1 octobre 2024
Ville de Sorède
Ville de Sorède
Sorède, petite commune d’environ 3500 habitants située dans les Pyrénées-Orientales, a choisi en 2017 d'abaisser à 30 km/h la vitesse générale en ville. Cette initiative prolonge des mesures préalablement mises en place dès 2010 pour modérer la vitesse en cœur de ville et dans d'autres zones stratégiques. Elle comprend outre la limitation de vitesse, un ensemble de mesures destinées à améliorer les déplacements des modes actifs et à encourager des alternatives à l'usage individuel de la voiture.
Yves Porteix, maire de la commune, explique les motivations à l'origine de cette décision, les actions concrètes mises en place et les résultats obtenus.


Ives Porteix,
Maire de Sorède

 


 

QUESTION : La généralisation du 30 km/h vise à améliorer la sécurité des usagers et la qualité de vie en ville, tout en ayant des effets bénéfiques sur la santé et l'environnement en encourageant notamment les mobilités actives. Votre collectivité a choisi de devenir une ville 30 en 2017. Quelles motivations ont guidé cette décision ? Aviez-vous auparavant déjà instauré des zones de circulation apaisée (zones 30, zones de rencontre, aires piétonnes) ?

La commune de Sorède a généralisé la limitation maximale de vitesse à 30km/h à tout son périmètre urbain en 2017.

Cela est apparu comme une suite logique des actions engagées dans le cadre de l’Agenda 21 local, labellisé en 2010 par le comité national, et dont la première action phare fut l’élaboration d’un schéma de déplacements pour les modes actifs. L’objectif était de lutter contre l’usage exclusif de la voiture, pour des raisons liées aux enjeux environnementaux et sociaux.

Sorède avait déjà mis en œuvre une zone de rencontre dans le cœur du village dès 2010. Le périmètre de cette zone a ensuite été augmenté progressivement, avec la réalisation d’aménagements spécifiques. Certaines rues ont également été limitées à 30km/h. Enfin, les abords des écoles ont été transformés en aires piétonnes pendant les heures d’entrée et de sortie des élèves.

L’extension de la limitation de la vitesse à 30 km/h à toute la commune (à l’exception des zones de rencontre du cœur historique, qui restent elles limitées à 20 km/h) a donc été une étape supplémentaire dans notre volonté d’apaiser la circulation.

Zone de rencontre en centre-ville
Zone de rencontre en centre-ville.

 

QUESTION : Comment avez-vous mis en œuvre cette mesure sur le plan technique ? Quels ont été vos choix d’aménagement de l'espace public (réduction des largeurs de voirie, ralentisseurs…) en complément des obligations légales et réglementaires relatives à la signalisation du 30 km/h ? Avez-vous mis en place des outils de contrôle ou de verbalisation du 30 km/h ?

Au-delà des panneaux réglementaires, la commune a accompagné cette évolution par des dispositifs de ralentissement de la circulation motorisée : 

  • installation de ralentisseurs (coussins) sur les deux artères qui traversent Sorède de Nord au Sud ainsi que dans les rues principales de la commune ;

  • mise en place d’écluses et aménagement de chicanes dans des rues secondaires ;

  • rétrécissements de chaussée par l’aménagement de cheminements piétons ou cyclables.

La commune s’est également équipée d’outils de contrôle (cinémomètre et radar pédagogique) tout en étoffant son service de police municipale.

 

Dispositifs de ralentissements et contrôles par la police.
Dispositifs de ralentissement et contrôles de vitesse par la police.

 

 

QUESTION : Est-ce que cette généralisation du 30 km/h s’est accompagnée d'autres mesures favorables à l'abaissement des vitesses et au report de la voiture individuelle vers les modes actifs ou d’autres services de mobilité collectifs ou partagés ?

Le passage en ville 30 n’a pas été conçu comme une mesure spécifique et unique de généralisation du 30 km/h. Il intègre toute une démarche d’amélioration des déplacements à l’intérieur de la commune.

C’est pourquoi, ce dispositif coexiste avec d’autres mesures comme :

  • le maintien de deux zones de rencontre dont les caractéristiques permettent d’être plus restrictif et de faire une place plus importante aux autres modes de déplacement ;

  • l’aménagement et l’installation d’équipements permettant les modes de déplacements alternatifs à la voiture : zone multimodale, pistes cyclables, cheminements piétons ;

  • la mise à disposition d’une navette communale gratuite les jours de marché ;

  • l’allocation d’une prime pour l’acquisition de vélos à assistance électrique.

