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Quelles sont les évolutions dans le positionnement du Cerema par rapport au domaine de la qualité sanitaire des bâtiments ?
Il y a quelques années, le Cerema travaillait plus sur les risques réglementés comme l’amiante ou le plomb par exemple. Aujourd’hui, le Cerema se positionne de plus en plus sur la qualité de l’air intérieur, suite à l’arrivée d’une réglementation récente sur certains.
Le Cerema a également connu une évolution en termes de positionnement : il travaillait beaucoup en appui technique aux services de l'État, tandis que maintenant, le Cerema se positionne de plus en plus sur la recherche et l’expertise auprès des collectivités ou de ces même services de l’État (DREAL /DDT, services centraux), voire d’autres ministères.
Quels sont les besoins que vous avez identifiés auprès des bénéficiaires du Cerema ?
Actuellement, les besoins portent essentiellement sur des questions réglementaires. Une réglementation encore récente concerne les écoles et les crèches, c’est-à-dire les établissements recevant des jeunes enfants de moins de 6 ans, et elle s’applique sur ces établissements depuis le 1er janvier 2018. Elle sera étendue à d’autres Établissements Recevant du Public dès 2020. Le Cerema traite beaucoup de questions là-dessus, de la plus petite question de compréhension à l’expertise sur un cas précis. Bien sûr, nous pouvons aussi être sollicités pour une expertise QAI, indépendamment de la réglementation.
De manière générale, on note une prise de conscience de la problématique « qualité de l’air intérieur », qui finalement est une question sanitaire et de santé publique que l’on avait tendance jusque-là à oublier puisque l’air ne se voit pas. On le respire, mais on le prend comme un bien acquis, neutre, alors qu’en réalité, il peut être gorgé de polluants. Or, bien respirer est aussi important que de bien boire et de bien manger.
Cette problématique de la qualité sanitaire et environnementale des bâtiments est-elle aujourd’hui aussi prise en compte dans les plans de rénovation du patrimoine immobilier ? Est Que c’est une thématique que l’on essaye d’inclure dans le fonctionnement à long terme des bâtiments ?
Cela commence, mais en France, nous en sommes encore aux balbutiements. Des collectivités territoriales commencent à être innovantes sur cette thématique qu’elles veulent prendre en compte au même titre que la thermique ou que l’acoustique. Elles veulent vraiment une prise en compte intégrée des différentes thématiques, des différentes problématiques du bâtiment.
Comme la qualité de l’air intérieur s’appuie sur une réglementation naissante et qu’il n’y a pas d’économie financière visible pour les maîtres d’ouvrage, c’est encore difficile de la prendre en compte de manière générale pour des petites collectivités. C’est souvent le parent pauvre par rapport à la performance thermique et la performance énergétique. Mais on note tout de même une nette évolution et qui va selon nous dans le bon sens.
Est que l'on a des exemples concrets de la manière dont le Cerema a pu accompagner des collectivités pour prendre en compte cette question de la qualité sanitaire et environnementale des bâtiments ?
Le réseau qualité sanitaire des bâtiments du Cerema se situe sur l’ensemble de la France, le Cerema a donc plusieurs exemples.
Je peux vous citer, en ce qui me concerne, deux références que je connais bien dans les Hauts-de-France.
Le Cerema a travaillé avec la Communauté Urbaine de Dunkerque qui voulait montrer l’exemple vis-à-vis des petites mairies qui devaient justement appliquer cette réglementation sur la qualité de l’air intérieur au 1er janvier 2018. Elle a voulu le faire sur quatre sites pour justement montrer qu’il était possible de l’appliquer, et pas forcément à des coûts exorbitants. On a appliqué la réglementation, on est même allés plus loin, et on a proposé un protocole d’application généralisé qui permet maintenant aux petites mairies d’appliquer la réglementation avec des coûts normalement maîtrisés.
Le deuxième exemple est avec la Ville de Lille avec qui le Cerema travaille depuis plusieurs années. Actuellement, le Cerema travaille avec eux sur le quartier Concorde, qui est un quartier à santé positive. La Ville de Lille veut intégrer les différentes thématiques du bâtiment, donc à la fois l’acoustique, la bonne qualité thermique mais aussi la qualité de l’air intérieur dans sa démarche de "santé positive" du quartier Concorde.
Je vous parle de l’objet bâtiment, et bien sûr il y aussi un gros travail de leur part sur l’objet urbain.
Les commanditaires, les bénéficiaires de l’expertise du Cerema ont-ils aussi évolué à travers le temps ?
Oui. Initialement, le Cerema travaillait essentiellement pour les services de l’État, par exemples les services centraux du Ministère ou les DREAL et DDT. Aujourd’hui le Cerema travaille toujours avec eux, mais en revanche le Cerema se tourne aussi, et de plus en plus, vers les collectivités territoriales, par exemple la Communauté Urbaine de Dunkerque ou la Ville de Lille que nous avons évoquées, mais aussi d’autres collectivités à travers toute la France, qui ont des besoins d’expertise pour appliquer correctement la réglementation à des coûts maîtrisés, ou encore pour résoudre un problème de qualité de l’air dans leurs bâtiments.
Il s'agit essentiellement de grosses métropoles et dont, les services techniques ne sont pas forcements encore aguerris à la thématique qualité de l’air intérieur. Ils gèrent leur patrimoine, ont des connaissances en thermique du bâtiment, certaines en acoustique. Par contre, sur la qualité de l’air intérieur, ils ont très souvent des besoins d’appui technique ou d’expertise. Le Cerema donne également des formations pour les services de l’État, dans le cadre des CVRH, et commence aussi à en donner aux collectivités, comme par exemple à la Communauté Urbaine de Dunkerque.