis par le code rural. La modification d’un bail rural avec l’ajout de clauses environnementales ne se fait qu’en l’accord du ou de la locataire, et ne peut être imposée lors de la transmission du bail ou de son renouvellement. Les départs à la retraite sont un moment propice pour insérer ce type de clause et donner la priorité à des pratiques vertueuses dans l’attribution.

Jean-Paul Peter et Marlyse Defrance, exploitants de la ferme Peter, sont justement locataires de parcelles communales dans le périmètre éloigné du captage. Leur exploitation biologique comprend une cinquantaine d’hectares de prairies, maraîchage, céréales, et vergers. Se réclamant d’une démarche "biodynamique" ils recherchent le maintien de la fertilité des terres de façon aussi autonome que possible.

A cette fin l’exploitation compte une trentaine de vaches de race Simmental produisant la fumure nécessaire à l’amendement, en complément de la rotation traditionnelle des cultures. La parcelle de courges visitée en septembre “n’est pas nickel” selon l’exploitante mais si l’on arrache manuellement les herbes pouvant concurrencer les cultures en début de saison, à cette période de l’année leur présence ne pose aucun problème et attire beaucoup d’insectes.

Si la ferme Peter a procédé à la transition vers le bio dès les années 1970, des outils existent pour inciter à la conversion massive à l’agriculture biologique : des crédits de de l’Agence de l’Eau et du FEDER dans les aires d’alimentation, une exonération de taxe foncière dans les premières années suivant la conversion...

L’Agence de l’Eau et le SDEA examinent les possibilités offertes par de nouveaux outils pour encourager les pratiques vertueuses au-delà de la labellisation. Les Obligations Réelles Environnementales (ORE) sont par exemple des engagements de modification des pratiques agricoles pris volontairement par un-e propriétaire, sur une durée longue (au moins 30 ans), pour lesquels il ou elle est rétribué-e.

Cette rétribution par la collectivité peut faire l’objet d’une aide de la part de l’Agence de l’Eau. Concernant les Paiements pour Services Environnementaux (PSE), l’Agence de l’eau et le SDEA, en partenariat avec 5 collectivités alsaciennes, mènent une étude de préfiguration pour déterminer la façon dont seront rétribués les agriculteurs et agricultrices, en attendant une intégration dans la PAC.

 

Plus d'infos sur la protection de la ressource en eau potable en Alsace:

Prairie permanente, élevage et agriculture de conservation en plaine inondable

Delphine Latron, de la Maison de la Nature, avec Patrick Barbier, maire de Muttersholtz, et Roland Sigwalt, agriculteur, expliquent leur travail commun pour favoriser la transition vers des pratiques agricoles plus vertueuses pour la biodiversité locale.
Delphine Latron, de la Maison de la Nature, avec Patrick Barbier, maire de Muttersholtz,
et Roland Sigwalt, agriculteur, expliquent leur travail commun pour favoriser la transition
vers des pratiques agricoles plus vertueuses pour la biodiversité locale | G.Lecuir

Patrick Barbier, Maire Muttersholtz, Roland Sigwalt, agriculteur et Delphine Latron, pilote de dispositifs participatifs à la Maison de la Nature ont présenté le projet de la commune sur ses parcelles agricoles.

La commune de Muttersholtz est propriétaire de 350 hectares de parcelles agricoles. Elle est engagée dans la transition des pratiques comme dans la restauration des éléments du paysage rural favorable à la biodiversité.

Pour soutenir l’agriculture biologique et de conservation des sols, la commune a fixé un objectif de transition vers le bio et de couverture permanente du sol sur ses parcelles communales. Si aujourd’hui l’agriculture biologique est favorisée, une réflexion est en cours avec la Maison de la Nature pour inscrire aussi l’agriculture de conservation dans la stratégie d’attribution des terres communales.

Depuis trois ans, Roland Sigwalt cultive ses terres de manière à maintenir un couvert végétal permanent. L’objectif de cette pratique est de travailler le moins possible le sol (sur 7 à 8 cm). Les fauches de mélanges de céréales permettent d’alimenter le troupeau de la ferme.

Bien que la production soit moins importante que sur les parcelles voisines en gestion conventionnelle, les charges sont moins importantes et le sol enrichi. Les besoins en eau sont aussi moins importants : un arrosage l’été tous les 7 jours contre tous les 5 jours en agriculture conventionnelle sans couvert végétal permanent sur les parcelles voisines.