 

Mesures favorables au report modal.
Des arceaux vélo, des pistes cyclables, une aire de covoiturage multimodale ...,  pour favoriser le report vers les modes actifs et diminuer l'autosolisme.

 

QUESTION : Les compétences techniques, juridiques et administratives nécessaires à la généralisation du 30 km/h existaient-elles déjà en interne ? Des partenaires extérieurs ou bureaux d'études vous ont-ils accompagnés ?

Nous avons été bien assistés par les services du Cerema qui nous accompagnent depuis plusieurs années, et notamment l'agence Montpellier de sa nouvelle direction territoriale Occitanie. Les aménagements ont été réalisés avec l’assistance de maîtres d’œuvre, et l’aide financière de l’Etat, de la Région et du Département des Pyrénées-Orientales.

 

QUESTION : Quelles actions de communication avez-vous mis en place pour faire connaître ces évolutions et accompagner la démarche ? Comment la population, et plus généralement les usagers, ont-ils accueilli la généralisation du 30 km/h au moment de sa mise en place ? Les avis ont-ils évolué depuis ?

Nous avions consulté les Sorédiens dans le cadre de l’Agenda 21, en organisant des ateliers et des réunions. 

De plus nous les avons informés et sensibilisés par le biais de nos publications régulières (magazine annuel ou bimensuel) ainsi que lors des réunions portant sur les projets d’aménagements. 

Le respect de la limitation de la vitesse repose sur la compréhension que la voie publique est un espace partagé entre tous les usagers, y compris les plus vulnérables, tels que les piétons et les cyclistes trop souvent négligés par le passé. Cette prise de conscience permet aux automobilistes, motocyclistes et autres conducteurs de véhicules motorisés de mieux saisir l’importance de réduire leur vitesse pour assurer la sécurité de tous ainsi que la convivialité des lieux de vie.

Ainsi, à travers les initiatives du conseil municipal des enfants et le conseil municipal des jeunes, nous sensibilisons les administrés en organisant des évènements festifs, tels la 2ème journée du vélo en mai 2024.

Enfin, nous les avons sollicités en créant un comité de déplacement ouvert, chargé de travailler sur les points à améliorer dans les déplacements.

Le 30km/h n’a pas été remis en question par les Sorédiens.

Parade à vélo.
Parade à vélo.

 

QUESTION : Quel bilan dressez-vous de la généralisation du 30 km/h ?

Concernant l’aspect chiffré, les aménagements réalisés semblent produire leurs effets puisque la vitesse a globalement baissé, pour se rapprocher à quelques points près de 30 km/h.

En effet, l’analyse issue des données du radar pédagogique a démontré que la vitesse automobile est généralement comprise entre 30km/h et 45 km/h. Rares sont les excès de vitesse au-delà.

Concernant l’aspect qualitatif, la culture du « tout-voiture » a cédé la place à la culture d’une circulation apaisée et multimodale. 

Ce changement est tout d’abord visible chez les conseillers municipaux qui intègrent désormais cet objectif dans chaque projet d’aménagement. Cela se traduit par la réservation d’espaces dans le plan local d’urbanisme pour des cheminements piétonniers ou cyclables, ainsi que par des aménagements de réduction de vitesse lors de travaux de réfection de chaussée, entre autres initiatives. 

Il concerne également les usagers de la voie publique qui demandent de plus en plus des aménagements comme les chicanes, ou les plateaux surélevés, pour contraindre les vitesses pratiquées.

Au-delà de cette évolution positive, il est important de souligner que la voiture reste bien souvent encore indispensable pour les déplacements quotidiens dans les communes périurbaines comme Sorède. C’est pourquoi il faut continuer de prévoir des poches de stationnement et renforcer autant que possible l'offre de transports collectifs. 

Afin de promouvoir les modes actifs, la commune de Sorède donne une subvention à l’acquisition de vélos à assistance électrique qui permettent des trajets plus long. De plus, Sorède a sollicité le Département pour aménager des pistes cyclables entre les communes, afin de favoriser le trajet à vélo en toute sécurité, notamment vers le collège situé à Saint-André.

 

Centre-ville
Centre-ville