Organisée par le Cerema, l’association ATEC ITS France, le Ministère de la Transition écologique, en partenariat avec la Cotita Ouest et avec le soutien du pôle ID4CAR, la journée technique Mobilité 3.0 dans les territoires du Grand Ouest s’est déroulée sous forme de webinaire le mardi 30 mars 2021.
Cette journée d’informations et d’échanges fait suite aux journées territoriales précédemment organisées dans le Grand Est, en Auvergne-Rhône-Alpes, en Provence-Alpes-Côte d’Azur ou plus récemment en Normandie.
Enjeux autour des solutions innovantes de mobilité
L'objectif premier était de partager les travaux réalisés dans le cadre de l’initiative Mobilité 3.0 dans les territoires du Grand Ouest, afin que tous les acteurs puissent tirer pleinement parti des outils numériques, tant sur les plans technique, sociétal et économique.
Plus d’une centaine de participants, issus des services de l’État, des collectivités locales et du secteur privé ont suivi cette journée, pour présenter et échanger sur les solutions innovantes de mobilité, sur la base de déploiements en cours et de retours d’expérience, sur les régions Bretagne et Pays de la Loire.
En ouverture, Damien Pichereau, député de la première circonscription de la Sarthe et ambassadeur de la démarche France Mobilités, a rappelé les principaux enjeux en matière de mobilité auxquels doivent répondre les services innovants numériques :
- la réduction du temps perdu dans les congestions,
- une plus grande équité entre les populations
- une meilleure agilité pour les déplacements de porte à porte.
Impliqué dans la mission portant sur le développement des véhicules autonomes, il a évoqué les solutions comme les navettes autonomes déjà en cours d’expérimentation ou encore les solutions de mobilité intégrée, tout en donnant quelques points d’actualité parlementaire.
Jean-Christophe Villemaud, directeur territorial du Cerema Ouest, a poursuivi en présentant l’implication du Cerema dans les domaines de la mobilité innovante et a évoqué les enjeux et les richesses en termes d’innovation des territoires bretons et ligériens.
Ouverture : Damien Pichereau - Député de la Sarthe
Introduction de la démarche
Dans une première séquence de présentation des initiatives nationales dans le domaine des mobilités innovantes, Jean Coldefy, directeur du programme Mobilité 3.0 auprès de l’association ATEC ITS France, a présenté les enjeux liés à la décarbonation des mobilités et a indiqué les leviers d’action ciblés par le programme Mobilité 3.0.
David Caubel, de la Mission Innovation Numérique et Territoires du Ministère de la Transition écologique, et Fabrice Reclus du Cerema Territoires et Villes, ont présenté quant à eux le programme et la plateforme France Mobilités. Cette initiative cherche à favoriser l’expérimentation, le développement et la diffusion de solutions de mobilité innovantes dans tous les territoires.
Elle se concrétise notamment par un appui au montage des projets et une aide pour identifier les aides au financement, un soutien à l’ingénierie territoriale ainsi qu’une plateforme collaborative recensant et cartographiant les expérimentations.
Se sont ensuite déroulées trois sessions thématiques, portant sur des sujets majeurs de la mobilité innovante, et montrant la grande diversité des études, des expérimentations et des innovations dans le domaine de la mobilité :
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la gestion multimodale des trafics ;
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le covoiturage et la mobilité intégrée ;
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les véhicules connectés et autonomes.
La gestion multimodale des trafics
L’utilisation de nouvelles sources de données est devenue essentielle pour améliorer ou compléter la connaissance des trafics routiers et de la mobilité en général. L'enquête hybride "terrain et numérique" conduite par la DREAL Bretagne autour de l'agglomération rennaise s'est ainsi appuyée sur des données Floating Car Data (FCD) fournies par la Société Autoroute Trafic et analysées par Arcadis.
Celles-ci constituent une solution alternative intéressante, pour pallier les difficultés d’installer les postes d’enquêtes, l’analyse des variations de flux dans le temps, la connaissance des itinéraires et des temps de parcours.
Le Département de Loire-Atlantique a pour sa part utilisé les données issues de véhicules connectés pour l'analyse des flux de transit ou encore l'étude des temps de parcours et des congestions sur l'axe départemental de "la Route Bleue" (RD213), sur plusieurs sections entre Guérande et Pornic et incluant les abords du pont de Saint-Nazaire.
Il s'agit d'une offre proposée par la société IBM, qui analyse de grands volumes (Big Data) de données anonymisées, émises en temps réel par les véhicules connectés (Groupe PSA). Le Département exploitera ces données pour l'évaluation à 10 ans de la mesure d'affectation dynamique de la voie centrale sur le pont de Saint-Nazaire, et plus largement pour l'adaptation de ses missions d'exploitation routière et l'implantation de nouveaux dispositifs d'information des usagers et de régulation du trafic
La DIR Ouest a présenté, pour sa part, l’avancement du déploiement de la route connectée dans l’Ouest, mené avec la société Viveris, qui permettra le développement de services innovants vers les usagers et ses agents. Les objectifs sont les suivants :
- Améliorer la sécurité des usagers et des agents œuvrant sur la route ;
- Optimiser la gestion du trafic ;
- Développer l’information temps réel ;
- Faciliter la complémentarité entre les modes de transports ;
- Permettre l’inter-connexion avec les véhicules de demain, connectés et automatisés.
