Dans un contexte de changement climatique, il est important d’encourager les initiatives et les démarches visant à développer les nouvelles solutions résilientes pour l’adaptation des maisons individuelles et des bâtiments en général, et l’atténuation de leurs vulnérabilités pour faire face aux défis climatiques à venir.
En 2020, encore une fois, nous venons de connaître un été plus chaud et plus sec, qualifié par Météo France comme étant le plus sec depuis au moins 1958.
Un coût important lié à la sécheresse
En 2019, la sécheresse est classée 1er risque naturel en termes de coûts des dommages engendrés, évalués entre 600 et 870 M€ par la Caisse Centrale de Réassurance (CCR), et un tiers du territoire français touché.
La tendance actuelle ne risque pas de s’inverser à l’avenir dans le contexte du changement climatique, avec d’ores et déjà plus de 5600 demandes de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle "Cat-Nat" sécheresse 2019 traitées à ce jour, dont 47% sont favorables (les cinq arrêtés Cat-Nat sécheresse 2019 parus au JORF en 2020 sont disponibles ici [1], [2], [3], [4] et [5]).
A long terme, les projections illustrent cette tendance à travers une augmentation du coût cumulé de l’assurance en sécheresse de +162% sur la période de 2014 à 2039.
Quelles solutions de remédiation
Si pour les nouvelles constructions de maisons individuelles (MI) et l'achat de terrains constructibles, un arsenal législatif est prévu par l’article 68 de la loi Elan et ses arrêtés d’application afin de réduire la sinistralité liée à la sécheresse, beaucoup à faire pour les maisons individuelles existantes, en particulier très vulnérables, estimées à 4,3 millions.
En effet, les arrêtés définissant le contenu des études géotechniques obligatoires, le zonage associé et les techniques particulières de construction ont été publiés cet été :
- Arrêté du 22 juillet 2020 définissant le contenu des études géotechniques à réaliser dans les zones exposées au phénomène de mouvement de terrain différentiel consécutif à la sécheresse et à la réhydratation des sols, paru le 06/08/2020;
- Arrêté du 22 juillet 2020 définissant les zones exposées au phénomène de mouvement de terrain différentiel consécutif à la sécheresse et à la réhydratation des sols argileux, paru le 09/08/2020;
- Arrêté du 22 juillet 2020 relatif aux techniques particulières de construction dans les zones exposées au phénomène de mouvement de terrain différentiel consécutif à la sécheresse et à la réhydratation des sols, paru le 15/08/2020.
De plus, le nouveau NF DTU 13.1 a été publié en septembre 2019 et propose les clauses types de spécification de mise en œuvre pour les travaux de fondations superficielles et semi-profondes et remplace les deux normes homologuées DTU 13.11 (juin 1997) et DTU 13.12 (mars 1988).
1. Les solutions classiques
De nombreuses techniques de traitement et de réparation des désordres dus à la sécheresse existent et sont plus ou moins lourdes en termes de mise en œuvre et de coût de réalisation. Le guide 3 de l'Ifsttar (juillet 2017) propose une synthèse de ces techniques et leurs limites d'utilisation, classées selon l'élément traité de la maison et son environnement.
Ce guide donne également quelques ordres de grandeur de coûts de ces techniques, à titre indicatif, qui correspondent à des coûts moyens en 2015 (cf. tableau ci-dessous).
Béchade (2014) dresse, dans son livre intitulé "La pathologie des fondations superficielles", une série de travaux courants de reprise de sinistre sécheresse sur une maison et son environnement.
2. La solution MACH (MAison Confortée par Humidification)
Le Cerema, labellisé Institut Carnot Clim’adapt, s'implique avec l'ensemble acteurs et parties prenantes, dont les assureurs, les experts et les professionnels de la construction en faveur de l’adaptation au changement climatique par la recherche appliquée et l’innovation.
MACH est une expérimentation à l’échelle 1 lancée par le Cerema, depuis fin 2016, pour développe une solution innovante et écologique pour le confortement des maisons individuelles affectées par la sécheresse.
Le principe de la solution MACH est de réaliser des humidifications contrôlées du sol de fondation, argileux plastique, pendant la période de sécheresse avec les eaux de pluie, récupérées et stockées en amont. L’action d’humidification dépend de la mesure continue de la succion du sol.
L’objectif est de tenter de maîtriser la propagation des fissures existantes et d’empêcher l’amorce et la propagation de nouvelles fissures.
Le 26 octobre 2020, le Cerema a reçu le 1er Prix dans la catégorie « Prix Spécial Innovation » pour la solution MACH [17], parmi les 23 projets candidats à la 1ère édition des Trophées Bâtiments Résilients co-organisée par la Mission Risques Naturels (MRN), qui fête ses 20 ans, l’Agence Qualité Construction (AQC) et Construction 21 avec le soutien de la Fédération Française de l'Assurance (FFA) et du Ministère de la Transition Écologique et Solidaire (MTES).
Ressources bibliographiques et liens utiles
- Projet ARGIC "Analyse du Retrait-Gonflement et de ses Incidences sur les Constructions" (2009)
- Projet ARGIC 2 – Rapport scientifique à 18 mois (2012)
- Guide 1 Retrait et gonflement des argiles "Caractériser un site pour la construction" (2017)
- Guide 2 Retrait et gonflement des argiles "Protéger sa maison de la sécheresse" (2017)
- Sécheresse géotechnique "De la connaissance de l’aléa à l’analyse de l’endommagement du bâti" (2018)
- Étude "Impact du changement climatique sur l’assurance à l'horizon 2040" (2015)
- Lettre d'information de la MRN n°30 (2019)
- Lettre d'information de la MRN n°32 (2020)