13 mars 2018
Marais d'Isles Saint-Quentin
En 2017, l’Agence de l’Eau Artois-Picardie et le Cerema ont réalisé un suivi destiné à mieux comprendre le fonctionnement d’une réserve naturelle constituée de marais, et située en centre-ville, ainsi qu’à proposer des aménagements pour améliorer la qualité de l’eau et du milieu.

DES ANALYSES SUR Un site unique en France

Le Marais d’Isle de Saint-Quentin en Picardie est une réserve naturelle nationale unique en France, de par son emplacement en centre-ville. Ce milieu, fragile, est soumis aux contraintes d’un environnement urbain (proximité des déversoirs d’orage, eutrophisation…). La gestion du site présente donc des difficultés, liées notamment à sa régulation hydraulique : la présence d’une vanne à l’exutoire du marais entraîne une variation de la hauteur d'eau (marnage) saisonnier, qui a un fort impact sur le développement de la flore et de la faune aquatique.

La communauté d’agglomération du Saint-Quentinois, qui travaillait sur un nouveau plan de gestion de la réserve naturelle du Marais d’Isle de Saint-Quentin, a sollicité l’Agence de l’Eau Artois-Picardie, et donc également le Cerema pour étudier le site et mieux comprendre son fonctionnement, via un suivi hydraulique, physico-chimique, chimique et biologique durant l’année 2017.

Le Cerema a tout d’abord réalisé une large étude bibliographique afin de comprendre l’historique du site, ses problématiques et son fonctionnement.

Le suivi de la réserve a montré depuis quelques années la disparition progressive des roselières, et des populations de nénuphars. Par ailleurs, diverses algues prolifèrent au printemps, ce qui révèle un milieu trop chargé en sels nutritifs, probablement en lien avec les apports d’eaux urbaines et industrielles.

 

Un suivi du site grâce à une instrumentation

Le Cerema et l’Agence de l’eau Artois-Picardie se sont associés pour  effectuer un suivi mensuel du site via des mesures physico-chimiques (température,  conductivité, pH et oxygène) , et des analyses chimiques sur des prélèvements d’eau de surface, afin d’étudier la composition de l’eau (sels nutritifs comme les orthophosphates [1], les métaux dissous, la chlorophylle a…).

Des sédiments ont aussi été prélevés en vue d’une analyse de phosphore, et des mesures en haute fréquence (1 mesure par heure) ont été effectuées via les stations de mesure et une bouée automatique [2] appartenant à l’agence de l’eau, pour estimer la présence d’algues filamenteuses, potentiellement émettrices de toxines dangereuses, grâce aux mesures des pigments algaux.

En octobre 2017, un premier bilan des données disponibles sur le marais de l’Isle a été rendu par le Cerema. Il montre une amélioration de la situation par rapport à d’autres études réalisées dans les années 90.

La qualité chimique et biologique tend globalement à s’améliorer grâce à de nombreux aménagements, notamment hydrauliques, réalisés pour limiter les apports de nutriments et le marnage imposé au marais, mais également grâce aux études ayant participé à la compréhension du fonctionnement de l’écosystème.

Au cours de l’année 2018, l’ensemble des échantillons et des données collectées en 2017 seront analysés, et feront l’objet d’un rapport d’étude définitif.


[1] Les orthophosphates sont les formes chimiques les plus fréquentes du phosphore dans l'environnement. Cet élément, présent à de fortes concentrations, peut entraîner une eutrophisation dans les milieux aquatiques. La chlorophylle a est un pigment algal qui sert d’indicateur de la concentration en algues dans l’eau.

[2] Cette bouée automatique de l’Agence de l’Eau a été installée dans le marais en février 2017 et mesure les paramètres physico chimiques et biologiques (chlorophylle a (Chl a), phycocyanine (PC) et phycoérythrine (PE)) du marais.