La mesure de la perméabilité à l'air de l'enveloppe des bâtiments ainsi que des réseaux de ventilation répond à des normes précises, et permet de compléter les informations sur la performance des bâtiments. Le Cerema a analysé les bases de données nationales qui regroupent l'ensemble des mesures effectuées sur les différents types de bâtiments.
Des bases de données nationales sur les mesures de perméabilité à l'air
Les mesures de la perméabilité à l’air de l’enveloppe des bâtiments et des réseaux de ventilation sont devenues aujourd’hui des indicateurs incontournables de la performance réelle des bâtiments. La réglementation thermique RT2012 et les labels Effinergie ont largement contribué à l’essor de ces mesures qui doivent être réalisées par des opérateurs reconnus compétents par le ministère en charge de la construction moyennant les qualifications professionnelles de mesurage Qualibat 8711 et 8721 (mesure de perméabilité à l’air de l’enveloppe des bâtiments et des réseaux aérauliques respectivement).
Ces mesures doivent être réalisées conformément à la norme en vigueur NF EN ISO 9972 et à son guide d’application associé FD P50-784 pour la mesure de l’enveloppe, et au FD E51-767 pour les réseaux de ventilation.
Dans le cadre de ces qualifications de mesurage 8711 et 8721, le Cerema assure la gestion et l’exploitation des bases de données nationales de mesures de perméabilité à l’air de l’enveloppe des bâtiments et des réseaux de ventilation. Ces deux bases de données sont constituées à partir des registres des mesureurs autorisés transmis annuellement par Qualibat au Cerema.
Bassam MOUJALLED, de l'équipe de recherche Bâtiments Performants dans leur Environnement, a restitué les résultats des analyses de ces deux bases de données à l’occasion de la 8 rencontre nationale des opérateurs de mesure autorisés. Cette rencontre organisée par Qualibat a eu lieu à Bordeaux le 27 février 2020 dans le cadre du salon professionnel AQUIBAT.
perméabilité à l’air de l’enveloppe des bâtiments
La base de données de mesure de la perméabilité à l’air de l’enveloppe des bâtiments a aujourd’hui plus de dix ans d’existence. Elle comporte près de 380 000 mesures réalisées sur tout le territoire. Les résultats montrent une forte hausse des mesures depuis 2015 avec l’application généralisée de l’exigence réglementaire de la RT2012 dans le résidentiel.
Depuis 2017, le nombre de mesures se stabilise autour de 80 000 mesures/an. La majorité des mesures sont réalisées dans les bâtiments neufs résidentiels sous l’effet de l’exigence réglementaire. Les principaux constats sont les suivants :
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Maisons individuelles : 232 076 mesures réalisées à réception dans les maisons individuelles avec la majorité des maisons mesurées (93 %) qui respecte l’exigence réglementaire (0,60 m3/(h.m²) pour les maisons individuelles). Depuis 2015, la perméabilité à l’air des maisons individuelles se stabilise en moyenne autour de 0,40 m3/(h.m²).
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Logements collectifs : 91 362 mesures réalisées à réception dans les logements collectifs majoritairement par échantillonnage. En considérant la perméabilité à l’air équivalente des bâtiments entiers, la quasi-totalité des bâtiments mesurés (98 %) respecte l’exigence réglementaire (1,00 m3/(h.m²) pour les logements collectifs). La perméabilité à l’air des logements collectifs montre une légère augmentation depuis 2015, avec en 2018 une médiane de 0,63 m3/(h.m²) contre 0,56 m3/(h.m²) en 2015.
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Bâtiments non résidentiels : 10 986 mesures à réception réalisées dans les bâtiments non-résidentiels, principalement dans les bâtiments de bureaux et d’enseignement. La majorité des bâtiments mesurés (92 %) est meilleure que la valeur par défaut de la RT2012 (1,70 m3/(h.m²) pour les bâtiments non-résidentiels). La perméabilité à l’air des bâtiments non-résidentiels montre une baisse significative depuis 2015, avec en 2018 une médiane de 0,46 m3/(h.m²) contre 0,70 m3/(h.m²) en 2015. A noter que les bâtiments non-résidentiels ne sont pas soumis à une exigence réglementaire. Ces mesures sont donc réalisées dans le cadre d’une démarche volontaire de prise en compte de la perméabilité à l’air. Elles ne sont pas représentatives de l’ensemble du parc des bâtiments non-résidentiels.
perméabilité à l’air des réseaux de ventilation
Concernant la mesure de perméabilité à l’air des réseaux de ventilation, la base de données est plus récente. Cette mesure n’étant pas soumise à une exigence réglementaire, le nombre de mesures dans cette base de données est beaucoup plus modeste que celle de l’enveloppe des bâtiments (environ 3 000 mesures). Les principaux constats sont les suivants :
- Maisons individuelles : elles sont majoritairement équipées d’un système de ventilation mécanique simple flux avec des conduits souples. Près de la moitié des réseaux aérauliques mesurés (48 %) obtiennent la classe A, et 12 % obtiennent une classe plus étanche.
- Logements collectifs : ils sont majoritairement équipés d’un système de ventilation mécanique simple flux avec des conduits rigides. Les résultats sont meilleurs que dans les maisons individuelles avec 49 % des réseaux aérauliques mesurés en classe A, et 26 % en classe plus étanche.
- Bâtiments non-résidentiels : ils sont majoritairement équipés d’un système de ventilation mécanique double flux avec des conduits rigides. Les résultats sont meilleurs que dans les bâtiments résidentiels ; 43 % des réseaux aérauliques mesurés en classe B (3 fois plus étanche que A) contre 26 % en classe A, et 15 % en classe C (9 fois plus étanche que A).
Il est important de souligner que ces résultats ne peuvent pas être extrapolés à l’échelle nationale au vu de la taille faible de l’échantillon.
Les résultats détaillés des analyses sont consultables à travers le support de présentation téléchargeable via le lien ci-dessous.
Une synthèse des analyses des deux bases de données est diffusée annuellement par le Cerema dans le cadre des journées nationales des opérateurs de mesures autorisés à la demande de Qualibat. Les bases de données sont également valorisées à travers des publications dans des conférences internationales et des revues scientifiques, ci-dessous une sélection des dernières publications :
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A. B. Mélois, B. Moujalled, G. Guyot, V. Leprince, Improving building envelope knowledge from analysis of 219,000 certified on-site air leakage measurements in France, Build. Environ. (2019). https://doi.org/10.1016/j.buildenv.2019.05.023.
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B. Moujalled, V. Leprince, A. Bailly Mélois, French database of building airtightness, statistical analyses of about 215,000 measurements: impacts of buildings characteristics and seasonal variations, in: Proc. 39th AIVC Conf. Smart Vent. Build., Antibes Juan-Les-Pins, France, 2018.
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B. Moujalled, V. Leprince, A. Bailly Mélois, Statistical analysis of about 1,300 ductwork airtightness measurements in new French buildings: impacts of the type of ducts and ventilation systems, in: Proc. 39th AIVC Conf. Smart Vent. Build., Antibes Juan-Les-Pins, France, 2018.