Séminaire de la communauté du bâtiment du Cerema : quelles évolutions à venir dans le domaine, quelles attentes par rapport au Cerema ?

La communauté métier bâtiment du Cerema, ce sont 178 agents inscrits dans 12 réseaux thématiques, actifs sur deux grands axes : les performances environnementales et techniques d’une part, d’autre part les métiers de l’immobilier et les usages. Elle joue notamment un rôle pour anticiper les évolutions jugées nécessaires en matière de compétences collectives.

Quelles évolutions pour le bâtiment dans les années à venir ?

Une grande place a été laissée à la prospective, avec notamment l’intervention d’Alain Maugard, président de Qualibat (organisme de qualification et de certification du BTP) et co-animateur de la concertation nationale sur le Plan de rénovation énergétique des bâtiments, qui a abordé la manière dont l’avenir du bâtiment se dessine dans 3, 5 ou 10 ans, pour l’ensemble des métiers liés au bâtiment.

Le bâtiment est en effet au cœur de nombreux enjeux : transition énergétique et adaptation au changement climatique, production d’énergie, arrivée des objets connectés, de l’intelligence artificielle, augmentation de la population urbaine… Cela, dans un contexte où les modes de vie urbains sont incompatibles avec la préservation de la planète.

L’activité humaine dégage trop de gaz à effet de serre, consomme beaucoup trop d’énergie, mais en parallèle des solutions se développent, comme le bâtiment à énergie positive, qui montre que le bâtiment peut être producteur d’énergie. Les objets connectés dans les bâtiments peuvent aussi jouer un rôle. Le bâtiment doit donc être pensé à d’autres échelles, et cela avec souplesse, pour passer du bâtiment, au quartier puis à la ville.

Alain Maugard a identifié trois « boosters » pour le domaine du bâtiment :

• Les questions d’énergie : la ressource ainsi que la production d’énergie se territorialisent, et dans ce contexte, le bâtiment est au cœur des enjeux énergétiques auxquels la société est confrontée, et au centre des solutions pour lesquelles il y a une obligation de résultat.

• L’empreinte environnementale. Aujourd’hui, les bâtiments neufs sont très peu consommateurs d’énergie, mais le secteur de la construction reste fortement émetteur de gaz à effet de serre (GES). Il reste donc à décarbonner la construction (50% des GES émis par le bâtiment vient de sa construction), de même que la rénovation des bâtiments, y compris la rénovation énergétique. Des solutions existent et doivent être développées, notamment le stockage du carbone dans les bâtiments, utiliser des énergies vertes lors de la fabrication des matériaux, ou encore accroître l’utilisation des matériaux biosourcés.

• L’arrivée des objets connectés, du digital et de l’intelligence artificielle (IA). Cela fait partie des nouveautés en termes de services rendus par les bâtiments, cela peut nous aider et participer à la modification des modes de vie. De son côté, le numérique permet de disposer d’une maquette virtuelle du bâtiment, et de modifier les process de conception et de fabrication, en passant d’une démarche séquentielle à une démarche collaborative (architecte, entrepreneur, industriel…), plus fluide et plus efficace.

Le numérique change aussi l’usage et les fonctionnalités du bâtiment, qui « devient une plateforme de services ». Désormais, « le bâtiment se mesure aux usages et aux services qu’il rend », a rappelé Alain Maugard. Objets connectés, digital et IA modifient la manière dont les services issus des bâtiments sont produits.

Diminuer l’empreinte écologique des bâtiments, donc des villes, conduit à proposer de nouvelles formes de partage de l’espace collectif et des modalités de gouvernance. ll s’agit de réfléchir sur les multi-usages de la ville et notamment sur la question du partage et du recyclage des bâtiments qui permettraient d’éviter une trop grande consommation d’espace et donc de favoriser une ville durable en jouant sur toute la durée de vie du bâtiment (bâtiment et ville adaptables).

Des évolutions sont en cours autour du concept d’espace public, qui est de plus en plus construit par les citoyens eux-mêmes, et par une collaboration entre le public et le privé à travers l’urbanisme.

La prospective sur la ville montre qu’elle se transforme. L’un des enjeux est de savoir comment elle se structure, comment elle s’organise, comment elle est pensée en amont ?

Quelles attentes par rapport au Cerema ?

Le secteur du bâtiment étant en mutation, les différents acteurs devront être agiles et avoir une bonne capacité de réaction afin de suivre les évolutions à venir et de s’y adapter. Le Cerema a un rôle à jouer auprès des acteurs, en diffusant l’information technique et réglementaire, en capitalisant les bonnes pratiques.

Par ailleurs, on assiste à une montée en force des territoires, qui ont des besoins forts en termes d’ingénierie et d’innovation, et le Cerema, présent sur l’ensemble du territoire, peut les accompagner pour expérimenter, aussi bien au niveau des matériaux de construction, que de la construction, de la démolition ou de la réhabilitation des bâtiments, mais aussi des usages, de la qualité sanitaire, des performances environnementales des bâtiments.

Sophie Pichon, directrice de l’immobilier et de l’habitat au conseil départemental du Rhône et membre du bureau d’Adtech, venue présenter le pôle patrimoine du département, a rappelé les importantes contraintes qui pèsent sur les collectivités en termes de patrimoine immobilier, et le besoin pour les collectivités d’identifier les enjeux sur le long terme.

Selon elle, il existe un réel besoin d’un réseau bâtiment et d’animation, afin de connaitre les expérimentations réussies, de savoir où trouver la bonne information, notamment en termes de veille réglementaire et technologique. Le Cerema peut apporter des réponses à ces problématiques.

Quatre ateliers ont permis aux participants de plancher sur différentes questions, d’envisager de nouvelles méthodes de travail et d’appréhender les évolutions à venir dans le domaine du bâtiment.

Les participants au premier atelier ont répondu à plusieurs questions liées à la prospective : quels défis liés à la transition écologique et solidaire dans 5 à 10 ans ? Quelles compétences développer ou faire évoluer ? Quels liens avec d’autres communautés-métier du Cerema, comme la communauté énergie-climat ?

Un autre atelier a permis d’identifier des méthodes pour répondre collectivement à des demandes de prestation, à travers des expériences réussies.  

Le troisième atelier visait à définir comment proposer une offre intégrée et innovante, utilisant les différentes compétences déjà présentes au sein de la communauté métier à partir d’une mise en situation sur des cas concrets de besoins d’un territoire.

Enfin, un dernier atelier avait pour objet de réfléchir à un système de partage d’information au sein de la communauté métier, dont les membres sont répartis sur de nombreuses implantations géographiques du Cerema.

L'expertise du Cerema dans différents domaines liés au bâtiment

A l'occasion du séminaire, des spécialistes du Cerema en matière de bâtiment ont été interrogés sur différents projets en cours: