19 septembre 2018
Roubaix, zone d'un futur Eco Quartier
Friedrich Tellberg
Les projets d’aménagement doivent prendre en compte la prévention de la malveillance, et une étude de sécurité publique préalable (ESP) doit être réalisée dans le cas de projets qui peuvent avoir un impact sur la protection des personnes et des biens contre les menaces ou agressions. Dans le cadre du Nouveau programme national de renouvellement urbain, le CGET a fait appel au Cerema pour analyser les dossiers de renouvellement urbain sous l’angle de la sûreté.

L’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) a été chargée en 2014 de mener le Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU), pour mener des opérations de renouvellement urbain dans 200 quartiers classés d’intérêt "national" d’ici 2024 et d’autres classés d’intérêt "régional". 

Intégrer la sûreté dans la conception des projets de renouvellement urbain

Pour ces projets de renouvellement urbain, la prise en compte de la sûreté est indispensable. Le Cerema a été missionné par le CGET pour analyser les projets d’une vingtaine de quartiers prioritaires concernés par le NPNRU, à partir d’une étude des dossiers sous l’angle de la sûreté urbaine.

L’objectif de ce travail est de :

  • s’assurer de la prise en compte dans ces projets des études déjà conduites localement en matière de sécurité et de sûreté publique,
  • s’assurer de la prise en compte des usages par les acteurs locaux
  • s’assurer que les aménagements proposés sont en adéquation avec le contexte en termes de délinquance et d’atteintes à la sûreté
  • proposer des pistes d’amélioration du projet présenté

Cette analyse vise à déterminer si le projet répond aux différentes dimensions de la thématique sûreté / sécurité, et si la conception du projet (espaces publics, infrastructures, bâtiments, modes de gestion…) est cohérente par rapport aux objectifs de sûreté/sécurité. 

L’équipe projet du Cerema va d’abord établir une grille d’analyse de la prise en compte de la sûreté dans un projet de renouvellement urbain, grille qui sera testée sur un dossier de renouvellement choisi par le CGET.

Ensuite, pour chacun des projets analysés, un rapport mentionnera si le projet :

  • va dans le sens d’une offre urbaine « intégratrice »,
  • permet d’anticiper la qualité de fonctionnement des espaces,
  • recherche la qualité des usages à travers la prise en compte des contributions des différents usagers,
  • pense la capacité de gestion des espaces,
  • intègre la prévention situationnelle,
  • facilite la capacité d’intervention des forces de l’ordre.

Sur la base de ces travaux, le Cerema remettra une synthèse relative à la prise en compte des mesures de sûreté et de sécurité dans le cadre de projets de renouvellement urbain concernés par le NPNRU.

 

Prendre en compte les attentes des usagers pour améliorer la sureté de l’espace public

Couverture du guide "Sureté de l'usager et conception urbaine"Depuis 2009 le Cerema a développé une expertise en matière de sûreté urbaine. Il a rédigé un document  qui précise la réglementation "L’ESSP, une démarche intégratrice". Puis il a piloté la réalisation d’un document de doctrine en 2012, intitulé  "Sûreté de l’usager et conception urbaine", pour le ministère en charge de l’égalité des territoires. Cet ouvrage relate les grands principes qui peuvent guider l’intégration de la sécurité, au sens de la prévention des malveillances, dans la conception urbaine.

En effet, des études ont montré que les usagers de lieux dont la ou les fonctions sont claires, de lieux qui disent par eux-mêmes le degré de liberté avec lequel on peut les utiliser, ont un comportement plus civil.

La sécurité et le sentiment de sécurité dépendent en partie des qualités des espaces publics, et en cela les usagers ont des attentes précises (percevoir qu’il existe un garant des lieux, s’orienter facilement, avoir un contrôle visuel de l’espace, bénéficier d’une surveillance naturelle, se sentir intégré à la cité, s’approprier les lieux de vie, pouvoir obtenir de l‘aide en cas de besoin…), attentes que les projets d’aménagement doivent donc intégrer.

Par exemple, en matière de contrôle visuel de l’espace lors des déplacements, différents facteurs sont à prendre en compte. L’éclairage de nuit bien-sûr, qui doit être continu mais modulé selon la fonction ou l’isolement des lieux, mais aussi du type d’espace (parking, rue, zone intermédiaire…), l’aménagement paysager, notamment végétal (pas trop dense, ne devant pas entraver la visibilité…), ou encore les points d’arrêts de transports en commun, l’organisation de l’espace et des entrées de bâtiments sont des éléments qui contribuent au sentiment de sûreté.

Par ailleurs, le guide "Aménagement et sécurité - L'ESSP, une démarche intégratrice" réalisé avec le club ville aménagement est disponible sur leur site.

 

Télécharger le guide "Sûreté de l'usager et conception urbaine"