Appel à initiatives pour la biodiversité : cinq projets du Cerema retenus par l‘Agence de l’Eau Artois-Picardie
lutte contre la renouée du Japon et valorisation des déchets de fauche par méthanisation
Le Cerema mène actuellement une étude pour déterminer si une filière d’élimination des exports de coupe de renouée du Japon peut être mise en place dans la région Hauts-de-France.
La Direction Interdépartementale des Routes (DIR) du Nord avait sollicité le Cerema en 2014 pour l’aider à sensibiliser les agents d’entretien aux espèces exotiques envahissantes présentes sur les bords des routes dont elle a la charge. Parmi ces espèces, la Renouée du Japon posait une difficulté particulière car elle est difficile à éliminer et se développe rapidement.
Le Cerema avait alors proposé à la DIR Nord une méthode afin de cartographier les massifs de renouée sur son réseau. En 2015, toujours avec et pour la DIR Nord, le Cerema a suivi deux expérimentations pour lutter contre la renouée du Japon, via le bâchage des plantes afin de supprimer la lumière (facteur important dans leur développement), et via la mise en place de pâturages par des chèvres rustiques, pour lesquelles la renouée du Japon est très appétissante.
Ce nouveau projet vise à tester deux autres solutions contre la Renouée du Japon : la pulvérisation d’huiles essentielles de cèdre, et la plantation d’autres espèces végétales afin de faire concurrence à la Renouée du Japon.
En outre, une recherche exploratoire doit porter sur :
- Les capacités et conditions de traitement par méthanisation de cannes de Renouée coupée mécaniquement, et le devenir des résidus de méthanisation;
- Les modalités de mise en œuvre de la filière pour un gestionnaire d’infrastructures de transport ou par les services espaces verts de grandes collectivités.
Les travaux menés au sujet de la valorisation de la Renouée du japon pourront servir au traitement d’autres espèces exotiques envahissantes. Par ailleurs, la problématique de la gestion des espèces exotiques envahissantes (EEE), en particulier celle de la Renouée du Japon et des autres Renouées asiatiques, est une problématique commune aux milieux terrestres humides et aux cours d’eau. Les apports de cette étude, qui porte sur les sites de bord de route, faciliteront ensuite la gestion des Renouées en milieu humide, ainsi qu’à celle de l’ensemble des EEE.
conflits entre continuités écologiques et infrastructures de transport : identification de secteurs prioritaires d'intervention
Le Cerema accompagne le volet du Schéma Régional de Cohérence Ecologique (SRCE) sur les continuités écologiques, en développant une méthodologie à l'échelle du bassin pour identifier les zones de fragmentation prioritaires.
Le SRCE régional a fait de l’amélioration des continuités écologiques aux abords des infrastructures de transport (routes, voies ferrées, canaux…) une priorité. Il identifie des actions prioritaires selon les écopaysages, en premier lieu assurer la continuité des massifs forestiers, réduire l’effet de coupure de ces infrastructures et améliorer la franchissabilité des canaux pour les animaux terrestres.
En 2015, le Cerema avait déjà travaillé sur cette problématique à la demande de la DREAL. Il avait défini une méthode pour, à partir de l’étude de trois écopaysages de la région, quantifier leur fragmentation par les infrastructures de transport, et caractériser la part des différents réseaux dans cette fragmentation. L’objet de cette nouvelle étude retenue dans par l’Agence de l’Eau Artois-Picardie est d’étendre cette méthodologie à l’ensemble du bassin Artois-Picardie, afin d’aider à cibler des zones de fragmentation sur lesquelles il convient d’intervenir en priorité.
Le bassin Artois Picardie est situé dans une région dont le maillage des infrastructures est très dense, et est très concerné par la question de la continuité écologique. L’étude propose d’identifier, dans le bassin Artois-Picardie, les zones de conflit entre les continuités écologiques et les infrastructures de transport, mais aussi de prioriser les zones où de forts enjeux sont présents.