 

L'action de la commune en matière de dialogue avec les agriculteurs :

Protection et valorisation des vergers et état de santé de la nature en plaine agricole

Patrick Barbier, maire, sur un verger de haute tige du Conservatoire des Sites Alsaciens à Muttersholtz
Patrick Barbier, maire, sur un verger de haute tige du Conservatoire des Sites Alsaciens
à Muttersholtz - Crédit : Gilles Lecuir.

Visite d’un verger de la commune, avec les explications de Luc Dettwyler, adjoint au maire de Muttersholtz et Eric Brunissen, de la ligue pour la protection des oiseaux (LPO).

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, 80 % des vergers alsaciens ont disparu, principalement au profit de l’urbanisation. Le verger visité est géré par le Conservatoire des Sites Alsaciens, et fait l’objet d’expérimentations : en 1998, à l’occasion du remembrement, les vieux arbres ont été remplacés par de jeunes plants et un système d’écopaturage par des poneys mis en place. Malheureusement, ces arbres ont, pour la plupart, succombé par manque d’eau, les arbres fruitiers nouvellement plantés n’ayant pas réussi à traverser une épaisse couche de calcaire. La nouvelle expérimentation consiste principalement en un fauchage tardif (après le 1er juillet de chaque année).

"Les vergers "hautes tiges" sont un élément essentiel dans la trame verte et bleue", décrit Eric Brunissen. Paysage particulier, mi-ouvert, mi-fermé, il participe pleinement à la qualité de vie des habitants, et permet de proposer différents types d’habitats pour la faune et la flore, et ainsi de favoriser la diversité et le nombre des espèces.

Aucune parcelle de la ceinture de vergers ne sera constructible pour les 20 prochaines années. La commune incite les particuliers à faire construire dans le cœur de village. En cas de vente d’un verger, une ORE (Obligation Réelle Environnementale) peut être signée entre l’acquéreur et la commune (possibilité qui n’a jamais été mise en œuvre à Muttersholtz). Cela permet de fixer contractuellement des engagements visant à favoriser la biodiversité, grâce à l’absence d’utilisation de pesticide, l’écopaturage ou encore le fauchage tardif, permettant à certaines espèces les peuplant de suivre leur cycle de reproduction.

Verger de Mutterscholtz, avec vue du clocher au loin
Crédit : Commune de Mutterscholtz

En 2010, la LPO a réalisé un inventaire faune-flore au niveau des vergers. Il recense notamment pic-verts, mésanges, araignées et différents insectes dont des frelons, qui jouent un rôle majeur dans la régulation des parasites. Depuis lors, la LPO accompagne les agriculteurs locaux dans leurs projets, notamment par le biais d’un dialogue permanent et la mise en place de projets. "[Un] dialogue essentiel car ce sont les agriculteurs qui entretiennent le paysage" pour Eric Brunissen.

Les enfants des écoles primaires de la commune ont également collaboré avec la LPO pour l’installation d’une dizaine de nichoirs destinés à la chouette chevêche, espèce emblématique des vergers hautes tiges. "Sensibiliser la jeunesse influe sur l’avenir de la commune" selon Luc Dettwiller.

Il y a 20 ans, les exploitants des vergers familiaux de la commune ont eu l’idée de créer un atelier artisanal de jus de pommes. En 2014, la commune, reprenant cette idée à son compte met à disposition des locaux afin de permettre la création d’un atelier de pressage communal, aujourd’hui en limite de capacité du fait du succès rencontré.

Un des objectifs principaux de la démarche communale consiste à redonner une valeur économique et sociale pour maintenir une valeur écologique et patrimoniale. "Il faut réfléchir en termes de filière économique pour valoriser et garder les surfaces de vergers" assure Eric Brunissen, notamment pour mieux résister à la pression foncière. Il y a un enjeu fort de mise en valeur du patrimoine par label ou marque valorisant les produits locaux.

Des réflexions sont menées pour la transformation de pommes en davantage de produits : fruits séchés, pâtes de fruit, eau de vie, cidre ou confitures... "Donner une valeur au fruit, c’est leur donner une valeur pour faire des choix en termes d’aménagement", conclut Eric Brunissen.

Un reportage sur le pressage des pommes à Mutterscholtz, et un article sur l'atelier jus de pommes.