La DIR Ouest poursuivra également l’élaboration des mesures d’accompagnement pour l’intégration des systèmes coopératifs (STI-C) dans les métiers des gestionnaires routiers, le déploiement d’applications embarquées dans les véhicules de service, et vise une mise en production à l’échelle de la DIR Ouest à l’échéance 2022.
Le covoiturage et la mobilité intégrée
Cette séquence portait sur le développement des services innovants de mobilité intégrée et partagée, incluant pour certains l’information multimodale et la billettique, également désignés sous le terme de Mobility as a Service (MaaS).
La solution développée par la société Klaxit et initiée avec l'appui d'Orange a permis le déploiement d’un service mutualisé de covoiturage professionnel sur le territoire de la communauté de Lannion-Trégor, bénéficiant ainsi d’un effet de volume sur tous les trajets disponibles en inter-entreprises.
Sur la métropole de Nantes, Covoit’Tan représente un nouveau service de covoiturage urbain, intégré au réseau de transports collectifs Tan de la métropole. Il vise à enrichir l’offre de mobilité sur le territoire de Nantes Métropole, réduire l’autosolisme, développer l’usage des transports collectifs pour répondre aux attentes à la fois des entreprises et des salariés.
À ce jour, 12 entreprises sont engagées dans un dispositif animé par la société Klaxit. En février 2021, le service comptait 7700 inscrits, dont 2/3 de passagers et 1/3 de conducteurs.
L’expérimentation de la mobilité intégrée mise en œuvre par Brest Métropole repose sur la solution Bibus, disponible sur smartphone et opérée par la société RATP Dev. Celle-ci vise à fournir aux voyageurs une meilleure expérience de mobilité : préparer et optimiser leurs déplacements sans rupture, tous modes confondus ; connaître en temps réel l’état du trafic (heure d’arrivée prévue, perturbations, etc.).
S’inscrivant dans une stratégie MaaS, Bibus représente un intégrateur des offres de mobilités pour Brest métropole et proposant l’achat de titres de transport (Mobile ticketing). D’ici 2022, de nouvelles fonctionnalités sont prévues, comme l’indicateur d’affluence dans les véhicules, des box sécurisés pour les vélos et l'aide à l’orientation des voyageurs en réalité augmentée.
Les véhicules connectés et autonomes
De nombreuses expérimentations de mobilités autonomes sont aujourd’hui menées dans les territoires du Grand Ouest.
Entre Nantes et Carquefou, la SNCF propose de reconvertir une ancienne emprise ferroviaire de 7 km pour y expérimenter, à coût maîtrisé, un nouveau mode de transport par véhicules autonomes en intermodalité avec le réseau de transports en commun structurant. Nantes Métropole et la Région des Pays de la Loire ont décidé d’accompagner la SNCF dans la phase d’études préliminaires de ce projet.
D’ici fin 2021, les deux premiers kilomètres de l’emprise reconvertie accueilleront une plateforme d’innovation ouverte, lieu d’expérimentation notamment prévue dans le cadre du projet SAM (Sécurité et Acceptabilité de la conduite et de la Mobilité autonome) en partenariat avec le groupe PSA.
Également sur la métropole de Nantes, deux expérimentations de navettes autonomes ont été menées en 2018-2019, dont l'une a été évaluée par le Cerema :
- Déployée dans un premier temps sur les Quais de la Loire en site partagé avec piétons et vélos, le service de mobilité à la demande a réalisé 1029 voyages, pour 5225 passagers transportés.
- A Bouguenais, la seconde expérimentation s’est tenue sur un parcours de 2,5 km en zone d’activités aéroportuaires, et ouvert à la circulation automobile générale. L’évaluation du Cerema a conclu que sur les 1020 km parcourus, 98% l'ont été en mode autonome. Les résultats sont globalement satisfaisants sur l’autonomie de conduite et la perception des navettes. Avec 847 passagers transportés du 1er mars au 15 mai 2019, le service a fonctionné à une vitesse moyenne de 11,3 km/h (hors arrêts) avec 160 arrêts brusques constatés suite à un dépassement, 8 arrêts à cause de mauvais stationnements et 73 arrêts pour raisons inconnues. L’acceptabilité sociale est pour sa part un aspect important à améliorer, avec un verrou à lever autour de la vitesse de circulation de ces véhicules.
Enfin, le pôle ID4CAR a livré sa vision des cas d'usage des navettes autonomes. L'avenir de ces véhicules passerait par des cas d'usage nouveaux et des expérimentations à réinventer, sur plusieurs sujets: logistique, desserte des sites industriels ou universitaires, des pôles de santé et des hyper centres-villes.
La question de l’utilisation des data issues des navettes sera également déterminante. Enfin, l’implication des collectivités est indispensable pour l’organisation des expérimentations ciblées sur les territoires, et associant l’écosystème d’innovation pour accélérer le décollage de la filière. L’opérateur Keolis a pu également présenter sa stratégie et les déploiements de services de transport par véhicules autonomes qu’ils réalisent.
En conclusion de cette journée technique, Claire Baritaud, Directrice de la Mission innovation numérique et territoires, au sein de la DGITM du Ministère de la Transition écologique, a souligné plusieurs points d’actualité, comme la toute récente loi d’ouverture des données de mobilité en Allemagne, qui montre que la France était précurseure en la matière avec la LOM votée en 2019, ou encore l’autorisation des expérimentations de véhicules autonomes avec déport des superviseurs.