Améliorer la connaissance des chiroptères et de leurs comportements près des infrastructures
Les politiques publiques cherchent désormais à préserver les populations de chiroptères, dont la vulnérabilité est accrue par la forte présence d’infrastructures de transports. Afin de mieux les préserver et d'établir des corridors écologiques, le Cerema a proposé à l’Agence de l’Eau Artois Picardie une étude portant sur l’ensemble du territoire des Hauts-de-France, afin de localiser les zones de conflit entre les chiroptères et les infrastructures.
En 2016, le Cerema avait réalisé une étude sur le comportement des chiroptères (chauves-souris) aux abords des infrastructures de transport routières, sur des zones à enjeux dans le Nord et en Picardie. Ce travail avait débouché sur la réalisation d’une carte de chaleur, basée sur l’occupation du sol, afin de déterminer les secteurs où les chiroptères se trouvent probablement. Cette carte sera étendue à l’ensemble de la région des Hauts-de-France à l’issue du projet soumis à l’Agence de l’Eau Artois Picardie.
L’étude de 2016 a également permis de suivre, via des écoutes actives et passives, des secteurs routiers identifiés comme à possible enjeu, après croisement de la carte de chaleur et de celle du réseau routier à fort trafic dans le département du Nord. Les écoutes ont permis de confirmer les zones à enjeux identifiées via cartographie, et même d’estimer les effectifs de chiroptères sur ces secteurs où les risques de collision sont importants.
Quatre points d’écoute ont ainsi été réalisés sur le département du Nord et un sur le département du Pas-de-Calais, au moyen d’enregistreurs ultrasons. Ces écoutes ont permis d’accroître les connaissances sur les chiroptères et de dégager des pistes d’amélioration de la transparence et de la continuité écologiques pour les chiroptères qui vont chasser dans les zones humides.
Le projet proposé par le Cerema à l’Agence de l’Eau Artois Picardie s’inscrit dans les orientations du plan national d’Actions Chiroptères, renouvelé pour la période 2016 – 2025. En effet, celui-ci recommande d’augmenter les connaissances sur les chiroptères et les infrastructures de transport, et sur leur utilisation des ouvrages d’art comme gîte.
De nouvelles écoutes seront réalisées sur les cinq sites déjà étudiés en 2016, toujours avec des écoutes actives et passives mais aussi des caméras thermiques, pour mieux comprendre le comportement des chiroptères aux abords de ces axes routiers. Cela sera utile pour proposer des aménagements afin de préserver ces espèces et améliorer les continuités écologiques.
Le projet comporte 3 grands axes :
- Réaliser une « carte de chaleur » à l’échelle de la région Hauts de France, afin d’identifier les zones potentielles de présence de chiroptères.
- Les écoutes aux abords des routes sur des secteurs à enjeux de collisions appuyés par la caméra thermique pour confirmer la traversée ou non de la route.
- Une méthodologie de prospection des ouvrages d’art sera élaborée à destination des associations naturalistes notamment, car ils sont parfois utilisés comme abris par les chiroptères. Une note de sensibilisation à destination des gestionnaires de ces ouvrages sera également réalisée pour leur donner des recommandations utiles lors des interventions d’entretien ou lorsqu’ils constatent la présence d’une colonie.
Restaurer la continuité du passage de la drève de Bassy en foret de Raismes-Saint-Amand-Wallers
Le projet porte sur un passage aménagé sous l’autoroute A 23, dans une forêt importante qui se trouve entre deux communes. Ce passage était destiné à rétablir la circulation d’une voie forestière, la drève de Bassy, mais peut aussi favoriser le passage des animaux terrestres, dans une forêt où les enjeux en termes de continuités écologiques sont forts. Le Cerema a pour ambition de réhabiliter ce passage, situé au cœur d’un site Natura 2000, afin d’améliorer sa fonctionnalité écologique.
Ce projet a pour objectif de réhabiliter un passage sous l’autoroute A 23, de façon à permettre la continuité écologique et la circulation de la faune terrestre dans cette forêt domaniale. Celle-ci comporte une importante biodiversité, et l’ouvrage est situé à la croisée de plusieurs unités écologiques (mares, étangs, landes, tourbières et marais…) entre lesquelles les animaux se déplacent.
