L’Internet des objets (ou IoT pour « Internet of things », en anglais) désigne les infrastructures basées sur des réseaux de capteurs communicants. La remontée d’information en provenance du terrain ainsi générée, la data, permet d’optimiser la gestion de la ville : régulation optimisée du stationnement grâce à la détection des véhicules sur les emplacements, régulation du trafic par la connaissance des flux routiers en temps réel, optimisation du salage des routes en fonction de la température mesurée au niveau de la chaussée, etc.
De nouveaux services aux usagers peuvent également être développés sur la base des données recueillies en temps réel, tels que des calculateurs d’itinéraires multi- modaux et de prévision de trafic, une information sur la position des transports en commun et donc sur les temps d’attente réels aux arrêts ou encore une infor- mation localisée et en temps réel sur la qualité de l’air.
Comment agir dans un contexte d’innovation permanente ?
Le marché de l’Internet des objets est instable et complexe. En effet, le potentiel d’innovation est encore élevé, les offres non standardisées et les acteurs dominants non encore identifiés. Les capteurs sont produits par des startups spécialisées ou des filiales de grands groupes, qui explorent des marchés de niche. L’offre en matière de réseau est quant à elle dans les mains des acteurs des télécommunications ou de PME innovantes. Enfin, quelques grands groupes proposent des offres sur étagères de service intégrées.
Dans ce contexte, la principale difficulté pour les collectivités est de minimiser les risques lors de la contractualisation, les principaux étant la dépendance à un prestataire unique et l’obsolescence des technologies. En effet, si des technologies plus puissantes venaient à s’imposer ou si le prestataire d’origine disparaissait à cause d’une concurrence trop forte, le matériel déployé deviendrait inutilisable.
Une piste est alors d’aller vers des solutions compatibles avec un maximum d’autres technologies, c’est-à-dire interopérables. La collectivité peut également acheter elle-même le matériel et en rester durablement propriétaire, ce qui permet de changer plus facilement de prestataire et de disposer de réseaux souverains, mais pas nécessairement de rester à la pointe de l’innovation. De plus, internaliser de nouvelles fonctions implique nécessairement une montée en compétence technique de la collectivité.
Une autre approche consiste à soutenir volontairement une solution innovante dans le cadre d’une expérimentation. Il faut alors contractualiser sur la base d’accords de recherche et développement, de partenariats d’innovation ou d’appels à projets. Certaines collectivités utilisent aussi des accords moins formels, tels que des conventions d’occupation du domaine public, des marchés à montants faibles ou des « gentlemen agreement ». Ces contrats, plus souples, permettent de tester rapidement des solutions et d’avancer pas-à-pas dans leur déploiement.
Quelques points de vigilance à prendre en compte pour réussir un projet
Pour qu’un projet d’IoT réussisse, il faut avant tout qu’il réponde à un besoin, que celui-ci soit identifié en amont ou révélé ultérieurement. Il faut aussi que les équipes qui auront la charge de gérer ces nouveaux équipements, y compris les équipes de terrain, se les approprient et entament les changements pratiques qui s’imposent. Il faut donc les associer le plus en amont possible.
La souveraineté territoriale est également un enjeu essentiel. Il faut s’assurer que les contrats prévoient bien la communication des données collectées à la collectivité. Il faut également définir quelles infrastructures devront à long terme être conservées dans le giron public, pour permettre à l’innovation future d’émerger dans un marché qui ne soit pas verrouillé par les acteurs en place.
Enfin, ces réflexions étant stratégiques et politiques, il importe que les décisions soient prises en toute transparence vis-à-vis des citoyens et en les y associant le plus possible. L’enjeu est ici la confiance à long terme des administrés dans les dispositifs mis en place, qu’il s’agisse de la protection des données personnelles ou de la transparence des algorithmes qui vont progressivement automatiser les villes.
+ Pour en savoir plus : https://www.revuetec.com
● Contact Cerema Territoires et villes : Florent Boithias - Directeur de projets Villes et territoires intelligents
Cet article est issu de la revue TEC. Le numéro d’avril 2018 consacre son dossier au « big data&mobilité : que faut-il attendre des données ».