27 mai 2024
Vélo cargo en libre service à Lyon
Adobestock
Envisager le recours aux véhicules intermédiaires tels que les vélos électriques pour répondre au besoin de mobilité dans les territoires périurbains et peu denses permettrait à la fois de favoriser la mobilité de tous et de décarboner les déplacements. A travers l'initiative Extrême Défi pilotée par l'Ademe, le Cerema apporte son expertise à trois territoires pour identifier les aménagements utiles au développement de cette pratique.

Les alternatives à la voiture individuelle développées actuellement reposent principalement sur le développement des transports collectifs et des modes actifs. Dans les territoires péri-urbains et ruraux, les offres de transport collectif régulier sont toutefois insuffisantes et les modes actifs difficilement mobilisables au-delà de trajets courts. La voiture, partagée (autopartage, covoiturage) ou non, y demeure souvent incontournable, bien qu’elle soit synonyme de véhicule lourd, consommateur de ressources, d’énergie fossiles et émetteur de GES.

 

Quels aménagements pour développer l'usage des véhicules intermédiaires ?

L’ADEME a donc souhaité impulser la création d’une nouvelle filière de véhicules, entre la micro-mobilité et le transport routier classique : les véhicules intermédiaires (VI). 

L’initiative "Extrême Défi", lancée en 2022 sous le pilotage de l’ADEME, vise ainsi à rapprocher les acteurs qui proposent des solutions de VI, les territoires et les partenaires de la recherche et de l’innovation. Une première vague d’expérimentations de véhicules intermédiaires a été initiée fin 2023 au sein d’une dizaine de territoires ruraux et péri-urbains volontaires, avec pour objectifs :

  • de proposer des solutions innovantes de mobilités durables qui répondront au mieux aux besoins de mobilité de ces territoires et permettront de faciliter les trajets quotidiens ;
  • d’analyser les changements de comportements des automobilistes "expérimentateurs" et des autres usagers.

La circulation de ces véhicules soulève néanmoins des enjeux de sécurité et de de cohabitation avec les autres modes, pouvant nécessiter des adaptations du réseau routier. En effet, ces véhicules circulent avec des vitesses moindres que celles des véhicules motorisés usuels et sont susceptibles de surprendre ou de générer des comportements à risque (dépassements dangereux par exemple). Leurs gabarits plus importants et leurs vitesses supérieures à celles de la majorité des modes actifs questionnent également leur circulation dans les espaces actuellement dévolus aux piétons et aux vélos (bandes cyclables, pistes cyclables, voies vertes) dans le cadre réglementaire en vigueur et selon les recommandations actuelles.  

 

Parmi les interventions du Cerema menées d’octobre 2023 à décembre 2024 :

 

  • des réflexions sur la méthode d’expérimentation et sur les "conditions favorables" à la circulation des véhicules intermédiaires ;
  • l’accompagnement de quatre territoires parmi ceux de la première vague d’expérimentation pour identifier les lieux à aménager en priorité et apporter une expertise technique en termes d’aménagements
  • l’évaluation de l’expérimentation au sein de ces territoires, au travers d’entretiens et de questionnaires adressés aux conducteurs "testeurs".

Des territoires accompagnés par le Cerema

7 territoires sont accompagnés au niveau national pour mener l'expérimentation. Le Cerema accompagne 2 territoires en Occitanie : le PNR Grands Causses et la Communauté de communes Grand Pic Saint Loup, et la CC du Clunisois en Bourgogne-Franche-Comté. Deux voiturettes électriques (une deux places roulant à 45 km / h et une 4 places roulant à 90 km/h) et un tricycle électrique roulant à 25 km/h ont été testés par des volontaires sur les voiries de ces territoires.

Pour le PNR Grands Causses, le Cerema est intervenu en premier lieu sur l’élaboration d’un questionnaire destiné aux conducteurs expérimentant les véhicules. Les prochaines étapes consistent d’une part à apporter un appui au territoire dans l’évaluation de l’expérimentation, à travers l’analyse des réponses aux questionnaires remplis par des "testeurs", et d’autre part à proposer des recommandations d’aménagements des points identifiés comme peu sécurisants pour les véhicules testés.

Au sein de la CC Grand Pic Saint Loup, le Cerema mène principalement un travail sur l’élaboration d’un maillage routier adapté aux véhicules intermédiaires ainsi que sur les aménagements de voirie destinés à sécuriser la circulation de ces véhicules, au niveau des carrefours comme des sections courantes.

Les aménagements proposés peuvent être par exemple :

  • La création d'une chaussée à voie centrale banalisée,
  • Le revêtement des accotements sur une largeur suffisante (au moins 1,5 m) pour permettre la circulation des modes actifs et leur continuité
  • Apaiser la circulation dans les traversées d'agglomération 
  • Sécuriser les cheminements et itinéraires pour favoriser la cohabitation des usages.

La Direction Territoriale Centre-Est accompagne aussi la communauté de communes du Clunisois dans le cadre de l'expérimentation de trois véhicules intermédiaires sur son territoire. Cet accompagnement consiste en :

  • un diagnostic territorial au travers d'un état des lieux de la mobilité et de cartographies du réseau regroupant les principales caractéristiques du réseau étudié ;
  • une analyse de l'infrastructure utilisée afin de comprendre les particularités du réseau et s'assurer de la compatibilité des véhicules ;
  • un retour d'expérience utilisateur et évaluation de l'acceptabilité/perception de ces nouveaux véhicules.

 

La famille des véhicules intermédiaires

Source : Bigo et al, Transports urbains n° 141, sept. 2022

 

Les territoires de la première vague d'expérimentation

Objectifs 

  • Agir sur la transition des mobilités en proposant de nouveaux véhicules à faibles impacts environnementaux, économiques et sociaux
  • Faciliter les trajets quotidiens domicile-travail, courses, loisirs, services de proximité, livraison au dernier km
  • Analyser les changements de comportements des automobilistes (utilisateurs VI et autres usagers).

Enjeux

  • Réduire les externalités négatives causées par les véhicules thermiques (émissions de GES, pollution, bruit)
  • Sécuriser les déplacements en modes actifs et VI (identification des points durs et conseils en aménagement)
  • Sensibiliser les usagers sur les solutions de mobilités durables et sur le partage de la voirie.