Mutualiser les outils en matière de risque cavité
Le risque lié aux cavités souterraines est un risque souvent mal connu voire méconnu, car la cause en est généralement invisible. Il se rappelle à nous lorsqu’un effondrement se produit ou lorsqu’on découvre une cavité non répertoriée lors de travaux.
Paradoxalement, c’est un risque qui concerne un grand nombre d’acteurs, qu’il s’agisse de particuliers (propriétaire de sous-sol), de services de l’État (en charge de la prévention du risque cavités ou de la gestion de l’après mine) ou de collectivités territoriales (directement concernées par la gestion de crise ou les sujets d’urbanisation…). Les acteurs privés, eux aussi, comme les bureaux d’études ou les entreprises de BTP peuvent être confrontés aux problèmes des cavités. Les secteurs géographiques impactés sont eux aussi nombreux.
Le projet RISSC ("amélioration transfrontalière de la prévention et de la gestion des Risques Sous-Sol engendrés par les terrains sous-Cavés") vise à améliorer et mutualiser les outils utilisés de part et d’autre de la frontière, pour prévenir et gérer les risques du sous-sol à l’échelle transfrontalière, et à développer des solutions locales adaptées pour réduire, voir contrer le risque. Via une plateforme web, les outils de gestion et d’aide à la décision existants en matière de sécurité, d’aménagement du territoire et d’urbanisme, de prévention et de gestion d'incidents seront mis à disposition des acteurs locaux.
L'intérêt de mener cette étude transfrontalière est triple:
- Le contexte naturel est similaire de part et d'autre de la frontière (géologie, relief),
- L'urbanisation et le passé historique sont identiques au moins pour le Hainaut belge et le Nord-Pas-de-Calais (histoire industrielle, mines, régions très urbanisées),
- Les réseaux d'infrastructures de transports sont continus et soumis aux problèmes de cavités des deux côtés de la frontière.
Développer des solutions locales adaptées et partager les connaissances
Plusieurs actions seront menées afin d’établir cette plateforme, qui constituera un support technique pour les collectivités et pouvoirs locaux :
- Dresser l'inventaire des objets souterrains et des menaces et caractériser les effets redoutés en surface,
- Développer des solutions locales adaptées pour suivre l'évolution de l'aléa et réduire le risque,
- Créer un support technique pour les collectivités et un pôle transfrontalier de connaissances et d'expertises à destination des acteurs locaux et du public, permettant la mise à disposition d'informations adaptées et directement utilisables.
Le Cerema sera actif notamment pour la caractérisation des objets et des menaces au moyen d’une identification, d’un inventaire et d’une description des cavités souterraines et des objets souterrains. Il travaillera aussi sur la compréhension des mécanismes de ruine des objets concernés et la caractérisation des massifs seront, et jouera un rôle dans les échanges de bonnes pratiques portant sur l'évaluation et la cartographie des aléas de mouvements de terrain engendrés par les objets souterrains.
Plusieurs sites seront sélectionnés en France et en Wallonie pour expérimenter les méthodes. Enfin, une étude de l'endommagement des cavités souterraines soumises à l'influence des zones minières sous-jacentes sera menée par le Cerema et ses partenaires, notamment sur le site des anciennes carrières de la Malogne à Cuesmes (Mons), où a eu lieu la conférence de presse . Dans le cadre du projet, l'Ineris commence à poser des instrumentations de suivi des désordres à Lille.
Le projet RISSC réunit des institutions actives dans la caractérisation, la prévention et la gestion des risques du sous-sol en Wallonie et les Hauts-de-France : Institut Scientifique de Service Public (ISSeP), Cerema, Association des Communes Minières du Nord/Pas-de-Calais, INERIS[1], le Service Public de Wallonie : la Direction générale opérationnelle Agriculture et la DGO des routes et des bâtiments, direction de la géotechnique, la ville de Lille, la ville de Mons (Belgique) ; l’Université de Mons (génie minier), et l’Université de Lille 1 (labo de génie civile et de géo-environnement). Il bénéficie de financements européens (INTERREG et FEDER).
Ces organismes, acteurs de la prévention du risque ou de la gestion de crise, mutualiseront les besoins, mais aussi leurs méthodologies et leurs connaissances.
[1] Institut national de l'environnement industriel et des risques.