20 octobre 2022
Vue du village de Tende peu après la tempête
Cerema - Village de Tende
A la suite de la tempête Alex qui a frappé les Alpes-Maritimes en octobre 2020, entraînant des inondations et d’importants dégâts au bâti et aux infrastructures, de nombreuses interventions ont été réalisées en urgence pour déterminer les dommages et rétablir la liaison avec des territoires enclavés suite à la destruction du réseau routier. Depuis, le Cerema poursuit des missions sur place.

La tempête Alex, survenue début octobre 2020 dans une zone montagneuse, a entraîné d’importantes inondations dans les vallées où les cours d’eau ont débordé de leur lit. Plusieurs agglomérations ont été touchées, et des infrastructures ont été partiellement détruites, enclavant plusieurs zones d’habitat. 85 km de routes ont notamment été emportées (dont 12 ponts détruits) et 32 routes ont été coupées.

De nombreuses compétences ont été mobilisées au Cerema dès le lendemain de l’événement : géotechnique, génie civil et infrastructures, risques naturels, bâtiment, ouvrages de protection contre les submersions... Depuis deux ans, certaines d'entre elles sont toujours présentes dans la phase reconstruction.

 

Ouvrages d’art :

Plusieurs équipes ouvrages d’art ont été mobilisées, d’abord pour identifier les dégâts aux ouvrages, puis pour la conception et l’installation de ponts de secours destinés à désenclaver des zones habitées. Le pont provisoire de Breil-sur-Roya a été posé en février 2021 en cinq jours par un département spécialisé du Cerema.

Le Cerema est intervenu en assistance à maitrise d'ouvrage du Conseil départemental des Alpes-Maritimes pour l'élaboration des projets de deux ouvrages exceptionnels de type bowstrings, destinés à remplacer deux ouvrages emportés par la crue : les ponts de Cairos et d'Ambo, avec un appui ponctuel en phase travaux pour une assistance au contrôle des études d'exécution. Une mission réalisée dans des délais particulièrement contraints.

Un appui est désormais apporté pour la reconstruction du pont du bourg neuf à Tende (sur les aspects hydrauliques et ouvrages d’art).

Les ponts de secours ont été posés de manière à supporter de nouvelles intempéries, avec une augmentation possible de débits hydrauliques de 400%.

Ces expériences ont notamment été valorisées lors d’une journée technique consacrée à la résilience des ouvrages d’art en mai 2022.

 

Routes :

Toujours pour le conseil départemental des Alpes-Maritimes, le Cerema est intervenu après la phase des travaux urgents, pour la reconstruction des infrastructures routières de la vallée de la Roya.

Le Cerema a réalisé une auscultation des axes routiers mi-2022 par des moyens de mesure dits classiques, mais aussi par des matériels innovants (Aigle 3D, CereMap3D) dans l'objectif de définir des solutions de travaux, prenant en compte les enjeux d'économie circulaire et les enjeux de résilience du territoire.

 

Rétablissement des accès au tunnel routier du col de Tende :

Accès au tunnel après la tempete et l'éboulement
Accès au tunnel après la tempête - Cerema

À la suite de la tempête Alex, les infrastructures d'accès au tunnel routier du col de Tende ont subi d'importants dommages. En premier lieu, lors de la crue de la Roya, la destruction de la plate-forme d'accès au tunnel historique, puis 24 à 48h après la crue, la destruction des deux ouvrages d'art (historique et récent) de franchissement du vallon de la Ca, à quelques dizaines de mètres des têtes des deux tubes du tunnel.

L'action du Cerema a été, dans un premier temps (année 2021) d'évaluer la faisabilité du rétablissement des accès aux tubes puis, dans un deuxième temps (année 2022) d'apporter son assistance à la DREAL PACA pour la validation des solutions proposées par le maître d'ouvrage (délégué) et le maître d'œuvre italiens pour le rétablissement des accès.

Le Cerema est impliqué à plusieurs titres dans ces phases d'études:

  • Ouvrages d'Art (franchissement du vallon de la Ca),
  • Géométrie de tracé (contexte particulier de connexion avec un tunnel)
  • Géotechnique (prise en compte d'un aléa de lave torrentielle, fondations d'ouvrages, conception d'ouvrages de soutènement dans un contexte d'instabilités récurrentes des terrains),

Des échanges techniques fournis et fréquents sont menés avec les bureaux d'études italien en charge de la conception du projet.

 

Le Viaduc SNCF de Fontan :

Le viaduc de Fontan est un ouvrage SNCF d'importance sur la ligne 946 reliant Coni à Vintimille (c'est précisément un mur à arcature).

Lors de la tempête Alex, cet ouvrage a été impacté par un glissement de terrain de grande ampleur et affecté de désordres qui ont été à l’origine d’un diagnostic géotechnique (G5) réalisé par le Cerema Méditerranée. Ce diagnostic a permis de mettre au point une esquisse de confortement qui a été utilisée dans l'urgence en absence de sondages pour sauver l'ouvrage.

À la suite de ce confortement d'urgence, le Cerema poursuit une mission d'AMO et de surveillance périodique de l'ouvrage. Dans ce cadre, il a mis en œuvre une instrumentation par balises GPS (Géocube) déployées dans le versant de part et d’autre de l’ouvrage. Cette instrumentation permet de compléter le suivi inclinométrique, de vérifier l’efficacité du confortement et de valider l'extension réelle du glissement.


