Interview de Bertrand Dépigny, SYTRAL Mobilités
Directeur de la stratégie territoriale
Le SYTRAL est devenu SYTRAL Mobilités au 1er janvier 2022. Quelles sont ses nouvelles missions ?
Le SYTRAL, créé en 1985, a beaucoup évolué au fil des ans et des réformes. Depuis le 01/01/2022, il est devenu un établissement public local, en lieu et place de l’ancien syndicat mixte. Il a changé de nom et est devenu « SYTRAL Mobilités ».
C’est maintenant l’autorité organisatrice des mobilités des territoires lyonnais. Celle-ci associe la Métropole de Lyon, les communautés d'agglomération Villefranche Beaujolais Saône et de l'Ouest Rhodanien, les 9 communautés de communes du département du Rhône ainsi que la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle couvre ainsi un bassin de mobilité élargi desservant 263 communes sur un territoire de plus d’1.8 million d’habitants.
SYTRAL Mobilités organise les services de transports collectifs, de transport à la demande et de transports scolaires sur son ressort territorial, ainsi que la liaison ferroviaire entre Lyon et l’aéroport Saint-Exupéry (Rhônexpress). Il est également compétent pour :
- coordonner les services de mobilité organisés sur son ressort territorial;
- mettre en place un système d’information à l’intention des usagers portant sur l’ensemble des modes de déplacement ;
- mettre en place un système de tarification coordonnée permettant la délivrance de titres de transport uniques ou unifiés ;
- définir sa politique tarifaire et fixer les taux de versement mobilité (impôt payé par les entreprises implantées sur le ressort territorial) ;
- planifier sa politique de mobilité, en élaborant avant le 31 décembre 2024 un plan de mobilité, qui sera ensuite décliné par chaque membre en plans locaux de mobilité avec l’appui méthodologique de Sytral Mobilités ;
- fournir une assistance technique à ses membres.
Les membres de SYTRAL Mobilités sont quant à eux compétents pour organiser des services de mobilité active, partagée et solidaire.
Depuis le 01/01/2022, le SYTRAL est devenu un établissement public local. Il a changé de nom et est devenu SYTRAL Mobilités.
Quelles sont les premières conséquences concrètes du changement de périmètre et de statut de SYTRAL Mobilités ?
L’unification des anciens services et réseaux gérés par SYTRAL en un seul réseau est un objectif fort fixé par les élus. Cette unification s’accompagnera de la mise en place, actuellement à l’étude, de principes tarifaires homogènes et d’un système d’information unique sur l’ensemble du périmètre de SYTRAL Mobilités. Ce sont des évolutions indispensables pour améliorer la lisibilité de l’offre et son efficience globale.
Dans ce but, depuis 2021, un important travail de recensement de l’offre existante et de concertation avec chaque membre a été réalisé, pour déterminer les services à transférer à SYTRAL Mobilités et ceux restant sous la compétence des collectivités.
Différents scénarios d’offre ont ensuite été construits et évalués, pour comparer les bénéfices en termes de services rendus aux usagers et les coûts associés. Ce travail nous permet de choisir le meilleur scénario et de définir le calendrier de déploiement.
L’unification des anciens services et réseaux gérés par SYTRAL en un seul réseau est un objectif fort fixé par les élus.
Comment avez-vous utilisé l’évaluation pour construire ce futur réseau unique de transports collectifs de SYTRAL Mobilités ?
La démarche d’évaluation permet de décider de manière éclairée sur quel levier agir et dans quelle proportion. Par exemple, un budget a été alloué pour développer l’offre sur certains axes (amélioration des fréquences de passage, aménagements pour améliorer la circulation des bus, etc.). Il était alors intéressant de construire et d’apprécier différents scénarios au regard d’hypothèses de fréquentation et de coûts de fonctionnement attendus, corrélés aux scénarios de financements (évolution du taux du versement mobilité ou de la tarification). La construction de ce projet de réseau unifié s’est déroulée en étroite association avec les territoires membres, au cours de réunions régulières avec les élus locaux. SYTRAL Mobilités souhaite renforcer cette habitude de partage des éléments d’évaluation des politiques publiques pour éclairer les élus sur les décisions proposées au vote de son conseil d’administration (constitué de 37 élus issus des collectivités membres et du président).