Visite d’un étrange "lotissement" dans les bois

Tannières de blaireaux dans un bois, avec un réseau de terriers
Une impressionnante blaireautière véritable réseau de terriers, dans un bois de la
commune. © Gilles Lecuir

Le plan local d’urbanisme de la commune ne fait aucune mention du lotissement dans lequel nous emmène Luc Dettwyler. "Il s’agit d’un lotissement clandestin" affirme-t-il en riant. Suivant son pas assuré, notre surprise est immense lorsque nous nous enfonçons quelque peu dans un des bois de la commune. "Un lotissement dans les bois, ce n’est pas courant" chuchote-t-on dans l’assemblée.

La découverte dans le sous-bois de monticules de terre et de trous donne quelques indications sur les habitants de ce lotissement : une colonie de blaireaux. Un vaste complexe, composé de plusieurs terriers et d’un grand nombre de galeries apparaît sous nos yeux.

"Cette famille est installée depuis très longtemps et trouve toutes les ressources nécessaires à sa subsistance" indique Eric Brunissen. Le sol graveleux issu des terrasses alluviales du Rhin est particulièrement propice à l’installation des mustélidés. De plus, les vergers et champs environnant permettent l’alimentation en quantité suffisante au développement des individus (pommes et cerises tombées à terre, maïs…).

Gageons que le dialogue permanent avec les exploitants agricoles locaux, légèrement impactés par la présence des animaux, sera de nature à pérenniser cette colonie.

 

En savoir plus sur le Blaireau en Alsace, avec le GEPMA (Groupe Etudes Protect Mammiferes Alsace):

Mesures agro-environnementales : comment rendre l’agriculture compatible avec la biodiversité ?

Julien Rodriguez, secrétaire général de Muttersholtz et Claire Wolff, chargée de mission Natura 2000 Rhin Ried Bruch à la région Grand Est, ont présenté la démarche pour concilier agriculture et biodiversité.

La prairie observée est une parcelle communale exploitée depuis 10 ans par un agriculteur, située en zone inondable du Hanfgraben. Inondée jusqu’à très tard dans l’année, cette prairie n’est généralement accessible qu’à partir de fin-mai voire mi-juin.

Au niveau d’un ancien champ de maïs, des études ont démontré la présence d’un papillon, l’Azuré de la Sanguisorbe, non seulement sur cette parcelle, mais aussi sur la prairie contiguë.

L’azuré dépend entièrement de la Sanguisorbe pour son cycle de reproduction, il s’y nourrit et y pond. La durée de vue de l’adulte est de 10 jours.

Schéma de la reproduction de l'Azuré de la Sanguiorbe
Crédit: CEN Savoie Projet POLCCA "Plan Ouest Lémanique pour la Connaissance et la
Conservation des Azurés"

 

Les principaux facteurs de menace de ce papillon sont l’asséchement des zones humides, la disparition ou l’abandon des prairies et les fenaisons pratiquées pendant la période de vol du papillon. Des mesures de gestion adaptées visent à pratiquer des fauches tardives, à la fin du cycle biologique des papillons. Claire Wolff développe : "Pour protéger ce papillon, on protège la plante, notamment par une MAEC (Mesure Agro-Environnementale et Climatique)".

Ces mesures permettent d’accompagner les exploitants agricoles qui s’engagent dans le développement de pratiques combinant performance économique et performance environnementale ou dans le maintien de telles pratiques lorsqu’elles sont menacées de disparition.

Financée à 75% par des fonds européens et à 25 % par l’État en zone Natura 2000, la MAEC est un contrat volontaire, d’une durée de 5 ans, passé avec un exploitant agricole et soumis à certaines contraintes. À l’issue de la période de 5 ans, l’agriculteur peut se retirer de manière unilatérale.

Au niveau de la parcelle considérée, le contrat stipule notamment l’absence de l’utilisation de fertilisants et de produits phytosanitaires, l’interdiction de fauche entre le 20 juin et le 31 août (avec 5% de bandes non fauchées du 15 mars au 31 août) de chaque année afin de maintenir l’habitat nécessaire au cycle de vie du l’Azuré de la Sanguisorbe.

Au niveau de la zone Natura 2000 Rhin Ried Bruch, les contrats de MAEC concernent 125 exploitants, engagés de manière volontaire, pour 900 ha de prairie exploitées.

 

Plus d'infos sur le site Natura 2000 Rhin Ried Bruch

Enjeux et observation de la nature en milieu agricole

Parcelle de friche agricole destinée à recevoir des aménagement écologiques
Parcelle de friche agricole destinée à recevoir des aménagement écologiques 
Crédit: Gilles Lecuir

Ces enjeux ont été présentés par Luc Dettwiller, adjoint au maire de Muttersholtz et Eric Brunissen de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).