Ce massif forestier est fragmenté par les infrastructures de transport, dont l’autoroute qui le traverse d’est en ouest, ce qui entraîne un appauvrissement de la biodiversité. L’A 23 est grillagée, si bien que le seul passage possible pour les animaux est celui qui passe sous l’autoroute.
Le passage, tout en béton, doit être adapté pour favoriser la circulation des mammifères, notamment des chauves-souris qui sont protégées. Par exemple, pour les amphibiens qui fréquentent les mares situées de part et d’autre de l’ouvrage, les surfaces en béton sont un frein important. Par ailleurs, le point le plus bas du passage est régulièrement inondé, ce qui empêche le passage de certains animaux.
Pour cette première phase, le Cerema va proposer plusieurs solutions pour favoriser le passages des amphibiens mais également de la petite et grande faune, notamment en préconisant l’installation d’un grillage de guidage vers le passage et l’aménagement d’accotements végétalisés et perméables. Trois mares seront également aménagées de part et d’autre du passage.
Le Cerema commencera son travail par une phase d’étude portant sur les différents groupes d’animaux concernés par le projet (micro mammifères, grands mammifères, chauves-souris, amphibiens), sur leur utilisation du passage, et sur la diversité des milieux naturels dans un rayon de 100 mètres autour du passage, afin d’identifier les enjeux.
Des inventaires de terrain seront aussi réalisés afin d’estimer la présence des différents groupes d’animaux autour du passage, et leur utilisation du passage, cela avant et après les travaux.
Critères éco-éthologiques pour restaurer les continuités écologiques au droit des ouvrages de franchissement d’infrastructures de transport.
Le Cerema a réalisé une étude pour le compte de l’Agence de l’Eau Artois Picardie, afin d’analyser les critères éco-éthologiques qui doivent être pris en compte pour restaurer une continuité écologique dégradée. Par ailleurs, il a proposé une méthodologie d’analyse afin d’améliorer la fonctionnalité écologique d’ouvrages jouxtant des infrastructures de transport.
L’amélioration des continuités écologiques de part et d’autre des infrastructures de transport est l’une des priorités du Schéma Régional de Cohérence Ecologique (SRCE) du Nord-Pas-de-Calais. Précédemment, le Cerema a proposé une méthode pour quantifier la fragmentation d’un territoire par les infrastructures de transport et hiérarchiser l’impact de chaque type d’infrastructure (ferroviaires, routières, fluviales).
Ce nouveau projet porte sur l’ensemble du territoire des Hauts-de-France. Une première phase consistera, via une étude bibliographique, à comprendre comment les différents animaux utilisent les passages. Divers critères éco-éthologiques qui influencent les continuités écologiques au droit d’ouvrages d’infrastructures ont été identifiés, notamment :
- Le comportement des animaux vis-à-vis de différents facteurs (bruit, odeurs, luminosité, végétaux, alimentation…) ;
- La concurrence inter ou intra-espèces générées par le passage à faune ;
- Absence d’espèces permettant le déplacement d’autres espèces (par exemple les fourmis et les mammifères jouent un rôle important dans le déplacement des graines de végétaux) ;
- Connaissance des dynamiques de population diachroniques animales et végétales afin d’orienter le mieux possible les successions animales et végétales.
Lors d’une seconde phase du projet, le Cerema synthétisera et analysera ces facteurs éco-éthologiques, et proposera une méthodologie pour analyser les possibilités d’amélioration de la fonctionnalité écologique d’ouvrages existants. Cette méthodologie doit permettre aux propriétaires et aux gestionnaires d’ouvrages de franchissement d’identifier les solutions à mettre en œuvre pour restaurer la meilleure fonctionnalité écologique.
Enfin, quatre sites de test comportant des ouvrages de franchissement seront sélectionnés, et des propositions, autant que possible peu coûteuses, seront faites afin d’améliorer la fonctionnalité écologique. L’un des objectifs est de comprendre les facteurs empêchant les animaux de franchir les infrastructures de transport.