Depuis quelques années, une attention croissante est portée par les pouvoirs publics au sujet de la qualité de l’air intérieur notamment par la création en 2001 de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI). Les campagnes de mesures de l’air intérieur des logements, des bureaux, crèches et des établissements d’enseignement tendent à démontrer que l’air intérieur peut se révéler être pollué par des polluants spécifiques entraînant un risque sanitaire pour les occupants de ces lieux.
Evaluer l'efficacité d'un biofiltre en conditions réelles
Une réglementation issue de la loi Grenelle 2 relative à la surveillance obligatoire de la qualité de l’air intérieur dans certains Etablissements recevant du public (ERP) afin de limiter des concentrations en polluants est entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2018. Cette réglementation ne concerne pas encore les bâtiments du secteur tertiaire - bureaux.
La CUD est très engagée dans la lutte contre la pollution atmosphérique. Son Plan air climat énergie territorial (PCAET) recense les nombreuses actions à mettre en place afin de réduire les émissions de polluants atmosphériques notamment par des actes de sensibilisation et d’information auprès du public. Dans le cadre du Plan régional santé environnement (PRSE) une attention particulière est également portée aux problématiques de qualité de l’air intérieur.
De 2016 à 2017 la Communauté Urbaine de Dunkerque a mené le projet ISO-AIR sur l'évaluation des pratiques et la mise en œuvre d’actions d’amélioration pour un air intérieur plus sain dans les services de la communauté urbaine certifiés ISO 14001, pour lequel le Cerema a développé un protocole d’évaluation simplifié de la qualité de l’air pour l’ensemble du bâti de la collectivité.
La CUD a souhaité poursuivre ses actions de recherche et de développement en instrumentant dans ses locaux de la Halle aux Sucres un dispositif de biofiltration expérimenté en laboratoire en 2015 par l’incubateur technologique APUI intégré à l’IMT Douai.
L'objectif est de tester in situ le principe d’un mur dit à plantes dépolluantes via le système racinaire afin de faire progresser la prise en charge de la qualité de l’air intérieur au sein des bâtiments de la Communauté urbaine de Dunkerque. La mesure in situ de l’efficacité de la dépollution du dispositif n’a jamais été réalisée en conditions réelles d’utilisation, ce qui appuie le volet innovant de cette étude. En raison de la crise sanitaire, le début effectif de l'étude devrait avoir lieu en 2022 pour un objectif de fin d'étude en 2024.
Des campagnes de mesures pendant 2 ans
La CUD a fait appel au Cerema pour réaliser sur deux ans :
- des campagnes de prélèvements et d’analyses physico-chimiques (Composés Organiques Volatils notamment),
- des mesures acoustiques,
- des mesures de consommation électrique du dispositif,
- un diagnostic bâtimentaire comprenant entre autres des mesures de débit de ventilation. Le diagnostic bâtimentaire consiste en des mesures de ventilation dans deux salles où va être testé le biofiltre et à des périodes différentes dans l'année.
Le financement de l’étude est assuré à la fois par la CUD et le Cerema ainsi que par la DREAL des Hauts-de-France dans le cadre du PRSE 3.
Les mesures de Composés organiques volatils (COV) sont réalisées à l'aide de tubes passifs en utilisant à la fois des tubes spécifiques aux aldéhydes et des tubes adaptés aux autres COV à raison de 4 campagnes par an. Des mesures par balises Fireflies permettent de mesurer des paramètres de confort (CO2, température (T°), humidité relative (%HR), mais également des COV légers en équivalent formaldéhyde, des COV légers en équivalant toluène et des particules (PM).
Des mesures de moisissures seront également réalisées à l'aide d'un impacteur et de boîtes de pétri. Ce système permet la recherche et l'identification de moisissures ou de bactéries viables et cultivables en suspension dans l'air.