La journée a été introduite par le directeur du Département littoral, aménagement, bâtiment du Cerema Normandie-Centre. L'occasion de rappeler les enjeux de réduction de la consommation d’espace et de l’artificialisation des sols ramenés sur le devant de la scène par la loi Climat et Résilience.
Connaître les fonctionnalités des sols sur son territoire
Lors de cette première séquence ont été rappelées par le Cerema les différentes fonctionnalités des sols : régulation du cycle de l’eau, réservoir de carbone, habitat pour la biodiversité, etc.
Clémentine Duvigneau du Cerema Ile-de-France et Elodie Vigneron de Châteauroux Métropole ont présenté la méthodologie et les résultats du projet de recherche MUSE. Lancé en 2018 par l’Ademe sous forme d’appel à projet et piloté par le Cerema sur trois collectivités tests, MUSE vise à aider les collectivités à intégrer la multifonctionnalité des sols dans les documents de planification.
Pour Châteauroux Métropole, si la temporalité était trop courte pour intégrer les résultats de l’étude à la définition des zonages, la collectivité compte sur les cartes produites pour des perspectives de mise en oeuvre dans le cadre du Zéro Artificialisation Nette (ZAN), mais aussi, à ce stade, pour sensibiliser les élus afin de passer d’une vision quantitative à une vision qualitative des sols. L’outil sera également utilisé pour les futures mises à jour de documents d’urbanisme (PLUI, SCOT).
C’est un outil qui vient compléter d’autres indicateurs par une approche globale et systémique.
Déployer une stratégie de sobriété foncière : quels acteurs ? Quels outils ?
Cette deuxième séquence débute avec une présentation de l’outil UrbanSimul, service cartographique en ligne à destination des acteurs publics de l’aménagement. Développé par le Cerema et l’L’institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE), il permet de visualiser un certain nombre de bases de données géoréférencées et identifier les gisements fonciers sur un territoire donné.
Les échanges portent notamment sur le rôle des outils d’observation du foncier mais aussi et surtout sur les acteurs permettant le déploiement d’une stratégie foncière et leur place dans la chaîne de l’aménagement. Pour cela, Sylvaine Vedere de l'EPFLI Coeur de France et Hervé Ollivier de L'Agence d’urbanisme de l’orléanais TOPOS ont partagé leur vision et leurs expériences à travers des ateliers sur le potentiel de densification menés dans le cadre d’un plan local d'urbanisme intercommunal habitat et déplacements (PLUIHD), et d'un exemple de requalification de centre bourg. Un focus est également fait sur l’accompagnement des territoires ruraux et le besoin de sensibilisation aux outils de l’aménagement et de maîtrise du foncier dans ces territoires.
Développer la nature en ville dans un contexte de sobriété foncière
Cette troisième séquence est introduite par un témoignage vidéo de l’équipe municipale de Sotteville-lès-Rouen et du travail mené avec le Cerema Normandie-Centre sur la renaturation d’une école.
Puis, Clémentine Duvigneau du Cerema Ile-de-France détaille une méthode de repérage du potentiel de renaturation à large échelle appliquée lors d’un accompagnement de l’EPCI Vallée Sud – Grand Paris et de la commune de Ris-Orangis. Pascale Larmande de l'Agence Régional de la Biodiversité (ARB) a ensuite présenté les accompagnements menés par l’ARB sur le sujet de la renaturation, dont l’action du réseau Territoires Engagés pour la Nature (TEN). Sont ainsi exposés la réhabilitation d’une friche, la création d’une zone humide servant de zone d’expansion de crue à Saint-Martin d’Auxigny (Cher) et la désimperméabilisation d’un parking pour créer un bosquet urbain à Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire).
Pour les deux intervenantes, il est important de différencier une démarche de végétalisation qui vise à apporter du vert dans le tissu urbain d’un point de vue principalement esthétique, d’une démarche renaturation qui s’appuie sur un triptyque eau, végétal et sol. Elles insistent également sur les nombreux co-bénéfices de la renaturation : prévention des inondations, gestion de la ressource en eau, atouts paysagers et bien-être des habitants et défendent l’intérêt de projets d’amélioration du cadre de vie fondés sur la renaturation y compris en milieu rural.
Pour clôturer les échanges de la matinée et introduire ceux de l'après-midi, deux étudiantes de l’École de la Nature et du Paysage ont partagé leurs réflexions sur l’intégration de la nature à un projet d’aménagement d’un quartier résidentiel. L’approche sensible et paysagère a suscité des échanges intéressants avec les participants de la salle.
L’idée c’est de proposer des solutions pour les collectivités dans une perspective de changement climatique.
Pour introduire la première séquence de l'après-midi, Fabien Guérin de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) Centre-Val de Loire, présente sous forme de quiz, le fonds vert et les perspectives autour de la sobriété foncière et de la renaturation en région Centre-Val de Loire. Les différentes pistes de financement de projets sont évoquées, comme la renaturation de friches et le financement d’études avant travaux, volet moins connu du fonds.
Aménager sur l’existant : prendre en compte les spécificités de chaque territoire
Lors de cette dernière séquence de la journée, Raphaëlla Fournier du Cerema Île-de-France et Nathalie Léglise de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) de Seine-Maritime ont partagé des approches plus sociales sur la sobriété foncière : conditions d’acceptabilité de la densité, représentations à l’œuvre sur les formes urbaines, rôle des spécificités territoriales dans ces représentations, etc.
La DDTM 76 a ainsi mené une étude sur l’apport des sciences comportementales à l’objectif ZAN, menée en partenariat avec ACTELab, [S]City, le Parc naturel régional des boucles de la Seine Normande et la Communauté de Communes Yvetot Normandie (CCYN). L’objectif : offrir des clés de compréhension sur les jeux d’acteurs et les processus de décisions qui conduisent au maintien du modèle pavillonnaire.
A partir du constat que les élus naviguent entre principalement deux imaginaires – le pavillon individuel et la barre d’immeubles, un biais cognitif important explique la réplication des modèles de pavillonnaire non soutenable : on accepte beaucoup plus facilement ce que l’on connait déjà. Une personne a plus de chance de rechercher à vivre en pavillon si elle y a grandi. Il s’agit alors de faire émerger de nouveaux visuels et imaginaires d’habiter. Ce à quoi se sont employés les porteurs de l’étude, qui ont organisé des ateliers avec des élus avec des maquettes et des fausses annonces immobilières.
De manière parallèle, l’enquête menée par le Cerema Ile-de-France sur l’acceptabilité de la densité démontre que le taux de satisfaction du cadre de vie n’est pas corrélé à la densité mesurée. L’enquête conclue également qu’on accepte mieux ce que l’on connait : les urbains sont en moyenne plus favorables à l’habitat collectif, les périurbains à construire davantage en centre qu’en périphérie, et les ruraux à diviser les terrains pour construire de nouveaux bâtiments.