La démarche d’évaluation permet de décider de manière éclairée sur quel levier agir et dans quelle proportion.
Au-delà de cet exemple concret, comment pouvez-vous décrire les perspectives d’usage de la démarche d’évaluation par SYTRAL Mobilités ?
SYTRAL Mobilités souhaite mobiliser l’évaluation essentiellement à trois niveaux :
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La démarche d’évaluation doit avant tout aider les élus à prendre leurs décisions, grâce à un apport accru de connaissance sur les effets des projets et des politiques mis en œuvre par SYTRAL Mobilités et ses membres.
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Elle permet également d’améliorer l’assistance technique apportée aux membres, grâce à la réalisation au fil de l’eau de suivis sur les actions mises en place (évaluation in itinere).
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Les retours d’expérience (évaluation a posteriori) nourriront aussi les réflexions et les projets portés par certaines directions de SYTRAL Mobilités, par exemple le développement du réseau de tramway ou l’évolution de la politique tarifaire, par la mise en évidence d’écueils et de bonnes pratiques.
Dans cette perspective, SYTRAL Mobilités envisage d’étoffer ses équipes techniques sur les questions d’évaluation.
La démarche d’évaluation pourra également alimenter les instances de concertation mises en place par les élus de SYTRAL Mobilités : le comité des partenaires, une instance de dialogue mise en place par la LOM qui se réunit une fois par an, et les 4 comités territoriaux de mobilité. A terme, ces comités de mobilité ont pour ambition d’aller au-delà de la concertation réglementaire et d’impliquer davantage les élus ainsi que les associations d’usagers et d’employeurs dans l’élaboration des futurs projets structurants de SYTRAL Mobilités.
La démarche d’évaluation pourra également alimenter les instances de concertation mises en place par les élus de SYTRAL Mobilités.
SYTRAL Mobilités avec l'aide du Cerema et d’Egis Rail, ses chefs de projets à l’évaluation socio-économique des projets de transports : quel bilan faites-vous de cette formation ?
Cette formation s’est déroulée en 2021, en amont de l’élaboration des évaluations socio-économiques des projets de tramway et de BHNS du plan de mandat 2021-2026 de SYTRAL Mobilités. Elle a permis de rappeler aux chefs de projet les enjeux et le contenu de ce type de démarche et d’en présenter les évolutions récentes.
Elle a participé à la production d’évaluations socio-économiques de qualité et uniformes pour les projets du mandat. En complément, elle a été un préalable à un travail avec le Cerema, dans le cadre d’un marché de R&D, pour étudier et mettre en œuvre des évolutions méthodologiques dans l’évaluation afin de mieux prendre en compte les effets des projets locaux de transports en commun et de crédibiliser les évaluations socio-économiques des projets ainsi que leurs bilans.
Sur les projets d'extension des lignes tramway T6, T9 et T10, vous avez avec l'appui du Cerema, analysé les gains potentiels d'accessibilité aux services (médicaux, scolaires). En quoi ce type d'évaluation vous a été utile ?
Dans le cadre de l’évaluation socio-économique d’un projet de transport en commun urbain, la seule analyse des gains de temps ne permet pas d'estimer l’amélioration de l’accessibilité pour les quartiers desservis. L’évaluation d’accessibilité territoriale réalisée par le Cerema a permis de produire des cartographies permettant au grand public de se représenter visuellement les gains d’accessibilité à deux types de services : les médecins généralistes d’une part, les collèges et lycées d’autre part.
Les cartographies, insérées dans les dossiers d’enquête publique, permettent d’identifier les secteurs du projet où l’évolution d’accessibilité est la plus forte. Elles sont un outil visuel complémentaire aux éléments chiffrés de l’analyse des effets des projets.
Dans le cadre de l’évaluation socio-économique d’un projet de transport en commun urbain, la seule analyse des gains de temps ne permet pas d’estimer l’amélioration de l’accessibilité pour les quartiers desservis.
Merci !