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Les trois outils réglementaires existants (zone 30, zone de rencontre et aire piétonne) proposent une graduation de l’apaisement. Mais le seul fait de mettre en place cette graduation de manière réglementaire au moyen de signalisations ne suffit bien souvent pas à faire évoluer les comportements des usagers. C’est pourquoi le Code de la route stipule que l’ensemble de la zone doit être aménagé de façon cohérente avec la limitation de vitesse applicable (article R110-2).
Un aménagement en lien avec la limitation de vitesse conduira à des comportements d’usagers adaptés et à l’atteinte des objectifs propres à chacune des zones. Le Cerema Centre-Est a développé une méthode pour permettre aux collectivités de procéder à un auto-diagnostic de leurs zones 30 et zones de rencontre en vue d’améliorer la cohérence de celles-ci et de les rendre plus efficientes.
Cette démarche d’évaluation constitue une aide à la définition des objectifs, des enjeux et des principes d’aménagement des zones de circulation apaisée sur un territoire. Mâcon est la première ville à avoir bénéficié de cette démarche, en 2023-2024.
Cohérence entre la forme de la voirie et le statut de circulation apaisée
Les zones de circulation apaisée sont un outil au service d’un projet de ville. Leur développement est le résultat d’un processus de réflexion sur l’organisation de la circulation, a minima sur un quartier, idéalement à l’échelle de la ville ou de l’agglomération. Cette réflexion prend ses bases sur un diagnostic des espaces de circulation du territoire et conduit, dans un premier temps, à l’élaboration du plan de hiérarchisation du réseau viaire puis, dans un second temps, à celle du plan de modération des vitesses.
La signalisation à elle seule ne se suffit pas pour apaiser les vitesses et l’espace public. C’est en mettant en adéquation l’espace public, dans sa forme, ses aménagements et son ambiance, avec le statut de zone apaisée que les objectifs de réduction de la vitesse et de pacification de la rue deviennent lisibles et compréhensibles aux yeux des usagers. L’usager doit en effet comprendre intuitivement les règles de circulation lorsqu’il circule dans la rue. Qu’il soit à pied, à vélo, en voiture ou autre, il doit être en mesure d’appréhender les règles de circulation et d’adopter un comportement approprié par la lecture immédiate de l’ambiance urbaine et de la forme de la voirie.
Ainsi, une cohérence la plus élevée possible entre la rue et le statut de circulation apaisée est à rechercher, tout comme une homogénéité de traitement à l’échelle du quartier, de la ville et de l’agglomération, et ce afin d’améliorer la lisibilité et la reconnaissance des aménagements par les différents usagers.
Démarche d’évaluation : principe et outils
Il s’agit de déterminer un niveau de cohérence par rue - et par extension du périmètre d’étude, à partir des réponses à un questionnaire renseigné in situ et d’un traitement de tableur basique.
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Le questionnaire interroge un ensemble de critères de réussite et d’indicateurs propres à chacune des zones. Il est élaboré à partir des objectifs des zones apaisées, rappelés sommairement ci-après :
- Rééquilibrer l’espace disponible dans la rue pour chaque usager,
Améliorer le confort et la sécurité de tous les usagers, notamment les piétons et les cyclistes, plus vulnérables,
Participer à la convivialité des espaces publics en proposant une mixité fonctionnelle (habitat, commerce, loisir) et attirant tout type de public,
Rendre les villes plus faciles à vivre,
Offrir un meilleur cadre de vie général aux habitants.
Ce questionnaire à dérouler in situ peut être renseigné numériquement sur smartphone ou tablette grâce à un outil libre de questionnaire en ligne, ou en version papier. Une aide à l’utilisation du questionnaire est fournie dans la notice méthodologique du diagnostic. Il est à noter que répondre aux différentes questions nécessite d’avoir des connaissances en aménagement de la voirie et des espaces publics.
Le tableur permet de rassembler l’ensemble des réponses aux questions en une base de données et de qualifier le niveau de cohérence de la rue avec son statut : très bon, assez bon, faible ou trop faible. Sur cette base, des statistiques simples peuvent être réalisées pour une approche à l’échelle du périmètre et par question.
Cet outil facilite par ailleurs l’import des résultats dans un logiciel SIG en vue de la production d’une cartographie des rues selon leur niveau de cohérence. Enfin il présente également l’avantage d’être pédagogique en apportant à ses utilisateurs des regards thématiques sur les zones apaisées diagnostiquées.