Muttersholtz est protégée de l’Ill par une large digue végétalisée, sans laquelle le village serait inondé près d’un mois par an à la fin de l’hiver. Cette digue est identifiée comme corridor intracommunal pour les trames herbacée et arborée ; elle offre par ailleurs de jolies points de vue sur les Vosges au loin, et sur les prairies inondables au premier plan.

Lieu de promenade prisé des habitants de la commune, Muttersholtz se lance dans un chantier écologique en contrebas de cette digue, sur la friche laissée par une parcelle communale anciennement consacrée à l’appât maïsicole de sangliers pour la chasse. L’objectif est de restaurer et créer plusieurs milieux observables depuis les hauteurs de la digue.

Ainsi, une partie de la friche sera conservée telle quelle, en procédant notamment à l’exportation de la matière fauchée pour limiter l’enrichissement, ce de façon à garantir le maintien du Cuivré des marais, un papillon qu’on y observe. L’option d’étrépage des couches superficielles de la friche pour dégager des graines dormantes a été écartée en raison de cet enjeu faunistique.

Dans une zone de la parcelle dont le Cuivré est absent, il est prévu de créer une mare par excavation, avec une roselière propice à l’observation de l’avifaune depuis la digue. La terre excavée sera positionnée dans la prairie attenant la friche, de manière à créer des reliefs plus secs et à diversifier la flore de celle-ci.

Cette prairie est en effet initialement plantée de fétuque, et peu diverse : un travail de diversification est prévu notamment pour y implanter la Sanguisorbe conditionnant la présence de l’Azuré de la Sanguisorbe, comme dans les prairies des alentours. Enfin, l’actuelle friche est ceinturée d’une haie ancienne, qui fait l’objet d’un chantier participatif pour être légèrement éclaircie, et créer dans celle-ci quelques ouvertures propices à l’œillet superbe qui y est déjà aperçu.

Un article sur la zone inondable de l'Ill :

Déjeuner à la Maison de la Nature

La Maison de la Nature du Ried et de l’Alsace, présentée par Jean-François Dusart et l'équipe de la structure, fut la première à être créée en France, en 1973, à Muttersholtz.

Elle déploie une large activité pédagogique sur le terrain et dans ses locaux, mais aussi au travers de la cuisine et des produits de l’agriculture locale. Jean-François Dusart est cuisinier-formateur-animateur et il avait concocté un menu extraordinaire avec ses aides bénévoles et salariés.

Les explications de Jean-François Dussart sur le menu du jour
Les explications de Jean-François Dusart sur les produits au menu - Crédit: Gilles Lecuir

 

Présentation de dispositifs régionaux et nationaux

Pascal Vauthier, de l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse et Benoit Grandmougin de la Région Grand Est ont présenté les appels à projets régionaux en région Grand Est, notamment ceux concernant les filières agricoles respectueuses de la ressource en eau ainsi que l’appel à manifestation d’intérêt Trames vertes et bleue.

Logo Territoires engagés pour la natureDavid Monnier, de l’Office français de la Biodiversité, a présenté le dispositif de reconnaissance "Territoires engagés pour la nature", qui s’attache à valoriser et accompagner les projets des collectivités locales, ainsi que le concours Capitale française de la Biodiversité, complémentaire, et qui consiste à identifier et valoriser les actions exemplaires accomplies par les communes et intercommunalités françaises. Le thème 2020-2021 du concours est "Eau & Biodiversité", la date limite de dépôt des candidatures est fixée au 31 janvier 2021.

La commune de Muttersholtz a été reconnue "Territoire engagé pour la Nature" en 2020. Elle avait été élue "Capitale française de la Biodiversité 2017" autour du thème "Aménager, rénover et bâtir en favorisant la biodiversité".


 

Compte-rendu réalisé par Michel Erbrech et Marylou Dufournet, Cerema, avec la contribution de Myriam Boulouard et Gilles Lecuir, ARB îdF.

En dessins... Les outils pour des cultures à bas niveau d'impact

Un résumé en dessins des outils qui permettent d'agir afin de réduire l'impact des cultures sur la biodiversité.

Dans le dossier Le Cerema et le Concours Capitale Française de la Biodiversité

A lire aussi