Depuis 2021, un jour moyen de semaine, 6% des actifs sont en télétravail, une part qui monte à 13% chez les cadres.
En 2021, le Cerema analysait la pratique du télétravail à partir des enquêtes mobilités réalisées avant 2020. La pratique effective un jour moyen de semaine semblait encore très marginale : seulement moins de 1% des actifs occupés étaient effectivement en télétravail à leur domicile sur la décennie passée [1].
Les EMC² réalisées depuis 2021 confirment l’augmentation de la pratique : les actifs occupés sont 5.6% à être effectivement en télétravail un jour moyen de semaine. Cette part monte à 12.5% chez les cadres et professions intellectuelles supérieures.
Parmi les actifs occupés, 23% pratiquent occasionnellement ou régulièrement le télétravail. Les cadres sont largement surreprésentés parmi les télétravailleurs (47% des actifs occupés pratiquant le télétravail sont des cadres), les ouvriers absents, le reste des télétravailleurs se répartissant entre employés (23%), professions intermédiaires (24%) et artisans, commerçants et chefs d’entreprises (6%). Ces ordres de grandeur sont d’ailleurs confirmés par l’enquête emploi de l’Insee.
Les télétravailleurs au domicile sont moins mobiles et se déplacent moins loin
Si les effets rebonds sont complexes à mesurer avec l’EMC², qui recueille la mobilité sur une seule journée, il est néanmoins intéressant de constater que, comme avant 2020, les actifs en télétravail à leur domicile se caractérisent par une importante immobilité ce jour-là : plus de 25% d’entre eux ne sortent pas de chez eux, soit deux fois plus souvent que la population de référence, et au même niveau que les retraités et personnes au foyer, soit le double de la moyenne mesurée sur la population des enquêtes analysée (12.4%).
Les 75% qui sortent de chez eux effectuent eux presque autant de déplacements (4.2 déplacements/jour) que les télétravailleurs au bureau (4.4 déplacements/jour) et les autres actifs (4.0 déplacements/jour).
Le jour de télétravail, les pratiques de mobilités sont cependant différentes : les actifs en télétravail marchent davantage (31% de leurs déplacements sont réalisés à pied contre 18% un jour de travail au bureau) et ils utilisent un peu moins souvent la voiture (59% de leurs déplacements sont réalisés en voiture contre 66% un jour de travail au bureau), même si l’usage de cette dernière reste majoritaire dans les pratiques.
Un jour moyen en télétravail, les distances qu’ils parcourent sont logiquement sensiblement plus faibles, avec un budget distance moyen de l’ordre de 22 kilomètres. Par contre ils parcourent en moyenne trois fois plus de distance le jour où ils se rendent au bureau (66.5km). Au final, entre leurs jours au bureau et leurs jours en télétravail, ils parcourent en moyenne 58km par jour. Un chiffre qui reste supérieur à celui des actifs occupés non télétravailleurs qui parcourent en moyenne 47km/jour.
Le jour de télétravail, les pratiques de mobilités sont donc sensiblement différentes du jour de travail au bureau. Néanmoins ces premiers résultats rappellent que cette pratique concerne surtout les cadres et professions intellectuelles supérieures, qui restent globalement en semaine plus mobiles que les autres actifs malgré leur pratique du télétravail. Ces premiers résultats feront l’objet d’une étude plus complète par le Cerema à venir en 2024.
Quelques précisions méthodologiques
En recueillant la mobilité un jour moyen de semaine, du lundi au vendredi, les enquêtes de mobilité certifiées Cerema permettent aussi de mesurer la pratique du télétravail et ses effets sur la mobilité de manière agrégée. Difficilement repéré car encore très marginal avant 2020, le télétravail est désormais plus présent dans les récentes enquêtes, confirmant son réel essor.
Précautions d’usage des résultats
L’utilisation des EMC² pour éclairer sur ces pratiques est possible, mais quelques précautions sont à signaler dès à présent :
- Cette étude visant à réaliser un diagnostic de la pratique récente du télétravail, seules les enquêtes réalisées entre 2021 et 2023 seront prises en compte. La pratique étant toujours relativement faible en population générale, on choisit de décrire cette pratique en cumulant les échantillons des différentes enquêtes, cet agrégat est nommé "EMC² 2021-23" par la suite.
- La population de référence dans cette étude sera la population active résidant dans les périmètres d’enquête
- Les enquêtes intégrées dans l’étude sont listées dans le tableau ci-contre :
Agglomération enquêtée (département couvert) | Année | Population active |
---|---|---|
Bordeaux (et Gironde) | 2021 | 654 652 |
Reims | 2021 | 112 481 |
Les Sables d'Olonne | 2021 | 17 346 |
Saint-Etienne | 2021 | 273 803 |
Angers | 2022 | 191 155 |
Caen (et Calvados) | 2022 | 264 180 |
Chambéry | 2022 | 114 382 |
Lannion | 2022 | 33 815 |
Toulon | 2022 | 218 845 |
Clermont-Ferrand | 2023 | 219 073 |
Lens-Béthune | 2023 | 219 611 |
Nice (et Alpes-Maritimes) | 2023 | 464 581 |
Toulouse | 2023 | 599 140 |
Nevers | 2023 | 22 827 |
Angoulême | 2012 | 52 659 |
ENSEMBLE | 3 450 550 |
Comment mesurer la pratique du télétravail dans une EMC² ?
Dans les enquêtes mobilités certifiées Cerema, deux questions sur la pratique du télétravail sont posées :