Risques naturels :

Afin d’intégrer les risques naturels dans l’évaluation des projets de reconstruction, le Cerema a organisé et animé deux ateliers participatifs sur la résilience territoriale avec les cadres décideurs des services publics des Alpes-Maritimes (Collectivités locales et Services de l’Etat) . L'idée était de co-construire des critères d’évaluation des projets de reconstruction sur la base d’une vision partagée de la résilience du niveau territorial à celui du projet et sur base des enjeux locaux. L’utilisation de la boussole de la résilience, conçue par le Cerema en intégrant les 17 objectifs de développement durable de l’ONU, permet de s’assurer que tous les aspects de la résilience ont été pris en compte.

Sept critères partagés par l’ensemble des acteurs ont été identifiés et ont permis d'alimenter les comités d'évocation de la résilience :

  • Intérêt collectif
  • Impact environnemental et sobriété
  • Adaptabilité / réversibilité
  • Réduction du risque
  • Reproductibilité
  • Faisabilité
  • Utopie et rêve

Le Cerema a également participé aux comités d'évocation de la résilience animés par la DDTM06 avec la MIRV (Mission Interministérielle de reconstruction des vallées), Cerema, OFB, ONF-RTM (Service Restauration des terrains en montagne) et le Parc National du Mercantour. Leur objectif est de s’assurer collectivement que les projets d’aménagement et d’infrastructures répondent aux exigences de résilience et de durabilité et qu’ils sont ainsi techniquement capables de résister à de futurs événements météorologiques marqués.

Le comité formalise un avis pour chaque opération bénéficiant d’un cofinancement de l’État, avec mobilisation de l’enveloppe de 100M€ dédiée au financement d’infrastructures et de projets résilients dans le cadre de la contractualisation État/Collectivité dédiée à la reconstruction.

 

Etude hydrologique des débits

Mission sur place à tendeLe Cerema a été chargé par l'Etat (DDTM06) de coordonner une expertise hydrologique :Ce travail a permis de fournir des estimations de débit des crues liées à la tempête Alex à l’échelle des grandes vallées en l’état actuel de connaissance des parties prenantes. Même si ces estimations doivent être considérées avec prudence, elles apportent néanmoins d’ores et déjà d’importants éléments de connaissance de l’aléa inondation sur les territoires impactés, afin de mieux comprendre et prévenir les évènements de ce type.

La tempête Alex a provoqué des pluies intenses et persistantes dans les Alpes-Maritimes, le vendredi 2 octobre jusqu’au milieu de la nuit, avant de s’évacuer en direction de l’Italie. La pluviométrie de cet épisode est localement exceptionnelle, sur des durées comprises entre 6 heures et 24 heures, et dépasse les maximums connus dans les Alpes-Maritimes et la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Avec 663 mm en 24 heures au poste des Mesces sur le bassin de la Roya, l’évènement du 2 octobre 2020 rejoint la catégorie des évènements extrêmes et des records historiques recensés en France sur le pourtour méditerranéen.

Ces fortes pluies, particulièrement intenses sur certaines parties des hauts bassins versants ont provoqué une rapide augmentation des débits ; les pics de crue ont été atteints en quelques heures seulement. L’étude réalisé a permis de quantifier les débits en différents points des cours d’eau touchés par l’événement.

REX sur les mouvements de terrain

maison prise dans une coulée de boue sur une penteCette action a plusieurs objectifs :

  • Établir la typologie des principaux mouvements de terrain s'étant produits
  • Qualifier leur degré d'évolution
  • Mettre en évidence les différents paramètres dans le déclenchement et l'évolution des phénomènes

Pour ce faire, le Cerema met en œuvre un suivi visuel régulier de quatre glissements d'ampleur significative (en raison de leur volume ou des enjeux potentiellement impactés) et réalise des traitements numériques visant à définir et hiérarchiser entre eux les différents paramètres ayant concouru à leur apparition (nature géologique des terrains, pluviométrie, pente, etc.). Le rapport, établi pour le compte de la DGPR, sera remis en début d'année 2023.

Le Cerema souhaite continuer ce retour d'expérience, en poursuivant le suivi des glissements identifiés sur un temps plus long (5 ans) et en analysant le phénomène de dissolution du gypse (à l'origine de désordres structuraux sur les bâtis), qui semble avoir subi des évolutions consécutivement à la tempête Alex.

 

Bâtiment

Fondations d'un batiment sur les berges endommagéesLe Cerema a été sollicité par la DDTM immédiatement après la tempête pour :

  • Fournir une pré-évaluation des dégâts survenus sur les bâtiments (étendue et nature) en vallée de la Roya : des dégâts tels que l’affouillement des fondations, les désordres structurels, le dépôt de sédiments, les ravinements sur les terrains, les toitures endommagées, les zones de dissolution du gypse
  • Aider à dimensionner et orienter les diagnostics d'urgence plus approfondis à mener dans un 2nd temps par les équipes déployées sur le terrain (AFPS, ordre des architectes, services de la Métropole...)
  • Evaluer plus spécifiquement les dommages subis par le CHU et l’EPHAD St Lazare de Tende (demande particulière du COD - ARS - CHU) en vue de définir le cas échéant des expertises ciblées

Le Cerema réalise également un appui aux services de L’État dans le cadre de plusieurs procédures d'expropriation - acquisition de biens menacés sur deux villages très impactés, Tende et Breil-sur-Roya. Ainsi, la DDTM 06 a pu s'appuyer sur l'expertise du Cerema pour définir si un bien était menacé à plus ou moins long terme par un aléa mouvement de terrain nécessitant d'interdire définitivement son occupation.